Ô RAGE, Ô DÉSESPOIR, Ô FICHUE PANDÉMIE…
(Cédric de Valfrancisque)

INTERMINABLE PANDEMIE…

 

(Texte vaguement inspiré de Pierre Corneille.)

(Le décor : Le Marquis Emmanuel de Morveux d’Enarque arpente les couloirs de son palais, il semble de fort méchante humeur. Le chien Némo lui renifle l’arrière-train…)

 

 

                                                                                                                              

Ô rage ! Ô j’en ai marre ! Ô fichue pandémie !
Ce virus est mortel pour notre économie.
Et je suis entouré, en ces temps difficiles,
D’un tas d’incompétents, d’idiots ou d’imbéciles.

Moi, le gendre idéal, admiré des Français,
A quoi servent à présent mes longues logorrhées,
Qui  arrivaient  jadis à berner les Gaulois ?
Et tout est compromis par ces foutus Chinois.

Je vis tel un ermite, cloîtré en ce palais,
Avec le chien Némo et ma vieille mousmée,
Et il me faut avouer que cette pandémie,
Me rend insupportable cette vieille chipie.

Certes je lui sais gré de m’avoir déniaisé,
Et appris, au théâtre, les belles envolées.
Après tout, je suis jeune et même freluquet,
Mais j’aime la jeunesse, et hais les retraités.

Moi, le quadragénaire, coqueluche des rombières,
Je me traine une radasse, coiffée comme un cocker,
Et bien trop court vêtu pour son âge avancé,
Comme un triste vestige de l’époque «Yéyé». !

Admirez mon image, mais plaignez ma jeunesse.
Même avec une jupe portée au ras des fesses,
Cette pauvre Brigitte n’est plus qu’un vieux tableau,
Qui a beaucoup de mal à grimper aux rideaux.

Et moi, petit génie, épris  de romantisme,
Je me tape la vieille avec ses rhumatismes…
Je suis comme en prison dans mes appartements,
Victime, moi aussi, de ce confinement.

Le haut rang que j’occupe et que beaucoup m’envient
Devrait me préserver de bien des avanies.
Je pourrais être heureux, épanoui, adulé.
Ai-je donc mérité ma «playmate» fripée ?

Or donc, je n’en puis plus, ça ne peut plus durer,
Il me faut, derechef, un autre os à ronger.
Je vais virer Castex, le crétin, l’imbécile,
J’en choisirai un autre, mais tout aussi servile.

Pour complaire au Français, las des confinements,
Rien ne vaut, après tout, un bon remaniement.
Puisque je suis  le chef, j’ai ici  tous les droits,
Et y compris celui de faire n’importe quoi.

Je serais bien stupide de raisonner en sage :
Je vais encore gagner cinq points dans les sondages.

(Il sort en ondulant des hanches,  tel un « mariolet de cour »,  pour aller sur le champ téléphoner à son premier ministre, celui que le vulgum pecus appelle « Cache-sexe ».

Le chien Némo en profite pour pisser sur la moquette. Ce qui n’a aucune importance, c’est la contribuable qui paie).

                 

Cédric de Valfrancisque
4 février 2021