LES “SAUTS DE CABRI” DE MACRON
(Jean Goychman)

Le discours de la Sorbonne

Écoutant le discours d’Emmanuel Macron dans le grand amphi de la Sorbonne, il m’est revenu en mémoire la célèbre exclamation de de Gaulle qui fustigeait ceux qui faisaient « des bonds de cabri sur leur chaise en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe !!! » [1]. Déjà à l’époque, de Gaulle, qui n’était pas dupe des raisons non-avouées qui avaient conduit l’État Profond américain à laisser croire aux peuples européens que le projet qu’il développait « en sous-main » devait mener à ce qu’il est convenu d’appeler « une Europe intégrée » alors qu’il s’agissait simplement de créer une zone de libre-échange ouverte à tous les vents de la mondialisation future. Naturellement, cette Europe intégrée devait ouvrir aux peuples européens un avenir radieux de paix et de prospérité afin de solliciter leur adhésion.

La Trilatérale

Aujourd’hui, plus de cinquante ans après, les objectifs déclarés ont évolué. La nécessité de l’intégration n’est plus guidée par la perspective de paix – considérée comme acquise – mais pour répondre à un autre danger lié à la mondialisation. Je trouve d’un cynisme absolu le fait de nous dire que notre industrie n’est plus capable d’affronter seule la concurrence mondiale, notamment celle de la Chine, alors que, depuis des années, nos dirigeants ont constamment agi pour l’affaiblir. J’ai encore dans l’oreille les propos de ceux qui, suivant le projet d’organisation mondiale tel que le concevait la Commission Trilatérale dans les années 70’, pensaient que le moment était venu de faire passer les pays développés vers l’ère “post-industrielle”.

Cette Commission Trilatérale, créée en 1973 par David Rockefeller et Zbignew Brezinzki, pensait qu’une nouvelle distribution des activités financières, commerciales et industrielles à la surface de la planète allait permettre d’assurer la paix mondiale grâce à une répartition harmonieuse de celles-ci.

En gros, les pays fortement industrialisés allaient évoluer vers les activités financières : les pays en voie de développement (aujourd’hui appelés BRICS) deviendraient l’atelier du monde et on les aiderait à y arriver. Quant aux autres, on se contenterait d’exploiter leurs richesses naturelles…

Et ce plan a parfaitement fonctionné. Outre le fait qu’il permettait à la Réserve Fédérale d’imprimer des dollars sans limite après le 15 août 1971 afin de permettre un accroissement phénoménal des échanges commerciaux – notamment avec la Chine – mais également de fournir suffisamment de devises pour les transactions pétrolières [2], il a permis un essor industriel sans précédent des pays qui sont devenus, grâce à de nombreux transferts de technologie, capables de produire à bas-coût tous les produits correspondant aux besoins mondiaux.

L’industrie française

Vouloir aujourd’hui défendre l’industrie française en vendant les quelques entreprises phares qui subsistent en prétextant la nécessité de s’opposer à ce qu’eux-mêmes ont créé, mérite quand même d’être souligné. Le propos d’Éric Zeymour citant Bossuet − « Dieu se rit de ceux qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes » − me semble particulièrement bien adapté…

“Il nous faut plus d’Europe !”

Ainsi donc, notre cher Président enfourchant à son tour le cheval du mondialisme à bannière européenne, nous dit : « Il nous faut plus d’Europe ! » Et pour commencer, il nous propose une Europe à plusieurs vitesses. Tiens-donc ! Il feint de découvrir qu’une Europe à 27, c’est moins facile à mettre d’accord qu’une Europe à 17. S’il nous l’avait demandé, on lui aurait dit, mais passons… En fait, il veut faire une sorte « d’Europe dans l’Europe » où chaque pays pourrait choisir (un peu comme à Center-Parc ou au Club-Med) les activités qui lui convienne. Nous aurions ainsi un ministre des finances de la zone euro, une dose de députés transnationaux à Strasbourg (sur les sièges libérés par les anglais), une force militaire européenne, et quelques gadgets en plus. Ensuite, se pose le problème du financement de ces mesures, une fois adoptées. Pas de soucis ! Il nous ressort la taxe carbone et la taxe “Tobin”. Et ça, c’est plutôt marrant.

Commençons par la Taxe Tobin

Elle remonte à 1972, date à laquelle l’économiste prix Nobel anglais avait proposé de taxer les transactions internationales pour limiter l’effet de volatilité des devises due aux marchés financiers. Son inefficacité a été soulignée par la Cour des Comptes le 26 juin 2017 [3].

Ensuite, la taxe carbone

Dans un article récent, j’ai dit ce que je pensais de cette taxe [4] et dans quelles conditions elle avait été établie. En cherchant un peu plus, j’ai trouvé la confirmation de son origine, et cela me gêne quelque peu [5]. À l’ordinaire, je n’ai pas une confiance absolue sur la fiabilité des informations trouvées sur le Web, mais un détail a cependant attiré mon attention sur le contenu de ce site. Il s’agissait d’une déclaration de Simon Linett, VPE Rothschild à la City.

Apparemment, ce texte avait été écrit dans le cadre du projet du Traité de Copenhague. Il s’agit de mettre en place une institution internationale à laquelle « les nations doivent céder leur souveraineté ». On retrouve comme par hasard, dans ce projet de Traité signé à la Conférence de Copenhague de 2009, un mode de financement comportant une TTF (Taxe sur les Transactions Financières) et une taxe carbone.

Simon Linett écrit d’une façon ouvertement explicite que « Le “changement climatique” est simplement une étape sur le chemin de quelque chose de plus grande envergure qui pourrait bien se prolonger au-delà de cette question simple mais critique. »

Les choses sont claires : seul un gouvernement mondial pourrait traiter les problèmes planétaires. Et que ce soit Emmanuel Macron (lui-même passé par la maison Rothschild) qui le propose à nouveau dans un contexte totalement différent de celui du climat, indique qu’il y a probablement une source nouvelle de profit pour l’oligarchie financière mondialiste. Analysé de ce point de vue, le discours d’Emmanuel Macron est en parfaite cohérence avec ce que dit Simon Linett. Il est dirigé contre la souveraineté des Nations qui constitue encore l’obstacle majeur à l’établissement de ce pouvoir mondial.

Où est passé notre Ministre des Finances ?

Chose curieuse : avez-vous remarqué qu’il n’y a pas de Ministre des Finances dans le gouvernement français actuel ? Cette absence est en elle-même révélatrice de l’orientation que lui donnait le président Macron. S’il n’y a pas de ministre en charge des finances françaises, c’est que quelqu’un d’autre − hors du gouvernement − doit s’en charger… Il lui reste simplement à convaincre nos amis allemands de faire de même…

L’artifice de la souveraineté européenne n’est qu’une illusion verbale et un abus de langage. La souveraineté ne peut s’exercer qu’au travers du cadre d’une nation. Il n’y a ni nation européenne, ni peuple européen. Il n’existe aujourd’hui qu’une mosaïque de nations dont on peine à croire qu’elles aient des visions convergentes de leurs devenirs respectifs. Leurs dirigeants, de plus en plus coupés de leurs peuples, semblent avoir déjà accompli le saut mondialiste et s’accommodent visiblement de la perspective d’un gouvernement mondial au nom du sens de l’Histoire, alors que ceux qu’ils administrent commencent à discerner quel est l’enjeu véritable qui est resté soigneusement caché. Emmanuel Macron est lucide, et sait que la course de vitesse est d’ores et déjà engagée. Le projet qu’il défend doit nécessairement aboutir pour couper toute velléité de retour en arrière. L’Europe acquise, le reste du monde devrait suivre.

À moins que…

Jean Goychman
27/09/2017

[1]  https://www.youtube.com/watch?v=XtPrGP2OgHU
[2] ↑ En 1973, le cours du baril a été multiplié par 4, passant de 3 à 12 dollars.
[3]  http://www.lemonde.fr/economie-francaise/article/2017/06/26/la-cour-des-comptes-dresse-un-bilan-tres-critique-de-la-taxe-tobin_5151489_1656968.html
[4] ↑ http://www.minurne.org/?p=12100
[5] ↑ https://interetpourtous.com/2016/08/03/le-plan-rothschild-pour-un-gouvernement-mondial/