MONNAIE DE SINGE… (Jean Goychman)

Créer de la monnaie à partir de rien…

Sans remonter trop loin dans le temps, la « monnaie » (Moneta en latin) fut ainsi nommée car les deniers romains étaient frappés dans le temple de Junon. Ce moyen pratique permettait l’échange de biens ou de services qui, pendant longtemps, avaient fait l’objet de troc.
Voici une brève histoire de celle-ci, qui porte sur son évolution et comment ceux qui dirigent aujourd’hui le monde ont réussi à en prendre le contrôle, en généralisant l’émission de « fausse monnaie ».

 

 


DE L’OR AU PAPIER

Depuis le moyen-âge, les pièces d’or et d’argent s’étaient généralisées, probablement parce que les métaux précieux étaient rares et surtout non sensibles à la corrosion, tout en étant très ductiles. Une évolution intéressante s’était produite au fil du temps sous forme d’une pratique devenue courante exercée par les orfèvres, qui faisaient commerce de l’or. Les rues n’étant pas sûres et les habitations non plus, leurs clients avaient pris l’habitude de laisser l’or qui leur appartenait dans leurs coffres et d’obtenir un « certificat de possession d’or » qu’ils donnaient en contrepartie lorsqu’ils réalisaient des achats.

Ces certificats étaient de moins en moins échangés contre de l’or par les vendeurs qui prirent l’habitude d’en faire un moyen de paiement pour leurs propres achats.

Ainsi naquirent, vers la fin du dix-septième siècle, les billets de banque, prolongements logiques de ces certificats. Toutefois, la contre-valeur de ces billets de banque s’exprimait par une certaine quantité d’un métal donné, généralement de l’argent pour les faibles valeurs et de l’or au-delà.

Ces billets gardaient encore leur convertibilité en or, c’est à dire que la banque qui les émettait pouvait les échanger contre leur valeur en or.

En théorie, la totalité des billets émis devait être couverte par le stock d’or de la banque.
En réalité, les banquiers, dignes héritiers des orfèvres, avaient depuis longtemps réalisé que seule une faible part de ce stock partait vers l’extérieur. Ils prirent ainsi quelques libertés et imprimèrent un peu plus de billets qu’ils n’avaient d’or en réserve. Ainsi naquît le système des « réserves fractionnaires ».

DE LA BANQUE D’ANGLETERRE A LA RÉSERVE FÉDÉRALE

La révolution anglaise de 1688, renforçant les pouvoirs du Parlement, empêchait Guillaume d’Orange de lever l’impôt comme il le souhaitait pour financer ses guerres. D’origine allemande, il fit appels à des compatriotes banquiers pour venir à son secours. Ceux-ci acceptèrent à la condition qu’ils créent leur propre banque qui s’appellerait la « Banque d’Angleterre »

Elle lui prêterait les sommes dont il avait besoin et, en échange, obtint le droit d’émettre pour un certain montant des billets supplémentaires. Naturellement, tout ce qui était prêté au Trône faisait l’objet de paiement d’intérêts.
Cette banque fut créée en 1694 et servit de modèles à toutes les banques centrales suivantes.

A l’époque, la norme pour la monnaie était d’être adossée à l’or et à l’argent. La Banque de France fut créée en 1800 et l’unité monétaire était le « Franc-or » connu sous le nom de « Napoléon » pièce frappée à son effigie. Cette monnaie a gardé une valeur constante jusqu’en août 1914, date à laquelle elle perdit sa convertibilité en or car la Banque de France, comme les autres banques centrales des pays belligérants, devaient financer la guerre par le crédit et donc la « planche à billets », ainsi que par l’emprunt.

C’est la création de la Réserve Fédérale en décembre 1913 qui, conjointement à la Banque d’Angleterre, a permis une autre partie de ces financements, notamment parce que les emprunts qu’elles consentaient à leurs pays respectifs étaient garantis par l’impôt payé par les contribuables et ceci figurait dans la loi qui établissait ce système de banques.

En France, cet impôt ne fut payé qu’à partir de 1916.

LA RÉSERVE FÉDÉRALE, VICTOIRE DES BANQUIERS INTERNATIONAUX

Après plus d’un siècle de guerre incessante entre les tenants d’une banque centrale « indépendante », ceux qui voulaient que la constitution américaine soit respectée en donnant au peuple américain le contrôle exclusif de sa monnaie, et les banquiers internationaux, qui voulaient reprendre l’exclusivité de ce contrôle, ce fut ces derniers qui gagnèrent et la FED vit le jour ».

On prête à Mayer Amshel Bauer (fondateur de la lignée des Rothschild) la phrase :

« Si j’imprime les billets, je me moque de qui fait les lois »

Même apocryphe, cette phrase explique parfaitement le pouvoir exorbitant que détiennent ceux qui contrôlent l’émission de la monnaie. Convaincre le peuple américain de se laisser ainsi berner n’a pas été chose facile et de nombreux ouvrages font le récit des différentes étapes.

On retiendra simplement qu’il a fallu plusieurs tentatives pour imposer cette banque centrale ainsi qu’une crise financière orchestrée en 1907, une réunion secrète à l’île Jekill fin 1910, un changement de Président en janvier 1913 et une longue bagarre au Congrès, pour aboutir à l’adoption (sans majorité) du Federal Reserve Act le 23 décembre 1913 à 23h 30.

Cependant, cette prise de contrôle de la monnaie américaine n’était que partielle, car le dollar restait lié au cours de l’or par le « Gold Exchange Standard » qui limitait la quantité d’émission de billets. Les banquiers qui possédaient la FED s’employèrent à faire disparaître cette ultime barrière qui allaient leur permettre de créer sans limite de la monnaie à partir de rien et sans contrepartie économique, ce qui correspond assez bien à la définition de la fausse monnaie.

Ceci fut réalisé le 15 août 1971, par le discours de  Nixon à la Maison Blanche. Il ouvrait ainsi une nouvelle ère, qui perdure encore mais dont plusieurs économistes prédisent la fin prochaine.

Jean Goychman

20 juillet 2022

 

 

 

2 Commentaires

  1. Cet article très interessant tombe à pic. En effet, le capitaine Alexandre Juving Brunet propose la création du franc libre avec émission de billets en francs. Les personnes doivent payer en euros leur souscription et recevront des francs papiers au 15 septembre. Avec le montant de la souscription, des terrains agricoles seront achetés. Le franc libre sera donc adossé à la terre. Des écononomistes ont signalé que l’adossement à des biens matériels comme l’immobilier rendrait la proposition pas tenable dans le temps, car il fallait adosser la monnaie sur d’autres types de biens comme l’or, l’argent, etc. Et de plus qu’il n’ a pas été organisé un moyen de contrôle. Que pensez-vous de cette initiative qui semble alléchante et permettrait à terme de se soustraire de l’euro ?

    • L’idée de lier la monnaie au prix des terrains peut être intéressante car on peut supposer que ces prix vont augmenter en raison des pénuries à venir. Mais il vaut mieux pour une monnaie être adossée à une valeur la plus constante possible et, de ce point de vue, l’or garantit une grande stabilité à la monnaie (ex Franc Napoléon) Tout dépend si on prend en compte l’intérêt du peuple où celui des financiers qui, eux, vont tirer un profit énorme en créant de la monnaie contre intérêt et à partir de rien.
      C’est tout le problème de la création monétaire.
      Si il y a de la croissance, ont peut créer de la monnaie à concurrence de cette croissance, puisqu’elle correspond à une création de richesse
      Sinon, cela entraine une perte de valeur pour la monnaie qui s’ajustera de toutes façons.
      Le fait d’avoir une convertibilité-or oblige donc le pays a augmenter son stock d’or s’il créée de la monnaie, et il ne peut se faire que si il dégage des bénéfices en devises.
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