« Je regrette, militaire, mais je refuse de serrer une main qui foule aux pieds les droits imprescriptibles de la personne humaine !… »
Hergé / Professeur Tournesol (1).
« De mon temps » comme disent les vieux, les bandes dessinées, qu’on n’appelait pas encore BD, n’étaient ni violentes, ni méchantes, ni salaces ou pornos. Elles prônaient, souvent avec humour, ce que l’on considérait à l’époque comme moral et normal. Comme ceux de ma génération, j’ai été bercé par les albums de Tintin, puis, plus tard, par ceux d’Astérix ; ceux de René Goscinny et Albert Uderzo car depuis que leurs successeurs ont repris le flambeau en nous concoctant des histoires qui répondent au « sociétalement correct », je n’achète plus les albums du petit Gaulois.
Quant à Tintin, à chaque exposition – comme celle du Grand Palais il y a quelques années – la gauche morale et donneuse de leçons se déchaîne. Les racialistes, islamo-gauchistes, décoloniaux et autres ennemis du « mâle blanc » montent au créneau pour dénoncer Hergé qui serait, selon eux, un affreux fasciste. Certains n’hésitant pas à le traiter carrément de nazi. Or vous savez que, dans notre pays, on a le droit d’admirer Staline, Mao Zédong, Pol Pot, Fidel Castro et quelques autres criminels responsables de 100 à 150 millions de morts dans le monde (2). En revanche, si vous osez dire que Rommel ou Guderian ont été de grands stratèges militaires ; si vous aimez lire Renaud Camus, Patrick Buisson ou Eric Zemmour ; si vous êtes climato-sceptique ; si vous critiquez le diktat des minorités, vous êtes fasciste, pétainiste, poujadiste, complotiste, populiste ou… nazi.
J’ai souvent dit que j’attendais, sans y croire, qu’on face un jour un procès de Nuremberg du communisme mais, comme dit l’adage populaire : « Ce n’est pas demain le veille ! »
Qui était, en réalité, Rémi Georges – « RG » – alias Hergé ? Et pourquoi lui attribue-t-on un passé sulfureux qui justifierait le boycott, l’interdiction voire l’autodafé de ses albums ?
Au début des années 1930, Hergé, qui débute dans la vie active, collabore avec la droite nationale belge. Entre autres avec l’abbé Wallez, maurassien, qui dirige un journal catholique « Le vingtième siècle ». Et Hergé devient, en 1928, le directeur du supplément destiné aux enfants intitulé « Le petit vingtième ». Je ne vois pas ce qu’il y a de répréhensible là-dedans ? Mais on lui reproche aussi ses relations, son amitié, avec Léon Degrelle (1906-1994), or qui était Degrelle ? Écrivain puis journaliste catholique, Léon Degrelle a été le directeur des éditions « Christus-Rex » en 1930. Cette maison d’édition était effectivement catholique et très marquée à droite. Puis Degrelle créera le mouvement « Rex » qui évoluera du nationalisme au fascisme. Son mouvement se rapproche du national-socialisme au cours de la Deuxième Guerre Mondiale. Degrelle collabore avec l’occupant avant de combattre sur le front de l’Est avec la division « Wallonie ». Pour faciliter l’intégration de sa division à la Waffen-SS, le mouvement « Rex » soutient la « germanité des Wallons ».
Léon Degrelle termine la guerre comme Obersturmbannführer « Volksführer der Wallonen ».
Condamné à mort par contumace le 29 décembre 1944, il gagne, fin avril 1945, le Danemark puis la Norvège, pays encore sous contrôle allemand. A Oslo, il réquisitionne un avion et il finit par atterrir en catastrophe sur une plage de Saint-Sébastien en Espagne. Sa présence embarrasse Franco, (qui héberge déjà Pierre Laval). Degrelle vivra en Espagne une cinquantaine d’années après avoir obtenu la nationalité espagnole.
Mais que vient faire Hergé dans cette histoire ?
En 1932, lors des élections législatives belges, Léon Degrelle assure la propagande électorale du Parti Catholique. Durant la campagne, il utilise des affiches dessinées par Hergé ; affiches jugées « particulièrement odieuses et xénophobes » par la gauche morale : elles représentent une tête de mort portant un masque à gaz et sont assorties de la légende « Contre l’invasion, votez pour les catholiques ! ». Je ne vois pas ce qu’il y a de xénophobe dans le fait de craindre une « invasion » (qui, à l’époque, n’était pas particulièrement « colorée » ?). Arrêtons de juger l’histoire avec nos mentalités aseptisées du XXI° siècle ! En 1936, chez nous, le « Front populaire » – de gauche – tenait les mêmes propos contre l’immigration jugée trop massive des italiens, entre autres.
Mais « qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ». Durant l’occupation de la Belgique, Hergé intègre l’équipe de rédaction du journal « Le Soir ». Ce journal est dirigé par Raymond De Becker, ex démocrate-chrétien devenu nazi. Ce quotidien tirera jusqu’à 300.000 exemplaires, ce qui est énorme.
Les bandes dessinées de Tintin sont, nous dit-on, l’une des raisons de ce succès.
On peut toujours raconter n’importe quoi. Il n’empêche qu’après la guerre, à une époque où on épurait les « collabos » en Belgique comme en France, Hergé ne sera pas inquiété par la justice.
Degrelle affirma jusqu’à sa mort qu’Hergé s’était inspiré de son personnage pour créer Tintin. Affirmation réitérée dans ses mémoires posthumes publiées six ans après sa mort (3).
Vrai ou faux ? Ceci n’a pas grande importance. Une chose est certaine, Degrelle ne faisait pas partie du groupe d’amis d’Hergé et n’a pas été invité à son mariage en 1932. On sait seulement qu’ils ont tous deux invités à diner chez l’abbé Wallez, le directeur de leur journal en 1928. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat. Dîner chez son patron avec un autre salarié n’est pas un crime. C’est même assez courant. Personnellement, j’ai effectué le plus gros de ma carrière d’inspecteur d’assurance IARD (4) dans une mutuelle dont la majorité de l’encadrement – moyen et supérieur – était socialiste. Ceci ne fait pas de moi un comparse de l’idéologie de ces gens-là. Ils connaissaient mes idées mais me jugeaient sur mon travail. Si je n’ai pas terminé ma carrière dans le Comité de Direction c’est que, n’étant ni de gauche ni franc-maçon, je n’y avais pas ma place, un point c’est tout !
Certains plumitifs de gauche considèrent Tintin comme un moyen d’intoxiquer la jeunesse car il serait le modèle du petit Blanc raciste et méprisant à l’égard des Noirs (« Tintin au Congo »), anticommuniste (« Tintin au pays des soviets ») et antisémite (« L’étoile mystérieuse »). Et les mêmes nous disent qu’Hergé a distillé durant des décennies, aux « jeunes de 7 à 77 ans », le poison de la morale la plus réactionnaire qui soit. Moi, j’avais plutôt l’impression que le poison venait d’une presse gauchisante à 90% (5) qui intoxique nos enfants à coup d’idéologie LGBT +++, de théorie du genre, de wokisme, de racialisme, d’écolo-gauchisme, etc…etc…
Alors de grâce, Messieurs les « Maîtres-Censeurs » (6), foutez la paix à Hergé et à Tintin !
Éric de Verdelhan
7 septembre 2024
1)- Dans l’album « Tintin et les Picaros ».
2)- Fourchette retenue dans le « Livre noir du communisme » ; Robert Laffont ; 1997.
3)- « Tintin mon copain » de Léon Degrelle Éditions du Pélican d’or, 2000.
4)- IARD = Incendie, Accidents et Risques Divers.
5)- Au début des années 2000, un sondage du journal – de gauche – « Le Monde » m’apprenait que les journalistes français étaient de gauche ou « avait une sensibilité de gauche » à… 92% ; et on ose nous parler de pluralité de l’information !
6)- Selon l’expression d’Elisabeth Levy.
Comme vous, j’ai abandonné Asterix après la disparition des regretté fondateurs. Sans regrets.