DESINFORMATION ! LE PPE N’EXCLUT PAS ORBAN !
(L’Imprécateur)

Le Monde, Le Figaro, Huffpost, Courrier international, Le Quotidien, RFI, Les Echos, Ouest-France, L’Obs, Le Point, Libération, Le Temps, Le Soir, La Croix, Mediapart…

Tous piégés, ils ont publié la plus grosse “fake news” depuis le début de l’année : “Le PPE (ou “la droite”) au Parlement européen a demandé l’exclusion de Victor Orban” (c’est-à-dire du Fidesz, son parti).

Ont-ils accordé trop de confiance à une dépêche AFP ? C’est l’hypothèse la plus probable.

À  moins que le coup ne vienne de Jean-Claude Juncker, il s’est prononcé à plusieurs reprises pour l’expulsion de Viktor Orban et de son parti du PPE.

Mais cela n’excuse pas le manque de professionnalisme : avant de publier, on vérifie, on enquête, on interroge. Aucun n’a le numéro de téléphone du PPE ?


Le PPE n’a pas demandé l’exclusion d’Orban

La vérité, c’est que le PPE en tant que tel n’a rien demandé du tout !
Il a seulement accepté de mettre à l’ordre du jour de sa réunion de bureau du 20 mars la demande de 12
(1) des plus petits des 51 partis (2) qui le composent, soit 32 des 217 députés. Soit encore 14,7 % de l’effectif. Pour le moment, cela ne constitue pas une majorité pour l’exclusion.

C’est tout de même bien peu pour crier d’avance victoire, “on a eu la peau d’un populiste !” Au pire, le Fidesz continuera à avoir des députés au Parlement européen et le PPE, même s’il perd 11 de ses 12 députés hongrois, n’en sera pas affecté non plus et restera le groupe politique le plus important des huit qui composent l’Assemblée européenne.

Pour être clair : Quelques membres du PPE demandent l’exclusion du parti, le FIDESZ de Viktor Orban de leur groupe, le PPE, qui n’est que l’un des 8 groupes politiques du Parlement. On saura le 20 mars si le PPE exclut ou non le Fidesz, et s’il le  fait, cela ne signifiera pas que le Fidesz est exclu du Parlement européen et encore moins Viktor Orban qui n’y siège pas personnellement, mais qui par contre siège à la Commission européenne en tant que chef d’Etat.

C’est là que se situe le mensonge médiatique quand une grande partie des médias écrit ou dit “Le PPE au Parlement européen a demandé l’exclusion de Victor Orban. Certains journaux comme Libération ont été plus précis en écrivant que c’est “le parti de Viktor Orban” qui risquait d’être exclu.

La Hongrie a 12 députés au Parlement, 11 sont du Fidesz, très majoritaire partout en Hongrie, 1 du KDNP un petit parti de droite qui est membre de l’alliance politique menée par le Fidesz. On imagine mal  le Parlement exclure les 12 députés hongrois, ce qui serait un Hongriexit ! La gestion du Brexit est déjà un traumatisme suffisant pour le Parlement. Donc, les hongrois peuvent être exclus du PPE, mais rien n’est moins sûr, et ils ne le seront pas du Parlement.

Au PPE, la CSU d’Angela Merkel n’a que 5 représentants quand LR de Laurent Wauquiez en a 12, et LREM 0 jusqu’au prochaines élections en mai.
La décision de garder ou d’exclure le Fidesz de Victor Orban devant être prise le 20 mars, notre pauvre président qui hait cet Orban (refusant sa politique d’Europe fédéraliste soumise à l’OTAN) n’aura aucune influence, sinon peut-être celle qu’il espère de cette fake-news que la presse en déroute transforme en information de premier plan.

LREM a une peur hystérique de perdre les européennes

Notre ni-gauche-ni-droite macronienne affiche depuis quelques semaines une peur maladive de ne pas faire un gros score le 26 mai prochain, d’autant plus que les sondages montrent une progression probable des partis populaires. Elle pourrait être à l’origine de cette désinformation. Le moment lui semble peut-être propice pour publier des fake news annonçant des victoires qui seront beaucoup plus probablement de gros échecs, avec l’espoir d’attirer quelques électeurs de plus.

L’Obs et Huffington ont été les deux plus hypocrites en soulignant que les députés français de LR n’ont pas participé à la demande d’exclusion du Fidesz. “Voyez, Wauquiez est du côté des populistes”. Trop bêtes pour comprendre que ce faisant ils vont donner à LR des voix supplémentaires en provenance de sa droite. Surtout si la gauche (dont LREM) monte au créneau pour s’en scandaliser.

Autre désinformation, la presse affirme que Viktor Orban mène une campagne anti-européenne. C’est inexact, Orban mène une campagne anti-Junker qu’il accuse de mener l’Europe à la ruine avec sa clique de technocrates socialistes à la sauce Moscovici, et anti-Georges Soros, l’ami de Juncker, le milliardaire soi-disant philanthrope qui finance l’immigration africaine en Europe.

Ce que veut Orban, c’est une autre Europe, une Europe des nations où chaque pays serait libre d’accepter ou non l’invasion migratoire africaine.

(Vous avez aussi le droit de savoir ce que Bruxelles prépare !)

On qualifie le PPE de droite, mais c’est encore de la désinformation : des partis de la gauche populaire en sont membres, comme jusqu’en 2014 le PCF, soit au total 33 députés. 13 sont de Sud-Europe (Grèce, Portugal), les autres de la ligue hanséatique (Centre-Nord-Europe) plus 3 lithuaniens. Ceux-là voteront vraisemblablement pour l’exclusion du Fidesz, mais cela ne fait toujours pas une majorité, même si l’on y rajoute quelques députés allemands. À l’inverse, aucun député du Groupe de Visegrad ne la votera, ni l’Italie, ni la France si Laurent Wauquiez maintient intelligemment son refus d’exclure.

C’est le Bureau du PPE qui décidera, pas les députés !

Et puis même, ce calcul n’aura de sens que si le Bureau soumet sa décision au vote de ses 217 membres. Or, le Bureau en est très conscient, son intérêt est que le PPE, très majoritairement à droite, reste le premier groupe de l’Assemblée européenne et il risque de perdre plus de membres en excluant le Fidesz qu’en le gardant. Certains partis des pays du Groupe de Visegrad pourraient même démissionner par solidarité et créer un groupe concurrent si le Fidesz était exclu. Cela s’est déjà vu au Parlement européen. De plus cela pourrait rapprocher Orban de Poutine et créer une fracture supplémentaire dans l’Europe Juncker-Merkel-Macron déjà fragilisée. Il est possible que le Bureau prononce une sanction mi-figue mi-raisin, la suspension provisoire pour permettre une négociation une fois connu le résultat de l’élection.

Il semble que pour le moment la presse européenne n’ait pas suivi le mouvement d’hystérie collective de la presse française, à l’exception de Le Temps (suisse) et de Le Soir (belge). le Temps a une réputation de sérieux, comme Médiapart dont les journalistes évitent en général la désinformation (excepté quand son ineffable directeur s’en mêle).
Il est surprenant que ces deux là soient tombés dans le piège, car en matière de désinformation, c’est quand même du gros !

Les médias français sont subventionnés ce qui limite leurs choix éditoriaux, mais il ne devraient pas se laisser manipuler comme on le constate régulièrement. C’est la cause principale du désintérêt qu’ils suscitent chez leurs lecteurs.


L’Imprécateur
7 mars 2019


1 : Les douze partis qui ont demandé de sanctionner le Fidesz sont le CdH et le CD&V (Belgique), Kokoomus (Finlande), Nea Demokratia (Grèce), le TS/LKD (Lituanie), la CSV (Luxembourg), Hoyre (Norvège), le CDA (Pays-Bas), le CDS-PP et le PSD (Portugal), Kristdemokraterna et Moderaterna (Suède).

2 : Sont aussi membres du PPE 19 partis de pays “associés” à l’Europe, comme la Norvège, plus quelques personnalités, soit au total plus de 70 membres.