QUEL JEU JOUE ERDOĞAN ?
(Luc Sommeyre)

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Sous l’article de Guillaume Faye intitulé La guérilla ethnique a commencé, papier brillant argumenté de raison et étayé par le ressenti de toute personne clairvoyante, j’avais placé une vidéo d’un blogueur sympathique : Aldo Sterone, à l’analyse souvent pertinente. Ce dernier y développe une thèse a priori très plausible (je n’ai pas dit “impossible”) : celle du « Monstre Erdoğan » se heurtant à « Groβ Merkel » et au gouvernement néerlandais, menaçant l’Europe d’ouvrir la cage aux migrants comme si nous en étions dépourvus.


Le Monde bascule

Le principe « binaire » qui régit l’univers apparaît aujourd’hui de plus en plus clairement. Personne n’ignore que la lumière du jour occulte souvent les mystères de la nuit.

Imaginez une autre hypothèse que celle développée par Aldo Sterone. Hypothèse reprise pourtant par la quasi-totalité de l’opinion publique européenne. La vôtre peut-être. Imaginez une théorie diamétralement opposée. La face cachée de la géostratégie mondiale. Presque inconcevable.

Nos compatriotes ont la mémoire courte

Reportez-vous au 24 novembre 2015, le jour où un SU-24 russe a été abattu par un F-16 turc dans le ciel syrien. Vladimir Poutine monta en fureur. Mais brusquement… arrêt sur image.

Remontons d’un siècle et transportons-nous à Sarajevo, dans ce que les Occidentaux appellent sans honte « l’ex-Yougoslavie » ne craignant pas de remuer le couteau dans une plaie qu’ils ont eux-mêmes ouverte. Le 24 octobre 1914, l’archiduc François-Ferdinand et la duchesse de Hohenberg son épouse, sont assassinés par Gavrilo Princip, nationaliste serbe. S’en suivit aussitôt la première catastrophe polémologique de tous les temps, la Première Guerre Mondiale, dont les instigateurs n’attendaient qu’un élément déclenchant pour la faire éclater.

Mais là, au plus fort de la tension entre la Fédération de Russie et l’OTAN… rien.

Pourquoi ? – Les russes ne possèdent pas seulement l’une des armées les plus puissantes du monde (qui aurait très facilement mis à genoux la Turquie avant qu’Obama et Grosse Merkel [1] aient pu réagir) mais aussi le plus efficace des services de renseignement extérieur de la planète : le « SVR ». Si secret que vous en ignoriez même le nom [2] ! La manipulation d’une bonne partie de l’état-major de l’armée turque par la CIA de l’époque leur apparu rapidement. Instruit des rapports secrets du SVR, Poutine a abaissé son arme. Mieux : un an après, le 10 octobre 2016, il signa avec Erdoğan le projet TurkStream (gazoduc sous la Mer Noire) mis à jour en 2014, épouvantail économico-financier pour la Clinton Foundation & Co.

Telle que vous imaginez la personnalité de Vladimir Poutine, vous vous attendiez logiquement à la destruction de bases militaires turques ou à un blocus du Bosphore par le Pierre-le-Grand [3] et le porte-avions Amiral-Kouznetsov, n’est-ce pas ? Eh bien non !

Alors ? Les russes auraient-il fait leur deuil du casus belli « SU-24 », si évident pour une grande partie de l’opinion internationale qu’elle l’aurait admis comme légitime ? Ou tout simplement, ne veulent-ils pas déclencher la Troisième Guerre Mondiale ? Je penche plutôt pour la seconde hypothèse.

Scoop

En octobre 2016, Poutine et Erdoğan ont même envisagé la livraison par la Russie à l’armée turque des redoutables missiles sol-air S-400 Triumph (code OTAN : SA21-Growler) qui ne seront évidemment pas intégrés aux systèmes de défense de l’OTAN.

La Maison Blanche, le Kremlin et la Sublime Porte

La Turquie est membre de l’OTAN depuis 1951.
Ces dernières années, Obama-le-Sombre s’accommodait fort bien de cet allié politiquement un peu encombrant mais stratégiquement si utile, et fermait les yeux sur les trafics de pétrole brut d’Ankara qui renforçaient le trésor de guerre de Daesch (les « mauvais » islamistes). Ma foi, les turcs ne soutenaient-ils pas parallèlement feu le Front al-Nosra [4] (les « bons » islamistes) qui avait endossé le treillis d’al-Qæda, groupe fondé par Osama bin-Laden, agent de la CIA ? Tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes mondialisés.

Mais dites-moi… Il doit s’en être passé, des choses, depuis le 24 novembre 2015 ! (Depuis l’incident du SU-24.) Pas sûr qu’on ait coupé la ligne téléphonique entre Moscou et Ankara. Par contre, jusqu’en janvier 2017, il y avait de la friture sur celle qui reliait la Maison Blanche à la Sublime Porte.

Comme d’habitude, à chaque fois qu’un évènement essentiel de l’histoire du monde ne produit pas les effets escomptés, le Système devient aphone, sachant que l’opinion publique ne s’intéresse qu’à ce qui lui est présenté à l’instant et oublie prestement ce qui la passionnait hier. La Voix du Minotaure s’est tue. Silence-radio.

Même l’assassinat de l’ambassadeur Andreï Karlov à Ankara le 19 décembre 2016 par Mevlüt Mert Altıntaş (agent du mouvement de Fetullah Gülen [5]) n’a pas perturbé le réchauffement climatique Moscou-Ankara.

La brochette des Mondialistes

Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais peut-être que la date du 20 janvier 2017 vous dit quelque chose.

« Le Jour d’Après » Satan avait pris un méchant coup de napalm sur le nez. Prises de panique, les hyènes sont sorties des fourrés enflammés. Poutine lui avait pourtant bien montré le chemin de sa maison de retraite, mais Grosse Merkel était encore noyée dans les nimbes d’une illusion tenace où tournoient lentement les moulins-à-vent de Hollande tels les fantômes d’un rêve qui s’enfuit. Par dépit, elle s’essaya à charmer Trump. Las ! Son charmant minois n’a pas ému Donald… Melania n’eut même pas à planter un talon-aiguille dans sa bedaine, elle se dégonfla toute seule. Comme une baudruche. Hillary quant à elle, s’est échappée de son service de neurologie préféré pour rejoindre Soros qui revenait d’une croisière sur le Styx.

Finalement, voyez-vous, les maîtres finissants du Mondialisme m’inspirent presque de la pitié…

MAIS ATTENTION QUAND MÊME !
Satan développe des moyens colossaux pour installer #LePionMacron sur le trône élyséen (primordial pour la pérennité de son Union Européenne) et possède toujours de terribles capacités de nuisance. Terrassée par l’Archange, la Bête se débat avec une violence inouïe. Et rien n’est plus dangereux qu’un homme armé qui a peur… Prions les Dieux que Saint-Michel tienne sa lance fermement, bien enfoncée dans les entrailles putrides du Malin.

Erdoğan : allié-ennemi ou ennemi-allié ?

À la demi-finale du tournoi mondial, nous y sommes. Les parties sont passionnantes. Le Sultan est un excellent joueur. Poutine aussi. Obama, du camp des Noirs, a été éliminé en quart-de-finale par le champion du camp des Blancs. (Ça n’est pas moi qui ait défini la couleur des pièces modernes du roi des jeux inventé en Inde 3.000 ans avant notre ère par Sissa, fils du Brahmane Dahir, à la cour du Roi Belkib.)

Soufflant habilement le froid et le chaud, Erdoğan vient lui-même d’annuler les meetings programmés en Allemagne d’ici au referendum turc du 16 avril.

Les européïstes du clan Merkel se tiennent la tête entre les mains. Erdoğan a laissé prendre son Fou pour mettre la Reine en échec [6]. Le « camp des Noirs » s’apprêtait déjà à reconsidérer sa stratégie migratoire, cédant à un début de panique de l’opinion publique. Opinion publique que, quelle que soit sa vision élitique et antipopulaire, il ne peut se mettre à dos.

Les Noirs ne verront pas venir le coup suivant.

Les stratèges de « notre camp » (le camp des Blancs) ont compliqué les règles déjà si subtiles du jeu d’échec en y ajoutant celles du billard carambole dit billard français à trois billes. Les coups sont désormais portés par la bande

Poutine a compris le coup SU-24 et a percé la stratégie de l’adversaire. Il a perdu un pion et tient toujours Erdoğan pour civilement responsable des actes de l’équipe turque. Aussi, en contrepartie (pardonnant sans oublier) a-t-il prié le Sultan d’accepter un marché que ce dernier n’a pu refuser : celui de déstabiliser psychologiquement l’équipe sponsorisée par la Clinton Foundation, qu’il devait avoir comme adversaire ultime en finale du tournoi.

Ça, c’était avant le 20 janvier. Aujourd’hui, des corrections de trajectoire s’opèrent progressivement. La demi-finale n’est pas encore terminé. Mais la partie est captivante.

Cette analyse, bien sûr, n’engage que Votre Serviteur.

Luc Sommeyre

[1] L’évocation du pachyderme femelle représente pour moi la caste européïste dans son ensemble, dont elle est l’égérie.
[2] Le Федеральная служба безопасности Российской Федерации (plus connu sous son acronyme « FSB ») est le service de renseignement intérieur de Russie, un peu comme le FBI aux USA ou la DGSI en France.
[3] Croiseur lance-missiles à propulsion nucléaire remis en service en 2009.
[4] Dont Fabius disait qu’ils faisaient « du bon boulot en Syrie ».
[5] Le PDY/FETÖ dit Gülen Hizmet (~ Service Gülen) hébergé depuis 1990 aux USA (voir Tancrède Josseran « Où va la Turquie ? », Conflits, N° 12, janvier-mars 2017, pp. 59-60 où sont établies les relations entre le Gülen Hizmet et une branche de la CIA. Comme par hasard, le journaliste américain Gersh Kuntzman du New York Daily News, édition du 20/12/2016, avait justifié l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara en le comparant à un nazi !) Le FETÖ a été accusé par Ankara d’avoir fomenté le coup d’état avorté (15 juillet 2016). Des éléments de l’armée de l’air turque agents de ce Service furent à l’origine de l’attaque du SU-24, ayant pour objectif de faire se déclarer un conflit terrible où les Américains seraient apparus comme « défenseurs de l’Occident »… et des Droits de l’Homme pendant qu’on y est (bis repetita placent !), position éminemment plus confortable que celle de « l’agresseur », rôle qu’ils voulaient faire jouer par Moscou.
D’où la purge décidée par Erdoğan.
Là, on commence à comprendre…
[6] Martin Schulz s’en frotte déjà les mains, mais risque aussi d’être emporté par la vague.