ALLOCUTION DE JACQUES MYARD (27 avril 2025)
JOURNÉE DE LA DEPORTATION
Membre Honoraire du Parlement
Maire de Maisons-Laffitte
Président du Cercle Nation et République
Président de l’Académie du Gaullisme
La bataille de France fut une très grande bataille.
Le 22 juin 1940, l’armistice est signé dans la forêt de Compiègne au lieu même où le 11 novembre 1918 les armées du Kaiser, refusant leur défaite, délèguent à des civils la signature de l’Armistice.
Défaite après la drôle de guerre, l’armée française entre le 10 juin et le 30 juin perd 55 000 hommes et compte 123 000 blessés ; la Wehrmacht 30 000 tués et 117 000 blessés.
Ces chiffres prouvent la dureté de la bataille.
À Saumur le 19 juin, une poignée de jeunes élèves officiers résistent face à une division allemande. Le général Feldt leur donne le nom de cadets, leur permet de repartir libre vers la ligne de démarcation et leur rend les honneurs militaires.
Le 22 juin 1940, l’armistice est signé, les ténèbres tombent alors sur la France.
Les hurlements des chiens la nuit annoncent les arrestations arbitraires, le malheur.
Écoute enfant la haine qui rôde, elle guide toujours les tortionnaires. Les souvenirs, les ombres reviennent,
Les souvenirs sont-ils une pure malédiction qui ne vous lâche pas ? Les souvenirs sont une grâce qui abolit la mort. Une grâce qui fait renaître les innocents assassinés par les barbares, les monstres.
L’Alsace notre chère province devient « Terre du Reich ». Les nazis mettent tout en œuvre pour la germaniser sous la férule implacable du Gauleiter Wagner, le bourreau de L’Alsace. Il jure de rendre l’Alsace Judenrein. Il est condamné à mort à la libération et exécuté le 14 août 1946 au Fort Ney.
Les jeunes alsaciens sont incorporés de force la Wehrmacht, ils vivent la tragédie des « Malgré-nous » envoyés sur le front de l’est, beaucoup y sont tombés.
Les nazis réalisent dans la commune de Natzwiller le camp de Struthof, un camp de concentration, une blessure mortelle dans le martyre de l’Alsace.
Pour y accéder, il faut gravir les escaliers du diable, dit Eugène Marlot, un déporté : « Tomber c’est s’exposer aux injures, à la schlague des Kapos ».
Le commandant du camp Joseph Kramer hurle : « Vous entrez par la porte, vous sortez par la cheminée ». Les déportés l’appellent la bête. Arrêté par les Britanniques, il est pendu le 13 décembre 1945.
52 000 détenus ont été déportés au Struthof, 22 000 y sont morts.
En mai 1941, près de 7 000 juifs étrangers reçoivent une convocation sur papier vert. Le récipiendaire est invité à se présenter le 14 mai 1941 à 7 h 00 pour examen de sa situation. « Prière de vous munir de pièces d’identité ». 2 000 juifs étrangers flairent le danger et s’enfuient. Naïfs, convaincus de la magnanimité des lois françaises, les autres se rendent à cette convocation. Ils tombent dans le piège de la Gestapo dirigée à Paris par le sinistre Theodor Dannecker.
Ils sont internés au camp de Beaune la Rolande, dans le Loiret et de Pithiviers avant d’être déportés en Allemagne.
Drancy le 31 août 1942
« Ma chère Gisèle,
Cette carte pour t’annoncer notre départ vers l’inconnu.
Surtout n’envoie pas de colis.
Ne pleure pas. Ici nous sommes tous courageux.
Ne pleure pas. Sois courageuse.
Je pars ce matin.
Mille baisers »Malka Goldblum
L’ennemi est sans pitié, il torture.
Le résistant ne comprend pas pourquoi on lui présente une baignoire.
Il va suffoquer et perdre connaissance. Certains parlent à travers leurs cris de douleur, d’autres expirent sans parler, puis leur corps pantelants, martyrisés rejoignent les fosses communes.
L’ennemi est sans pitié, tirant des otages de prison, il les fusille. Laissant pour l’exemple les corps en plein soleil pendant plusieurs jours, place Bellecour à Lyon.
La nuit, l’espoir vient de Londres, la voix de la BBC est d’abord très faible mais jours après jour elle s’amplifie, la voix de de Gaulle forte et claire captive.
Les messages personnels alimentent le mystère de la guerre secrète.
« J’aime le chocolat
Grand-père fait du ski »
Pierre Dac rejoint Londres en 1943. Il reprend un slogan fameux :
« Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand ».
En dépit des brouillages, des interdictions, des menaces, les messages de la BBC de l’émission « Les Français parlent aux Français » sont de plus en plus écoutés.
« Il ne faut pas désespérer, on les aura
Il ne faut pas vous arrêter de résister.
N’oubliez pas la lettre V
Sur les murs…
Faites des V ».
L’ennemi est sans pitié.
Face à la barbarie ils se sont levés
Laure Diebold une jeune Alsacienne alias Mado, secrétaire de Jean Moulin, qui est arrêtée le 21 juin 1943 à Caluire et Cuire, Mado poursuit son travail avec les successeurs à la tête du CNR.
Le 25 septembre 1943 elle est prise. Le 17 janvier 1944 elle est déportée. Elle arrive à Buchenwald puis Ravensbrück.
De Gaulle la nomme compagnon de la libération le 20 novembre avant de revenir en France.
Elle revient en piteux état le 10 mai 1945. L’ennemi est sans pitié.
Face à la barbarie, ils se sont levés partout, refusant l’asservissement de la Nation.
Dans le Lot-et-Garonne Antoine Merchez assure la liaison de Beck à la tête de la résistance.
Marguerite Merchez, née à Agen, fille d’Antoine, intègre le réseau Hilaire-Buckmaster. A partir d’octobre 1942, elle organise les transports d’armes et les passages d’aviateurs alliés en Espagne.
L’ennemi est sans pitié.
Geneviève de Gaulle, nièce, du Général, forte de sa foi dès la débâcle, entre en résistance sous le nom de Germaine Lecomte. Elle distribue des tracts, rejoint le réseau du musée de l’Homme puis le réseau de la défense de la France.
« Ce qui est inacceptable, c’est l’humiliation, la lâcheté, qu’on ne se batte pas, qu’on prenne le parti de se soumettre ; on doit se battre jusqu’au bout contre un ennemi pareil ».
Le 20 juillet 1943 elle est arrêtée, envoyée à Ravensbuck. Elle est libérée le 20 avril 1945, elle a 24 ans et pèse 44 kilos.
« Homme libres qui mourez en ce moment dont nous ne savons pas les noms,
Hommes libres qui mourrez seuls, à l’aube entre les murs nus et livides,
Hommes libres qui mourrez sans amis et sans prêtres,
Hommes libres qui mourrez le défi à la bouche,
Le soupir qui s’échappe de vos poitrines crevées par les balles, n’est entendu de personne,
Mais ce faible souffle est celui de l’ESPRIT »Georges Bernanos
Enfant joyeux dans la gloire du soleil,
Enfant joyeux qui vit dans la renaissance du printemps,
Les lilas fleurissent,
N’oublie jamais,
Gloire aux innocents assassinés,
Gloire aux résistants debout,
Gloire aux justes qui sauvent l’Humanité !
Vive la République !
Vive la France !
Jacques Myard
27 avril 2025
NDLR : Tout ce qui peut contribuer à rétablir une vérité dramatique souvent niée, voire bafouée, mérite sa place sur Minurne Résistance.
Merci à M. Jacques Myard pour cette brillante allocution qu’il a bien voulu nous envoyer.
Elle complète le document que nous avons publié concernant le Mémorial de la Shoah que nous vous conseillons vivement de découvrir (si ce n’est pas déjà fait).
Merci pour cet excellent article, mais moi qui suis mosellan, je me sent oublié, on ne parle que de l’Alsace alors que la Moselle a connu le même sort avec son lot de déportation, de chasse au juifs, de Malgré-Nous incorporé dans la Wermacht, Monsieur Myard, votre article est incomplet et ce manque réalisme me choque.