Cet article est paru le 26 septembre sur le site “Boulevard Voltaire“.
Obama conseille aux pays européens d’accueillir« leur juste part » de migrants. Mais de quoi se mêle-t-il ? Quand les dirigeants européens vont-ils lui dire gentiment de s’occuper de son golf à Hawaï et de cesser de répandre la chienlit près de chez eux ? Car, enfin, si les migrants nous viennent en grand nombre, c’est bien parce que la politique américaine a déstabilisé l’ensemble du monde arabo-musulman. Le rétablissement de la paix en Syrie ne viendra ni du triomphe de l’État islamique qui veut la victoire totale de l’islam, ni du succès des rebelles « modérés » et, plus encore, fantômes qui cachent – mal – Al-Qaïda.
La Syrie de Bachar el-Assad connaissait la paix et les minorités, chrétiennes en particulier, y étaient protégées. Interviewé par Pujadas, cet ophtalmologiste devenu dictateur par accident n’a rien du « boucher » que les médias ont caricaturé et dont Fabius souhaitait publiquement la mort. Lorsqu’il dit que la Syrie, sans être une démocratie comparable aux européennes, en est plus proche que l’Arabie saoudite, il met juste le doigt sur l’incohérence occidentale. Dans le même entretien, il souligne la perte de tout crédit par le gouvernement français« que plus personne ne prend au sérieux ». Sarkozy avait reçu avec éclat Kadhafi et Bachar el-Assad lorsqu’il caressait le projet d’union méditerranéenne. Il a, ensuite, fait tomber le premier en jetant la Libye dans le gouffre islamiste. Cette faute magistrale a été commise avec la bénédiction d’Obama, ravi de l’offre de sous-traitance.
Le prétendu « printemps arabe » a été déclenché par les Frères musulmans, financé par l’argent du Golfe et soutenu par l’Amérique et ses alliés – la Turquie, notamment. La gouvernance française, de Sarkozy à Hollande, a collaboré quand elle n’a pas joué le caniche qui aboie et va se coucher quand on le lui ordonne. La Russie avait laissé faire en Libye. Vladimir Poutine regrette cette faiblesse et paraît décidé à agir en Syrie. Ce serait, là, l’occasion inespérée pour la France de retrouver sa liberté et sa dignité de puissance indépendante. En se rapprochant des Russes, elle pourrait cesser d’être le vassal des États-Unis et le fournisseur des régimes peu démocratiques du Golfe.
Les États-Unis ont vaincu le nazisme et ont permis la libération de notre pays. Ils ont préservé l’Europe occidentale du totalitarisme communiste. Il faut leur en être reconnaissant… mais tout en restant lucide. La politique américaine dans le reste du monde a été catastrophique. Les « succès » américains n’ont nullement été des victoires de régimes démocratiques mais des coups d’État militaires fomentés en partie par la CIA. C’est aussi en utilisant l’islam que Washington a fini par vaincre Moscou, épuisé par son échec en Afghanistan. Depuis, nous subissons les effets de cette « victoire » à la Pyrrhus qui a réveillé un fanatisme assoupi, créé des réseaux et leur a donné de l’argent et des armes.
La France, au cours de son histoire, a su procéder aux alliances de revers avec les Turcs contre l’Empire, avec la Russie tsariste contre l’Allemagne. Elle devrait au moins retrouver son indépendance et servir de médiateur avec une Russie qu’on a trop humiliée. La Russie est notre voisine très complémentaire. Elle partage largement avec nous une identité culturelle. Si elle combat avec plus de vigueur les islamistes que ne le font les nageurs en eaux troubles d’outre-Atlantique, le temps sera venu pour la France de réexaminer des choix contraires à ses intérêts et à sa vocation.
Christian Vanneste
Président du RPF (Rassemblement pour la France)