VALSE TRISTE A MARSEILLE… (par Maurice D.)

Quand on est trop gourmand, ça se termine par de l’Alka Seltzer. C’est ce qui est arrivé à Marseille à Manu-le-Barceloni*, Nanard-le-cher-bourgeois et Najat-de-Béni-Chiker**. Ils venaient la queue en trompette allumer un contre-feu aux affaires qui ravagent la réputation du quai des Orfèvres, avec des chiffres de criminalité et de délinquance en baisse, soigneusement sélectionnés et centrés sur les quartiers du centre-ville marseillais où, c’est statistiquement vrai, Madame a 30 % de probabilité en moins de se faire arracher son collier et Monsieur de se faire planter un couteau dans le ventre en sortant de la FNAC.

Les dealers de la Castellane ont voulu leur rappeler qui tient le terrain et qui commande à Marseille.

Ce faisant, ils ont donné à la sénatrice PS des quartiers nord, Samia Ghali, l’occasion de contester l’optimisme du Premier Ministre et des ses deux collègues, furieuse que la visite gouvernementale à Marseille ne soit finalement qu’une exhibition de biceps de part et d’autre.
“Voyez comme je suis fort et énergique, j’ai réduit la délinquance de 30 % à Marseille” disait l’un,
“Tiens, fume, c’est toujours nous les patrons” lui ont signifié les autres.

Notez l’absence du maire Jean-Claude Gaudin et de la sénatrice Samia Ghali, ils doivent aujourd’hui se féliciter de ne pas avoir participé au one-man-show du ministre

C’est ce qu’ont confirmé plusieurs témoins, des habitants de la Castellane, interrogés par les journalistes. À 10 h 30, les flics étaient en bas, à l’entrée de la cité, positionnés juste pour contrôler qu’aucun trublion de la cité n’en sortirait pour aller perturber le show ministériel.

Les jeunes ont tiré des rafales en l’air pour les attirer et les policiers sont tombés dans le piège. À vrai dire, ils ne pouvaient pas faire autrement, des habitants de la cité ayant téléphoné partout, mairie, commissariats, élus, pour alerter, il fallait y aller.

Le Directeur départemental de la sécurité publique, Pierre-Marie Bourniquel, est entré lui-même dans la cité en voiture, gyrophare et sirène deux-tons à fond. Quand le ministre est en ville, c’est le moment de montrer qu’on en a et qu’on maitrise.

Ce faisant, ont souligné les témoins, il respectait le code du “vivre ensemble” marseillais : quand la police doit  intervenir, elle se signale de loin pour que les chouffeurs (guetteurs) en poste à tous les ronds-points de la ville aient le temps de prévenir les “charbonneurs” (dealers) que la police doit faire une démonstration de force et qu’elle arrive “à l’insu de son plein gré”, ça évite des problèmes pour tout le monde.

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Les chouffeurs guettent

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Même les enfants savent : le charbonneur est en noir, dans le porche

Entrés de quelques dizaines de mètres, les policiers se sont fait “rafaler à la kalach“, mais toujours selon le code du vivre ensemble, les jeunes ont tiré “à un mètre“. Ils ne tiraient pas pour tuer mais pour signifier que l’on était entrés par effraction sur leur territoire.

Ce sont de bons tireurs, les jeunes, comme l’a dit Samia Ghali,  “Ils s’entrainent tous les jours sur le terrain de sport où on ne voit jamais la police“. Si elle est venue à La Castellane ce jour-là c’est bien uniquement parce que le Premier Ministre était là.

Du coup, on a rameuté la cavalerie, GIPN, et bouclé la cité. Celle dont Samia avait dit il y a trois ans qu’il fallait, pour la nettoyer au karcher, y envoyer l’armée, ce qui lui avait valu une volée de bois vert des socialistes et son ostracisation au moment des dernières municipales en faveur du gros Mennucci qui, lui, respecte un siècle d’usages établis entre le milieu des Paul Carbone et François Spirito, les frères Guérini, Gaëtan Zampa, Francis-le-Belge, et les élus municipaux et régionaux comme Gaston Defferre.

Comme l’a dit Yves Thréard (Le Figaro), “Borsalino n’est pas un film, c’est un documentaire” !

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Depuis un siècle, Marseille est connue comme la plate-forme de la drogue pour l’Europe entière, Al Capone traitait d’égal à égal avec son homologue Paul Carbone. C’est un marché fructueux de plusieurs centaines de millions d’euros par an, 18 millions pour le seul quartier de Castellane, et il permet à de nombreuses familles d’y avoir des revenus convenables.

Un gamin qui chouffe (guette) en sortant du collège se fait 50 €/jour, souvent 1 000 à    1 500 € dans le mois, (net d’impôt et de charges sociales bien sûr), plus que ses parents malgré les allocs et le RSA.
Un plus grand qui charbonne, (revendeur sous porche ou en appartement) 2 400 à       2 500 € par mois.
Un chef de section (bloc d’immeubles) 8 à 9 000 €
Un chef de gang 12 à 20 000 € ou plus (comme un ministre socialiste cumulard).

Les retombées économiques de ce marché florissant sont intéressantes, les caves et certains logements sont réquisitionnés pour le stockage de la drogue, des armes et aussi des filles envoyées “au turbin” dans les quartiers touristiques et les boites de nuit. Les “nourrices”, les familles propriétaires, touchent un loyer qui achète leur silence.

Beaucoup de chômage bien sûr, mais certains qui vont pointer ou toucher les allocations garent leur Maserati hors de vue des bureaux de la mairie et de Pôle emploi.

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Tous les garagistes de sportives de luxe le disent : ils vendent plus dans le 9-3 ou les quartiers nord de Marseille que partout ailleurs en France.

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 Pourquoi le fisc ne leur demande-t-il pas où ils trouvent l’argent pour une Ferrari ?

On pourrait croire que dans ces quartiers pourris le marché immobilier est sinistré, pas du tout. Un appartement à Castellane (1850 €/m2) coute évidemment beaucoup moins cher qu’à Saint-Tropez (9623 €/m2), mais beaucoup plus qu’à Tulle en Corrèze (893 €/m2). En fait, le même prix qu’à Angers (1841 €/m2).

La cité est riche d’allocations en tous genres, de subventions “pour la ville”, d’aides sociales (vacances de neige pour les enfants, emplois de “grands frères”, etc.), de dons des pays arabes et de certains élus, et bien sûr du commerce de la drogue (50 000 €/jour en moyenne, hors TVA bien sûr, avec 2 000 clients quotidiens).

Les emplacements des meilleurs points de vente se négocient cher. La concurrence est rude sur ce marché “underground”, et l’activité de la police étant devenue incontestablement plus efficace depuis quelque temps, les affaires sont plus difficiles qu’autrefois.

La durée de vie professionnelle d’un chef de bande est tombée en moyenne à trois ans : une année pour s’imposer, une année de gros bénéfices, une année où il se bat pour sa survie avant de disparaître, le plus souvent attaqué par ses propres seconds à qui les dents ont poussé et qui “veulent récupérer le harem, le parc de voitures de luxe et la boutique” (Alain Bauer à C dans l’air).

Alors quand Manuel Valls arrive pour faire la pub de son action mirobolante, ça agace, il faut les comprendre les marlous marseillais et ils veulent le lui faire savoir. Valls a eu une grosse colère, “Ce qui se passe à Marseille est inacceptable“, d’autant plus grosse qu’il s’est copieusement fait huer et siffler quand il a cru pouvoir prendre un bain de foule avant d’entrer dans le lycée Victor Hugo (3ème Art.) qu’il devait visiter pour que Najat Belkacem puisse elle aussi faire son petit numéro.

Il a habilement retourné le discours à son avantage : “Il y a peu de temps, on n’aurait pas pu intervenir aussi rapidement, boucler le quartier, protéger les écoles, protéger les habitants, et s’emparer de plusieurs armes de guerre” (Le Monde), s’est-il auto-félicité.

Ce qui a encore énervé Samia Ghali qui a accusé “on prend le quartier (Castellane) en otage pendant deux ou trois jours“. On y a trouvé bien entendu quelques armes et quelques kilos de drogue qui n’ont pas eu le temps d’être transférés dans d’autres quartiers tout autant pourris.
Les CRS (deux compagnies) repartiront vite, et le lendemain le commerce reprendra ses droits, et l’entrainement au tir à la kalach sur le terrain de sport aussi.

En attendant ce sont les habitants les plus pauvres qui auront été fouillés, tracassés, interrogés, sans grand résultat car ils savent tous ce qu’il ne faut pas dire aux flics sous peine de sanction ensuite.
Un homme de 25 ans a été tué le 15 janvier dernier d’une balle dans la tête, et la Cour d’Assises des Bouches-du-Rhône devait juger cette semaine un jeune caïd accusé de l’exécution à la Kalachnikov, d’un adolescent de 17 ans en décembre 2011.

C’est aussi ça Marseille, mais heureusement ce n’est pas que ça.

Maurice D.

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* En français “barcelonais”, en catalan “barceloni”

** Toujours parler de Najat Belkacem comme je le fais, sans mentionner le nom de son mari Vallaud.

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Selon Planet.fr, le blondinet est excédé d’être celui qu’on appelle “Monsieur Belkacem” dans les couloirs des ministères, même s’il est difficile de nier que son repêchage à l’Elysée, alors qu’il était un proche de Montebourg, est tout de même un petit peu dû au sourire de son épouse.

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Donc il y a “Madame Belkacem” et “Monsieur Vallaud”, qu’on se le dise.