LA FRANCE SE CHERCHE… LA FRANCE SE TROUVE… (par Alexis Céron)

soljenis

Convertie à des mœurs plus attentives au sort d’autrui par un clergé à la fois instruit et dévoué à une économie du bien commun indissociable d’un plan de salut, l’espace gallo-romain s’est peu à peu affirmé dans son identité chrétienne à laquelle se sont ralliées différentes populations exogènes qui y ont trouvé leur place, comme les Francs d’abord, puis les Normands…

D’ailleurs pendant la guerre de Cent ans, il ne fut jamais question de remettre en question le magistère de l’Église catholique, comme en témoigne le rôle joué par l’évêque Cauchon. La seule conséquence culturelle de l’invasion de la France par les Anglais − les Goddons − fut que le Français cessa d’être la langue officielle… en Angleterre.

L’histoire de France, depuis plus de mille cinq cent ans, s’est ainsi tricotée autour des références chrétiennes, y compris lorsque les guerres de religion ont fait rage.

Et puis le siècle des Lumières, pétri d’orgueil, de prétention et de vanité s’est pris de haine pour l’Église catholique qui, de son côté n’a pas toujours su où se situait la frontière entre Dieu et César. Peut-être parce qu’elle voulait empêcher que César se prît pour Dieu ? Ses propres caciques n’en furent pas moins tentés de se prendre eux-mêmes à la fois pour Dieu et pour César, s’administrant le pardon avec indulgence et distribuant la pénitence à tout va à la moindre contrariété. C’est peut-être un peu enfantin, et même caricatural, mais l’humanité n’est-elles pas enfantine et caricaturale depuis la nuit des temps ? Et ce ne sont pas les césaritudes − coucou Ségolène ! − d’aujourd’hui qui pourraient nous inviter à imaginer le contraire.

Bref ! Les Lumières du siècle des autoproclamés philosophes (marchands, surtout de leur propre gloire qu’ils célébraient en même temps qu’ils en rationalisaient la distribution) voulurent écraser l’infâme pour substituer leur propre autorité à toutes celles (qu’elles fussent civiles, militaires ou religieuses) qui ne proviendraient pas de leurs propres réseaux ou de réseaux qu’ils auraient préalablement adoubés d’un nihil obstat bienveillant.

Il y eut la constitution civile du clergé, et puis les massacres de religieux et de simples fidèles, et puis ensuite la séparation de l’Église et de l’État avec la mise en fiche de tout ce qui pouvait représenter une menace fanatique ou superstitieuse pour la République une saine, indivisible et normative.

Même dans ses délires les plus farouchement anticléricaux, la République restait cependant solidement chevillée aux racines chrétiennes du territoire qu’elle avait soumis. Elle fut ainsi le singe du christianisme auquel elle voulait succéder, non dans l’amour de Dieu et du prochain, mais dans la sagesse sociale qui découle du droit naturel et dans l’esquisse de perfection civilisatrice qui découle de l’accomplissement même partiel de l’enseignement chrétien. Et puis, comme l’histoire se répète, Caïn ne se contenta pas d’exister, et la présence d’Abel lui devint peu à peu insupportable. Un peu comme dans la fable du Loup et de l’Agneau dont chaque mot doit être soupesé avec la plus grande attention.

La France − la République, surtout − se cherchait encore. Quête mystique d’une essence qui se voudrait carburant, sans doute, après avoir marqué son territoire du sceau de la laïcité, la République eut besoin de faire entendre sa belle voix. Elle devint bavarde jusqu’à en perdre le fil de sa propre histoire et sa propre nature lui devint insupportable. Et puis le temps montra qu’elle ne reposait que sur une dialectique que les gens les plus simples appellent le baratin, c’est-à-dire sur le mensonge permanent. Alors la république se chercha des alliés, car il ne pouvait être question pour elle de faire machine arrière en reconnaissant que l’infâme c’était elle.

Enfin une partie d’elle, son personnel politique, surtout.

Poursuivant sa course folle, la République décida d’en finir une fois pour toutes avec la religion qui relie les hommes aux racines de la vie tout en tissant le lien social qui relie les hommes entre eux. Elle prit alors le parti enfantin et caricatural de jeter les bases d’une nouvelle religion d’État, à la fois laïque et républicaine, comme elle le fit pour le culte de l’Être Suprême qui fit les beaux jours de la Terreur. Mais là, en 2016, lorsque se dessine le projet d’imposer Allah dans les entreprises, il s’agirait plutôt d’instaurer le culte de la Terreur pour faire les beaux jours de l’être suprême. L’être suprême, c’est-à-dire le citoyen de première classe : le migrant ou le migré pour ce qui est du fidèle modèle, et le socialo-bobo pour ce qui est du clerc, qu’il appartienne au clergé régulier de la fonction publique ou au clergé plus séculier du tissu associatif, sans oublier le simple passant, pourvu qu’il dispose de cordes vocales de perroquet et qui représente le catéchumène en devenir.

Tour Eiffel

La charia est à nos portes. Bientôt les médias nous expliqueront doctement que « charia » vient du mot latin « caris » qui a donné « cher » et « charité », et peut-être même « chaire », voire « chair » et « carnation », qui sait ? Qui pourra contredire pareil enseignement après le triomphe de la grande œuvre de crétinisation mise en place avec succès depuis bientôt cinquante ans, c’est-à-dire depuis que « l’imagination a pris le pouvoir » ?

La France, alors, se cherchait. Eh bien on dirait qu’elle s’est trouvée…

Il est cependant possible que le Français cesse d’être la langue officielle − en France − ce qui nous montre le chemin parcouru depuis la guerre de Cent Ans.
Les victoires de la République sur l’obscurantisme sont de grands pas pour l’Homme (pour l’homme des droits du même nom, évidemment).

ALEXIS CÉRON

Bannière 2016