LA COMTESSE DU LUART, UNE “CHANCE POUR LA FRANCE”
(Eric de Verdelhan)

« Qui sait si l’inconnu qui dort sous l’arche immense,
Mêlant sa gloire épique aux orgueils du passé,
N’est pas cet étranger devenu fils de France
Non par le sang reçu mais par le sang versé ? »

(Pascal Bonetti – 1920)

 



En 1984, pour expliquer ou justifier l’immigration-invasion (principalement afro-maghrébine) que la France  subissait – déjà ! – le centriste Bernard Stasi publiait un livre intitulé
« L’Immigration, une chance pour la France »(1) plaidoyer sentimentalo-pleurnichard  pour une immigration débridée.

Et bien, même si je suis en désaccord total avec les thèses de Bernard Stasi, j’ai un profond respect pour ceux qui choisissent la France pour la servir (par opposition avec ceux qui y débarquent illégalement pour SE servir !).

En ce début février, je veux honorer l’anniversaire de la naissance d’une étrangère devenue française, « non par le sang reçu mais par le sang versé ». On me rétorquera peut-être qu’elle l’est devenue par le jus solis, du fait de son mariage, mais qu’importe.

Elle s’appelait Leïla Hagondokoff et nous venait de la lointaine Russie.

Elle est née le 6 février 1898 à Saint-Pétersbourg. Elle a servi à la Légion Etrangère et était Commandeur de la Légion d’Honneur et  Grand Officier de l’Ordre National du Mérite.

Son nom de naissance est Elmeskhan Hagundokue (Эльмесхъан Хьэгъундокъуэ).

Elle portera tour à tour les prénoms de Gali puis, après sa naturalisation, Irène et enfin Leïla.

Issue d’une famille princière du Caucase, son père, le général Hagondokoff est gouverneur militaire et commandant en chef des forces impériales en Extrême-Orient.

Elle, choisira d’être infirmière bénévole à l’hôpital militaire de Circassie à 19 ans.

En 1934, elle s’installe en France et épouse le comte Ladislas du Luart.

Pendant la guerre d’Espagne, elle conçoit, crée, finance, mais surtout dirige une antenne chirurgicale mobile pour porter assistance aux blessés. Cette antenne est constituée de chirurgiens militaires, aidés d’infirmières. Avec une quarantaine de véhicules aménagés, elle participe ensuite à la bataille de France de mai – juin 1940 ; à la campagne de Tunisie de 1943 ; à la campagne d’Italie auprès du général Juin, puis avec de Lattre de Tassigny et la 1re Armée qu’elle suit jusqu’en Autriche.

En novembre 1943, au Maroc, la Comtesse du Luart accepte, à la demande du lieutenant-colonel Miquel, de devenir la marraine du 1er REC[] : le glorieux « Royal Etranger » (2).

Ses actions courageuses lui valent plusieurs citations et l’honorariat du 1er REC : elle est nommée Légionnaire d’Honneur de 1re classe, le 11 novembre 1943 ; brigadier d’Honneur, le 1er janvier 1944  et  brigadier-chef d’Honneur, le 25 décembre 1944.

Lors de la veillée de Noël 1943, elle offre aux Légionnaires du 1er REC, dans la clairière de la Mamora, leurs premiers cadeaux de Noël. Elle créera ensuite  le Centre Militaire de Détente de Chenoua,  pour les Légionnaires du 2ème  Corps d’Armée séjournant à Alger.

Après le retour en métropole  du « Royal Etranger », en 1967, elle honorera de sa présence tous les grands événements de la vie du régiment : Noël, Saint-Georges, Camerone, les passations de commandement, etc…

Commandeur de la Légion d’Honneur, Grand Officier de l’Ordre National du Mérite, elle totalisait six citations, dont trois à l’ordre de l’armée.

Elle décède le 21 janvier 1985, à l’hôpital américain de Neuilly.

Les honneurs militaires lui sont rendus en l’église Saint-Louis-des-Invalides.

Elle est inhumée dans le cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.

Le 21 janvier 1989, une stèle à sa mémoire est inaugurée au quartier Labouche, à Orange.

Le 4 décembre 2001, le colonel Yakovleff, chef de corps du 1er REC, inaugure, au quartier Labouche, une  « salle de souvenirs des brigadiers-chefs », dédiée à la Comtesse du Luart.

Voilà, Madame la Comtesse du Luart, née Hagondokoff, je voulais vous rendre hommage.
D’autres l’ont fait avant moi, et mieux que moi. Je pense, en particulier, à Guillemette de Sairigné, dont le père, qui a commandé le 1er REC, est mort en Indochine (3).

Vous aimiez passionnément  la France, votre seconde patrie, et la Légion Etrangère.
Sans doute est-ce pour cela que les grands médias ne parlent jamais de vous ?
Mais pour les amoureux de la France éternelle, ceux pour qui le mot « Patrie » veut encore dire quelque chose, vous êtes une grande dame, une héroïne dont nous sommes fiers.

Eric de Verdelhan

4 février 2019
                                                                                                                      

1)- « L’Immigration, une chance pour la France », de Bernard Stasi Robert Laffont, 1984.

2)- REC : Régiment Etranger de Cavalerie.

3)- « La Circassienne », de Guillemette de Sairigné, Robert Laffont, 2011.  


COMMUNIQUE

A l’attention des lecteurs qui souhaitent se procurer des ouvrages d’Eric de Verdelhan

1)- « Au capitaine de Diên-Biên-Phu », publié en 2011, est toujours disponible, au prix de 22 €, chez SRE-éditions à Annecy : www.sre-éditions.com . Il est également disponible sur Amazon.

2)- “Oran, le 5 juillet 1962 (et quelques autres massacres oubliés)” publié en 2016, est disponible au prix de 19€ chez Edilivre (www.edilivre.com).
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3)- « Mythes et Légendes du Maquis », est édité aux Editions Muller (https://www.decitre.fr/editeur/Muller+Edition.)
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4)- Le dernier livre d’Eric de Verdelhan « Hommage à NOTRE Algérie française » vient d’être édité. Il coûte 15 €. S’agissant d’une autoédition, il est à commander à son adresse : 15 € (plus 5€ de port si envoi postal).
Contact : eric.de-verdelhan@orange.fr

5)- Enfin, les trois suivants: “Requiem pour l’Algérie française”, publié en 2012, “Un homme libre…” publié en 2013, et “Le cœur chouan …” publié en 2014, sont épuisés.

Si vous souhaitez être prévenus de la parution de ses prochains ouvrages, pensez à lui communiquer votre adresse-mail.
Contact : eric.de-verdelhan@orange.fr



4 Commentaires

  1. De tels personnages très honorables sont hélas trop rares parmi les immigrants. On remarquera tout de même la caractéristique chrétienne de Madame la Comtesse du Luart…

    Je rappelle aussi les ouvrages mémoriels de Monsieur José Castano (que j’ai eu l’honneur de rencontrer), de la même veine que les ouvrages de Monsieur de Verdelhan au sujet de l’Algérie.

  2. Je suis saisie d’émotion et de reconnaissance à la lecture de cet article, et très modestement je voulais témoigner de la valeur intrinsèque de cette Dame, de son amour pour la France et de son engagement et dévouement exemplaire envers la Légion Etrangère dont elle fut une merveilleuse “marraine”…
    J’ai eu la chance inouïe de l’approcher, de converser avec elle…Elle était un personnage extraordinaire, elle demeure un être d’exception, une très belle figure de l’Armée française dans son acception la plus patriotique, la plus légendaire…

    Merci de lui avoir consacré cet article, elle mérite notre admiration et nos plus fervents hommages…

    J’ai lu le livre de Guillemette de Sairigné, dès sa parution, pour retrouver le souvenir de cette grande dame au destin exceptionnel…Je lui garde une place particulière dans le livre de mes souvenirs…

    Merci d’avoir évoqué cette grande Dame qui ranime chaque année lors des fêtes de la Légion Etrangère à Aubagne, notamment, le souffle ardent de l’amour de la Patrie… .

  3. Elle trouvait son compte à cette vie tout comme les membres de SOS Méditerranée trouvent leur compte à la leur etc.

    • Je ne suis pas sûr que certaines ONG contribuent à servir la France. Ils aident humanitairement des gens qui devraient retourner construire leur pays au lieu de se sauver devant les djihadistes en laissent les soldats français faire le boulot de nettoyage. La plupart des ONG ne cachent que des néo-esclavagistes, pourvoyeurs du système.
      Je suis par contre à 100% d’accord avec Kemi SEBA au sujet des Africains et des ONG.

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