
La plateforme HelloQuitteX incite les utilisateurs de X à migrer vers les réseaux sociaux Bluesky ou Mastodon. Photo © Yassine Mahjoub/SIPA
« Sous Elon Musk, X est devenu une machine à manipulation de l’opinion. Refusons d’en être complices. » Le collectif HelloQuitteX, fondé par le directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), David Chavalarias a lancé ce 20 janvier une campagne pour inciter les utilisateurs à quitter X. Le site du mouvement met à disposition du public une plateforme, hébergée par le CNRS selon la description de la page dédiée, qui permet aux internautes de transférer toutes leurs données vers deux autres réseaux sociaux : Bluesky et Mastodon.
Le Cercle droit et liberté (CDL), une association de juristes fondée en 2014 qui œuvre pour la défense des libertés publiques, a annoncé déposer plainte contre X ce 23 janvier pour “détournement de fonds publics”. Le chercheur David Chavalarias, à l’origine du projet, a invoqué sa liberté académique pour justifier les liens qui existent entre sa plateforme et les infrastructures du CNRS. Le cercle de juristes dénonce quant à lui de graves infractions. « Nous avons été plus qu’étonnés de constater qu’un salarié du CNRS a détourné les moyens du plus grand centre de recherche de France pour organiser une campagne de boycott contre un réseau social », explique l’avocat et président de droits et libertés, Thibault Mercier. Et de rappeler que le contribuable français « n’a pas à financer un organisme de recherche pour que celui-ci participe à une campagne de boycott ou à une action politique ».
« C’est un véritable enjeu de liberté d’expression »
L’enjeu de cette plainte est de « réussir à déterminer les différentes responsabilités dans cette affaire », explique l’avocat. La responsable du bureau de presse du CNRS Priscilla Dacher assure que le CNRS n’a « ni fondé, ni développé le collectif HelloQuitteX ». Le prestigieux centre affirme toutefois se servir de l’application HelloQuitteX afin de « repérer sa communauté sur Bluesky ». Difficile dès lors d’imaginer que l’institution n’était pas informée de l’usage par la plateforme de ses infrastructures. Le CDL estime ainsi que ce démenti ne suffit pas à exempter le centre de toutes responsabilités : « S’il s’avère finalement que le CNRS n’était pas au courant qu’on utilisait ses serveurs, cela traduit une faute grave de sa part. S’il était au courant, c’est pire. Dans les deux cas cela révèle des dysfonctionnements qu’il faut mettre en lumière. »
Il s’agit de la première plainte déposée par le groupe de juristes. « Nous l’avons fait car nous considérons qu’il est question d’un véritable enjeu de liberté d’expression, reprend Thibault Mercier. La gauche qui porte ce projet affirme qu’elle veut sauver la démocratie grâce une sécession numérique qui lui permettra de ne plus être confrontée à des opinions différentes des siennes. Or la démocratie, c’est justement le débat ! »
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Pauline Condomines
26/01/2025
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