POUVOIR D’ACHAT ! POUVOIR D’ACHAT ! (Marc Le Stahler)

J’ai déjà évoqué cette rengaine à la mode du « pouvoir d’achat », qu’on nous serine à toutes les sauces sur tous les médias depuis des mois. On verra bientôt l’excellent Bruno Le Maire, Ministre de l’Économie des Finances et de la Souveraineté Industrielle et Numérique (ouf, excusez du peu) sauter comme un cabri sur sa chaise en criant « pouvoir d’achat, pouvoir d’achat » !

Il faut dire que, depuis sa méconnaissance en prime time de ce que vaut l’hectare, il a fait des progrès le bougre ; il parle même  maintenant – comme les statisticiens – de « décile » !

Il a même décidé de débloquer 50 milliards d’euros « pour le pouvoir d’achat », justement !
Prenez ça, bonnes gens, soyez heureux et reconnaissants du cadeau de votre bon gouvernement et de son chef l’excellente Mme Borne. N’écoutez pas la NUPES et son lider Maximo qui ont tenté (en vain) de censurer le gouvernement, avant de faire grèves et manifestations violentes à la rentrée pour réclamer une « amélioration du pouvoir d’achat ».

Car 50 milliards d’euros, « ça ne suffira pas » ! Si, si, puisque Mélenchon le dit…

 

 

 

TOUTE LA VÉRITÉ SUR LE FAMEUX « POUVOIR D’ACHAT »

Regardons de plus près, et sur un exemple concret, ce qu’il en est réellement de ce fameux « pouvoir d’achat »…

Soit un salaire brut de 2 500 €.
Les cotisations sociales salariales, retenues sur le salaire brut, sont en moyenne de l’ordre de 20 %, soit 500 €.

Le salaire net résiduel est donc de 2 000 €.

Mais pour avoir une idée précise du « pouvoir d’achat » réel de notre salarié, il convient de retirer l’impôt sur le revenu, désormais retenu à la source. Bien sûr, le taux dépend aussi de sa situation familiale, mais prenons pour exemple une valeur moyenne de 7 % soit 140 €.

Il reste donc (2 000 – 140) = 1 860 €.

Il n’est pas libéré pour autant de la rapacité de l’Etat. Il va devoir payer bien d’autres taxes : la taxe foncière, s’il est propriétaire, la taxe d’habitation, pour ceux qui en payent encore, et d’autres ponctions diverses, comme la taxe audiovisuelle, qui va être supprimée l’année prochaine, comme l’a promis le Premier Ministre.
Pour qu’on ne m’accuse pas de partialité, disons donc que ces taxes ne sont citées ici que pour mémoire…

Mais ce n’est hélas pas fini. Si ces 1 860 € sont intégralement consommés (et non épargnés), notre salarié va encore payer une taxe, à la consommation, cette fois-ci.
Comme vous le savez, différents taux de TVA sont pratiqués.
Prenons donc comme moyenne le taux normal de 20 % frappant la majorité des produits et services qui seront achetés avec ces 1860 €, soit 310 €.

Il reste donc à notre brave homme une somme résiduelle de (1 860 – 310) = 1 550 €.
Pour, je vous le rappelle, un salaire brut initial de 2 500 €.

1 550 €. C’est donc le montant disponible pour un salarié rémunéré sur la base de 2 500 € bruts. Soit 62 % de son salaire brut initial. Son pouvoir d’achat réel, en quelque sorte, ce qui reste quand l’Etat est passé par là, après avoir ponctionné 38 % de la valeur de son travail.
Or, ce salarié n’a pas « choisi » de payer ces 38 %, que les économistes nomment « prélèvements obligatoires » (encore un terme à maîtriser rapidement, M. Bruno Le Maire, surtout que lesdits prélèvements sont, en France, parmi les plus élevés au monde).

LE « COÛT DU TRAVAIL », POUR L’EMPLOYEUR

Voyons maintenant les choses du côté de l’employeur. Car l’Etat ne saurait se servir QUE dans les poches du salarié !

Sur ce même salaire brut de 2 500 €, l’employeur verse donc une cotisation patronale (moyenne) de l’ordre de 40 %.
Soit 1 000 €.

L’employeur supporte donc un coût global (salaire + cotisations patronales) de (2 500 + 1 000) = 3 500 €.

CONCLUSIONS

Pour un salaire brut de 2 500 €, qui coûte à l’employeur 3 500 €, le salarié dispose donc, après paiement des cotisations, impôts et taxes diverses, d’une somme résiduelle de 1 550 €.

Somme qui représente son vrai « pouvoir d’achat ».

La différence (3 500 – 1 550) soit 1 950 € d’impôts et de taxes diverses se retrouve, d’une manière ou d’une autre, dans les caisses de l’État.

L’Institut Molinari calcule ainsi, chaque année, ce qu’il nomme le « jour de libération fiscale », c’est-à-dire le jour de l’année où vous commencez à travailler pour vous, et non plus pour l’Etat !

En 2021, ce jour avait été fixé au 27 juillet (soit le 210ème jour de l’année). Ce qui revient à dire que 57,5 % de vos revenus (210 jours sur 365) sont finalement – retenus à la source ou sur votre consommation -, taxés par l’Etat.

Notez que l’Institut Molinari est plus pessimiste (ou plus objectif) que moi, qui n’arrivais « qu’à » 38 % (100 – 62).
Il doit, à coup sûr, intégrer une partie des cotisations employeurs qui sont aussi – évidemment – des cotisations versées à l’Etat et qui auraient pu, au moins en partie, bénéficier au salarié. Je ne l’ai pas fait pour éviter d’être accusé de mauvaise foi…

Pardon pour tous ces chiffres, mais c’est bien là que je voulais en venir…

Étiez vous conscient que vous travailliez, en France, environ un jour sur deux pour l’État ?

Quand on vous parle de « pouvoir d’achat » et qu’on évoque des causes exogènes (production, importation, balance commerciale, dette, énergie, guerre, etc…) on occulte totalement le coût de l’Etat, l’un des plus élevés au monde par habitant !

C’est donc bien là qu’il faut agir ! Il ne faut pas systématiquement recruter de nouveaux fonctionnaires, comme le prétendent certains (dont l’objectif politique réel est en fait d’affaiblir la France).

Non, il faut GÉRER l’État !

Il y a évidemment des secteurs où il FAUT recruter, mais d’autres où c’est inutile, et d’autres encore où c’est fortement déconseillé et où il faut même « dégraisser le mammouth » ! (*)

Il faudra aussi parvenir à alléger, voire supprimer, la lourdeur rigide du statut des fonctionnaires, interdisant toute souplesse, et rendant particulièrement difficile toute mutation d’un ministère à un autre, réduisant ainsi considérablement les possibilités de mutations d’un service pléthorique vers un service en déficit d’effectifs.

Les décisions doivent résulter d’une analyse de chaque fonction de l’État, de chaque secteur, et de réorganiser ce qui peut et doit l’être. De supprimer aussi les coûts inutiles générés par les redondances et le millefeuille administratif (communes, regroupements de communes, départements, régions, Etat central, Europe) ! Il y a la Cour des Comptes, pour faire ce genre de travail… Encore faudrait-il mettre au travail les “Conseillers référendaires à cette Cour”, comme pouvait le suggérer l’inénarrable Hollande en 1989 (lire la vidéo n°6 de la vidéothèque de Minurne)…

C’était la vocation de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques), excellente initiative instaurée par Sarkozy et évidemment supprimée par Hollande.

Le même Hollande, qui a même fait une prétendue réforme régionale qui, en supprimant une partie des régions, a réussi l’exploit de finalement générer un coût global final supérieur à ce qu’il était antérieurement. Chapeau l’artiste ! (**)

En conclusion, il n’y a qu’un seul moyen imparable, efficace, pérenne, d’améliorer le pouvoir d’achat, c’est de réduire le coût de l’État le plus cher du monde. Tout le reste n’est que propos de bistrot !
Seuls ceux des politiques qui appellent à une réforme sérieuse et cohérente de l’État sont crédibles !

Quoi ? Il n’y en a pas ? Vous êtes sûrs ? N’avez-vous pas laissé passer un certain Eric Zemmour qui avait compris ce problème ? Et qu’il fallait notamment supprimer un certain nombre de lourdes charges inutiles, voire nuisibles ?

Marc Le Stahler

11 juillet 2022

(*) La population active est en France de 30 millions de personnes, dont 5,7 millions de fonctionnaires, dotés, comme chacun sait, d’un statut spécial et bénéficiant de la protection de l’emploi. « En France, on ne recrute pas de fonctionnaires », dit-on au Canada « on les adopte »…
L’expression « dégraisser le mammouth » avait été prononcée par Claude Allègre, évoquant en 2012 les effectifs de l’Education Nationale. Il ne s’agit pas seulement de « dégraisser » pour le principe. Encore un fois, il s’agit plutôt de « gérer » afin de déterminer les effectifs nécessaires au bon fonctionnement de l’administration, service par service.

(**) Selon la Cour des comptes, les dépenses de fonctionnement des régions françaises, loin de baisser, ont connu une croissance de près de deux milliards d’euros entre 2015 et 2018.  Celles des régions fusionnées augmentant trois fois plus vite que celles des régions inchangées. À l’exception des Hauts-de-France, les nouvelles régions ont en effet systématiquement choisi d’aligner par le haut leurs régimes indemnitaires. 
Les gains en termes d’efficacité semblent avoir été très limités. Confrontées à une réforme menée tambour battant, la plupart des nouvelles régions ont choisi dans un premier temps de procéder par addition ou agrégation de structures, plutôt que de repenser leur organisation.

(Source : Vie Publique, parole d’expert)

 

 

 

2 Commentaires

  1. Bonjour Marc. Belle démonstration concernant nos salaires (pour moi, c’est rretraite, mais c’est pareil). Nous payons pour tous ces gens qui n’ont rien à faire sur le sol de notre Patrie.La polynésie l’a dit clairement en défilant dans les rues de Papeete : pas de musulmans chez eux ! Qu’attendon pour faire la m^$eme choe en France ? Pourquoi nos députés et sénateurs n’utilisent -ils pas l’article 68 de la Constitution qui permettrait de “démissionner” Macron ? sans doute que la soupe est encore très bonne dans les deux palais ! Quand ressort-on les piques et les fourches ? quand ressort-on la guillotine ? J’en ai assez de toujours payer pour des Africains dont la plupart ne vivent que grâce à notre argent (via les allocations qui leur sont données). Mais, pour nos agriculteurs, nos chefs de PME, notre police et nos gendarmes, là …. il n’y a plus rien ! Bizarre ! J’attends avec impatience de voir quels seront les invités de Macron à l’Elysée demain après le défilé … Mais, là, ils viendnront sans mortier, sans kalachnikov, sans couteau ! ce sera pour profiter d’un palais que son locataire a quelque peu détruit en 5 ans ! et certains l’ont réélu pour encore 5 ans ! que va–il rester des beautés de la France ? Georges Pilement (un auteur que je ne connaissais pas) l’avait prévu dès 1976 dans son livre : “France ta beauté fout le camp”. On ne rouve plus ce livre aujourd’hui qu’en occasion sur le Net pour 1,60 Euro….. Dur ! dur ! d’être un Français par les temps qui courent sans éprouver une honte indicible …..

  2. Oui bien vu mais reste à savoir ce que l’état fait donc de l’argent qu’il récupère ? Sans doute rembourse-t-il la dette (plus de 3000 milliards d’euros à ce jour) qu’il ne cesse d’augmenter en empruntant (jusqu’ici à taux négatifs mais ça change….), mais aussi et pour se faire bien voir des uns et des autres, distribue-t-il l’argent à des tas de gens qui ne devraient pas y avoir droit en particulier les non français ! (mais la préférence nationale n’a pas lieu d’être selon un ministre…..Par contre pour les impôts ….Si ! Et enfin distribuer des milliards pour le TGV du Maroc, le métro d’Abidjan ou les canons CAESAR pour l’Ukraine ca coûte combien aux contribuables français (enfin ceux qui paient )? Sans compter qu’avec la retenue à la source l’état se sert en premier et sans plus trop de difficultés ….

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