L’ESPRIT A-T-IL ABANDONNÉ L’OCCIDENT CHRÉTIEN ? (Éric de Verdelhan)

« Il est des lieux où souffle l’Esprit… »

(Maurice Barrès : « La colline inspirée »)

                                                                            

Trois évènements récents m’ont remémoré mon chemin vers Compostelle, il y a treize ans déjà.

En premier lieu, les obsèques d’un vieux camarade para. Une cérémonie sans curé, sans âme, sans faste, avec un semblant de rituel qui s’apparente davantage aux rites animistes qu’au catholicisme, dans une église sobre et dépouillée comme un temple protestant. Seule la présence de bérets rouges et de quelques drapeaux donnait un peu de « gueule » à cette pitoyable mascarade.

Chaque fois que j’assiste à des obsèques selon le rituel « progressiste » je suis atterré, affligé, par la dégaine des gens : jeans troués, bermudas, chemises aux couleurs criardes, blousons crados…etc…

Il m’arrive régulièrement d’être le seul en costume-cravate (1) car, en vieux réactionnaire, j’estime qu’on doit avoir une tenue correcte dans la maison de Dieu, par respect pour le Seigneur mais aussi pour le défunt (et pour sa famille quand elle n’est pas, elle-même, loquée comme l’as de pique !). De plus, que l’on soit croyant ou non, le laisser-aller vestimentaire est le triste reflet d’une civilisation décadente. Les bobos appellent ça le « froissé-chic », comme s’il était normal et naturel de ressembler à un épouvantail.

Le second évènement, c’est cette arrivée massive de migrants dans l’île de Lampedusa. La plupart des migrants qui nous arrivent depuis des décennies sont musulmans. L’Islam est de loin la religion la plus pratiquée en France. Chez nous, le catholicisme est en constant recul depuis le Concile Vatican II, et les prises de positions islamo-gauchistes (et pro-immigration) de Bergoglio ne font que troubler les fidèles.

Le pape François lave les pieds de migrants, le jeudi 24 mars 2016, à Rome.

Ajoutons que ce pape ne semble avoir qu’un ennemi à pourfendre : les catholiques traditionalistes attachés à la messe en latin et au rite tridentin. J’avoue humblement que j’ai du mal à comprendre !

 Le troisième évènement, ce sont les Journées du Patrimoine qui, chez moi, ont ouvert le refuge des pèlerins de Compostelle, là où j’ai pris ma « crédencial » – le passeport du pèlerin – en août 2010.

Car un jour, comme tant d’autres, j’ai pris le Chemin. Oh, pas tout le Chemin ! Uniquement la partie espagnole, le « Camino françès » : 750 kilomètres, en 31 jours, à un train deLes étapes du camino frances | Les guides LEPÈRE sénateur. Mon épouse, a eu le mérite de marcher à mon rythme, de m’entendre râler le jour (et ronfler la nuit), mais un « pèlerinage » doit comporter des contraintes, de la sueur et de la souffrance ; ce n’est pas une promenade de santé !

Ce pèlerinage, j’y pensais depuis longtemps, pour des motivations que je garde pour moi.

Finalement, il m’aura fallu des années pour oser écrire que cette expérience m’a laissé perplexe. Je me suis remémoré une conférence du philosophe Gustave Thibon, ami de mon père, dans les années 70, à Vannes. Elle était intitulée « Dieu est-il mort ? ». Non, bien sûr, Dieu n’est pas mort mais on a l’impression qu’il a voulu punir l’Occident en laissant un antipape occuper le trône de Saint Pierre. Les dérives de l’Église de France ne datent pas d’hier, elles ont commencé après la guerre avec les prêtres-ouvriers communistes, qui confondaient Dieu et les droits de l’homme, mais c’est le Concile Vatican II qui les a officialisées.

Pour moi, le « Camino francès» a été un révélateur, une prise de conscience d’un des maux dont souffre la France : la Révolution a tué « le trône et l’Autel », le Divin et le Sacré. Et les laïcards francs-maçons qui ont voulu ça, n’ont pas compris que toutes les civilisations se sont construites autour d’une religion forte.

« Chassez la Chrétienté et vous aurez l’Islam », 

disait déjà Chateaubriand en son temps. Nous y sommes, enfin presque. Mais revenons à mon Chemin vers Saint-Jacques de Compostelle.

Dans notre monde aseptisé, tolérant, compassionnel – ce monde de « bisounours » qui a perdu tout sens critique – émettre un avis négatif sur le « Camino » est considéré comme une incongruité, presque une grossièreté.  Tant pis si je me fais agonir par les bienpensants, je me lâche : ça me soulage !

Nous sommes partis fin août 2010. Ma femme souffrait d’une sciatique, j’avais les rotules en vrac et notre association de « canards boiteux » est quand même arrivée jusqu’à Compostelle. A cette évocation, ô combien douloureuse, j’ai envie de plagier Corneille dans Le Cid :

« Nous partîmes tous deux et après moult efforts

Nous nous vîmes surpris d’arriver à bon port… »

Les « accros » du Chemin – Dieu sait s’ils sont nombreux ! – sont mieux placés que moi pour donner envie de partir. Pour ma part, je me contenterai de faire état de ma déception, de ma grogne, de mes sujets d’irritation et, aussi, de mes doutes sur l’avenir du pèlerinage chrétien vers Compostelle.  

Marcher jusqu’à Compostelle est devenu « tendance » comme disent les publicitaires et les cuistres.

Il y a quelques années, un célèbre diplomate-académicien, coqueluche des médias et archétype du « bobo-branché », a écrit un livre sur son périple vers Saint Jacques. Son bouquin est sorti, agrémenté d’un bandeau racoleur : « Rufin à Compostelle », ça vous a des relents de « Tintin au Tibet » ou « Astérix chez les Goths », ça fleure le baroud, le dépaysement, l’aventure, la vraie !

Déjà, depuis quelques années, des Tour-operators promènent des consommateurs-randonneurs sur « les plus belles étapes » du Chemin. Les pistes « pourries » en plein cagnard, la crasse de certains gîtes, les décharges en plein air que sont parfois les aires de pique-nique, on laisse ça aux gueux (de mon espèce) qui font tout à pied, comme au moyen-âge, en économisant leurs pas, leur souffle et …leur porte-monnaie.

Une frénésie mercantile s’est emparée du Chemin. On y construit des hôtels, des restaurants, des « transportes de mochillas » (sacs à dos) ou des « transportes » tout court, pour ceux qui en ont marre de crapahuter. Au fil des ans, le randonneur a supplanté le pèlerinle jacquet – et c’est bien dommage !

De tous temps, le Chemin a attiré des gens en quête d’absolu. De nos jours, quand on part, il est de bon ton de dire qu’on n’est pas catholique. Il est plutôt mieux vu de se dire athée, agnostique, adorateur de Vishnou ou de Bouddha. « Chacun son Chemin » disent les marcheurs qui ne sont plus des pèlerins. 

Mais pour moi, c’est quand on ne vénère plus que le « pognon », la balade touristique et/ou la performance sportive que les choses commencent à m’inquiéter !

Le Musulman, qui, en burnous blanc, se rend à La Mecque et piétine durant des heures pour poser sa main sur la Kaaba n’y va pas « en touriste ». Il sait qu’il en reviendra avec le titrePlus d'un million de musulmans entament le hajj à La Mecque - ladepeche.fr envié de « Hadj » qui lui vaudra jusqu’à sa mort le respect de ses coreligionnaires.  Même chose pour le Juif qui se rend au Mur des Lamentations, à Jérusalem. On peut en dire autant pour toutes les religions. La nôtre est plus tolérante puisqu’elle accepte tout le monde (au nom d’un œcuménisme qui finira par la tuer !).

Doit-on pour autant oublier que le Chemin est, initialement, un pèlerinage chrétien ?

Que les églises, les refuges, les hôpitaux qui le jalonnent ont été bâtis avec la foi des bâtisseurs de cathédrales ?   Que le secours aux pèlerins – au travers des monastères, abbayes, dispensaires etc …- émane d’un ordre social chrétien, lointain ancêtre de notre sécurité sociale (déficit abyssal en moins !) ? Que Saint Jacques, enfin, était un saint catholique ?  Va-t-on un jour, par souci de marketing, ne plus l’appeler que Jacques ? Reviendra-t-on à cette folie révolutionnaire qui voulait que les noms des saints disparaissent des villes : Saint Malo était devenu Port Malo, Saint Denis s’appelait Franciade…

Miam-miam-dodo : chemin de Compostelle (GR 65) du Puy-en-Velay à Saint-Jean-Pied-de-Port + la varian

Je veux dire ma colère devant ces groupes de Français, braillards, grandes gueules, jamais contents et qui vous saoulent avec leurs problèmes de malbouffe, d’inconfort des hôtels et de … troubles gastriques. En les entendant se plaindre, je pensais qu’on devrait rebaptiser « Miam-miam-dodo », ce petit guide du pèlerin au nom bêtifiant, par « Pipi-caca ». Et que dire de ces sportifs adeptes de randonnée pédestre qui, pour bien montrer que leur périple n’a absolument RIEN de religieux, se croient obligés de faire preuve, dans leurs propos, d’un anticléricalisme virulent et fanatique ? Une Christianophobie qui blesse et offense la conscience des croyants (dont je suis) ; mais ces gens-là s’en foutent éperdument, au nom de la « liberté d’expression » je présume ? On me dit que, depuis la Révolution, notre pays autorise le blasphème. Mais est-ce une raison pour en abuser ? Pour insulter les adeptes d’une religion à laquelle ils ne croient pas (2) ?

Chez certains, ces comportements ne visent qu’à choquer ou à provoquer.  Chez d’autres, c’est beaucoup plus pernicieux : c’est la volonté de chasser le Divin et le Sacré du Chemin. En effet, il est pour le moins… paradoxal d’abandonner le rituel chrétien pour lui supplanter des rites primitifs qui s’apparentent à du fétichisme vaudou. Citons, pour illustrer mon propos, undefinedla célèbre « cruz de ferro », modeste calvaire en ferraille qu’on transforme allégrement en dépôt d’ordures en y laissant des vieilles godasses, des fringues usagées, des chiffons, des grigris, des peluches, etc…Personnellement, je me fais une autre idée du respect dû au Christ mort sur la croix pour notre rédemption. Certains déposent à la « cruz de ferro » un caillou, plus ou moins gros, qui représente le poids des péchés (ou du passé) qu’ils abandonnent en route. Citons aussi la coutume qui consiste à brûler ses habits – souvent en parfait état – en arrivant à Fisterra, pointe extrême de laEl Camino de Santiago desde Asturias: "Quemadero de Finisterre" Galice, pour symboliser « la naissance d’un homme nouveau » (Il serait plus judicieux, plus charitable aussi, me semble-t-il, de les donner à une association caritative (3)).  

On a ainsi laïcisé (ou paganisé ?) le baptême, la contrition et la pénitence. Ce n’est pas le fait du hasard : jadis, la Franc-maçonnerie a créé le GADLU (Grand Architecte De L’Univers) pour détrôner le Dieu des catholiques afin que la France ne soit plus « la fille aînée de l’Eglise ». Beaucoup plus tard, la « terreur rouge » tenta de déchristianiser aussi l’Espagne.

Je dois reconnaître que la déchristianisation, en France, a plutôt bien fonctionné !

On me dit assez régulièrement que je vois le mal partout et que le pèlerin-randonneur « de base », qu’il soit agnostique, athée ou adepte d’une autre religion, n’a pas d’arrière-pensée qui viserait à chasser le catholicisme du Chemin. Je ne lui fais pourtant aucun procès d’intention. Je voudrais simplement qu’il ne se comporte pas en « idiot-utile » (4) et qu’il veuille bien reconnaître que toute notre civilisation, tout ce qui fait que nous ne sommes plus des barbares, est basé sur le décalogue chrétien. Les dix Quels sont les 10 COMMANDEMENTS - Expliqués simplementcommandements de l’Eglise ont inspiré le « Code Napoléon » ; celui qui – bien qu’amendé moult fois – réglemente et régit encore notre vie quotidienne. Dans la vie, je me fais un devoir, un point d’honneur, de respecter la religion (ou la non-religion) de l’autre, de ne pas insulter ses croyances, de ne jamais le blesser dans sa foi.

J’aimerais donc, simplement, un minimum de réciprocité !

Que les ayatollahs de l’athéisme forcené méditent ce que disait, peu de temps avant sa mort, Lazare Hoche, ce général républicain qui « pacifia » la Vendée dans le sang :

« J’estimerai toujours un homme pieux. La morale de l’Evangile est pure et douce, et quiconque la pratique ne peut être méchant…Respect à la religion : elle console des maux de la vie. Je tolère toutes les croyances.  La mienne n’est pas fixée ; depuis longtemps je cherche la vérité… »

On me dit souvent que ceci n’a pas d’importance car l’engouement pour le « Camino » contribue, entre autres, à l’économie de régions pauvres. Oui, en effet, ça fait marcher le commerce ! Car il s’agit bien de business. J’ai découvert avec surprise qu’Aquarius, « la boisson du pèlerin » était estampillée par la Coca-Cola Compagny.  Au train où vont les choses, je ne désespère pas de voir, un jour, « Mac-Do » ou « Quick » proposer un « Hamburger del Pérégrino »…Verra-t-on, demain des « courses à Compostelle », sponsorisées par Adidas, et où les nominés recevront la « Compostella d’or » remise par Jean-Pierre Foucault ?

Il reste à inventer le parfum « Sueur de pèlerin » ou un aérosol « Air de Compostelle », mais je fais confiance aux hommes de marketing, ça viendra un jour ! Et puis, si le commerce doit se développer sous toutes ses formes, je ne désespère pas de voir les dames de petite vertu, chassées de France par des féministes hystériques, venir monnayer leurs charmes sur le « Camino ». Ce qui ne serait pas la pire des choses : je pense, comme Alphonse Boudard, qu’avant la fermeture des maisons closes (Loi Marthe Richard du 13 avril 1946), le divan de ces dames remplaçait avantageusement celui des psychologues et autres charlatans de la détresse humaine (5). Je plaisante, bien sûr, mais le fond est sérieux.

 Où s’arrêtera la marchandisation du Chemin ? J’ai bien peur qu’en y chassant le Divin, il soit dorénavant supplanté par un autre dieu – celui que tout le monde adule et vénère dans notre époque sans repères – : le fric !!!!! Il a déjà sa religion – le matérialisme athée – et ses dogmes – l’individualisme égoïste et l’hédonisme narcissique.

Alix de Saint-André a écrit dans un (mauvais) livre intituler « En avant route ! » : « Un pèlerin, ça fume, ça boit et ça pue des pieds… ». Mais il arrive aussi que ça prie et c’est éminemment respectable !

Heureusement pour moi, ma mémoire est sélective et, au fil du temps, elle ne conserve que les bons moments de la vie, parfois même elle les enjolive. Avec le recul des ans, « mon » Chemin reste un beau souvenir, grâce à quelques rencontres, des paysages, des monuments, l’accueil dans certains gîtes…

Et puis, pour conclure, je souhaite un « Buen Camino » à ceux qui partent car au train où vont les choses, dans quelques années le seul pèlerinage autorisé sera celui de La Mecque, mais les « dhimmis » et les « kouffars » n’y seront pas admis car l’Islam n’aime pas les mécréants.

Éric de Verdelhan

20/09/2023 

1)- Il y a aussi, généralement, les croque-morts des bonnes maisons de Pompes Funèbres. 

2)- Les tueries de journalistes de « Charlie Hebdo » sont venues nous rappeler que l’Islam n’a pas la même tolérance que nous envers le blasphème.  

3)- Et que dire des randonneurs-touristes-badauds qui, à Santiago, se ruent dans la basilique pour applaudir le « butafumeiro », cet encensoir géant qu’on balance en fonction …du bilan financier de la quête ? Qu’ils confondent, allègrement, un sanctuaire religieux et… un cirque ?

4)-Vocable employé, jadis, par les communistes pour désigner leurs complices involontaires.

5)- Si ça peut éviter à quelques laiderons esseulés de draguer lourdement dans les refuges, tant mieux !  

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2 Commentaires

  1. S’il faut entendre les prophéties de Nostradamus, ce pape est l’antéchrist qui sème le doute pour rajouter à la déstabilisation psychique amplement semée par le détenteur du siège de Pt et ses janissaires jumeaux.

    J’ai appris et connu la messe en latin et fut dépitée quand on a abandonné la messe et les prières en latin mais aussi le tutoiement de Jésus et la sainte Marie !!!
    C’était le début de l’abandon progressif du culte catholique…
    Puis il y a eu Vatican II