LIBYE : ESCLAVAGE DE TOUS LES JOURS
(Jean Goychman)

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Il y a quelques jours, un reportage de CNN montrait des images insupportables de migrants d’Afrique sub-saharienne vendus comme esclaves [1]. Ces images ont rapidement fait le tour du monde, soulevant une légitime indignation. Il vint rapidement à l’esprit des gens qui regardaient cette vidéo que ce sont les grandes migrations que nous connaissons actuellement qui sont à l’origine de ces procédés répugnants.

Emmanuel Macron s’empare du dossier

Lors de son intervention à Ouagadougou, notre président annonce qu’il va prendre ce problème « à bras le corps » et propose l’intervention en Lybie d’une force multilatérale pour protéger ces populations rendues captives aux mains de passeurs qui n’hésitent pas à tirer profit de ces pauvres êtres directement à leur merci en toute impunité. On ne peut qu’applaudir une telle décision.

Cependant, certaines informations font défaut. Notamment : à qui ces marchands d’esclaves vendent-ils ces hommes ? Et, une fois vendus, comment font-ils pour les faire voyager ?

Poussent-ils l’ignominie jusqu’à présenter une facture d’achat en bonne et due forme pour passer les frontières ? Ou bien restent-ils sur place ? Toutes ces questions sont sans réponse. Si l’envoi de cette force d’intervention parait louable, elle ne résout cependant pas tout et ne répond pas à la question « Que faire des migrants une fois libérés ? » – Les renvoyer dans leur pays d’origine ou bien les escorter vers l’Europe ? De son coté, qu’en pense la Libye et ceux qui la dirigent ?

Phénomène connu depuis longtemps sur lequel les yeux et les consciences se sont fermés ?

Lorsque le sujet était abordé jusqu’à une date récente, tout le monde regardait ailleurs. Mais la question était rarement posée.

Souvent, les organisations dites humanitaires sont sélectives dans leurs analyses. Pourtant, les choses étaient parfaitement connues. Voici un bref extrait du livre écrit en 1993 par Pierre Clostermann [2] lors d’un séjour à Mombasa :

Hélas, ce genre de trafic à continuer à exister malgré l’abolition officielle de l’esclavage, contenu dans la Déclaration universelle des Droits de L’Homme de 1948. Pourtant, tous les ans se tient sous l’égide de l’ONU une « journée internationale pour l’abolition de l’esclavage »… Le titre laisse donc penser que l’esclavage existe toujours et qu’on a choisi de ne plus en parler. − Pourquoi ?

Il y a comme une “gêne” vis-à-vis de… certains pays”, vous ne trouvez pas ?

Peut-être que certaines raisons (diplomatiques ou commerciales) conduisent à passer sous silence le fait que certains pays toléreraient encore ces pratiques infâmes. Or, quasiment tous les pays ont ratifiés la déclaration de 1948. Certains, comme le Koweït, l’ont officiellement aboli dès 1949. Les Émirats et l’Arabie Saoudite l’ont suivi entre 1950 et 1970. Mais peut-être que certains pays” (parmi ceux-là même qui l’ont ratifié) n’en respectent pas les termes. Comme personne ne veut en parler, aucune sanction n’est prise. Il paraît cependant évident que, pour que ce commerce (le mot est-il approprié ?) fonctionne, il faut (comme on dit dans les milieux économiques) « qu’il y ait un marché », donc de la demande.

S’inspirer de la loi sur la prostitution ?

La loi française en matière de prostitution n’interdit pas formellement cette activité mais pénalise les clients. Pourquoi ne pas s’en inspirer et dire officiellement que tout État qui participerait ou tolèrerait un tel trafic d’êtres humains sera sanctionné et mis au ban de la collectivité internationale ?

À moins que ce brusque coup de projecteur donné par la chaîne CNN soit inspiré par d’autres considérations, comme par exemple montrer la détresse humaine des migrants pour qu’ils soient plus facilement acceptés et, psychologiquement, accueillis en Europe avec plus de facilité, ce qui est loin d’être impossible…

Les mauvaises relations entre CNN et Trump ne sont pas un scoop. Mais il est curieux d’apprendre aujourd’hui que le président Trump a décidé que les États-Unis allaient quitter le « Pacte Mondial sur les Migrants et Réfugiés » [3]. Voir l’article de Boulevard Voltaire.

Il ne peut évidemment s’agir que d’une simple coïncidence de dates…

 

Jean Goychman
05/12/21017

[1] https://www.youtube.com/watch?v=2S2qtGisT34&feature=youtu.be
[2] « Mémoires au Bout d’un Fil » p. 226 – Pierre Clostermann (éd. Arthaud).
[3] http://www.europe1.fr/international/onu-retrait-des-usa-dun-pacte-mondial-sur-les-migrants-et-refugies-3509681