LE « MENTIR-VRAI » (Éric de Verdelhan)

Je dois avouer, humblement, que « mon » carême aura été moins contraignant que ne l’est le ramadan pour les suppôts de Mahomet. Le carême chrétien, c’est un temps liturgique de dévotion à Dieu, associé à une alternance de jours de jeûne et d’abstinence.  Institué au IV° siècle, il est d’une durée de quarante jours en référence aux quarante jours de jeûne de Jésus-Christ dans le désert. Le carême doit être, pour les fidèles, une période de prière en préparation de la fête de Pâques. Il faut alors manger moins et diminuer les aliments carnés. « Carême » provient du latin « quadragesima », qui signifie « quarantième ». Cette coutume ne remonte pas à la mort du Christ. Les jours précédents la Pâque, ni Jésus-Christ ni ses disciples n’ont jeûné. Les récits des Évangiles indiquent qu’à Béthanie, quelques jours avant sa mort, ses disciples et lui ont pris des repas normaux voire copieux (1).

C’est au concile de Laodicée (363-364) que fut prescrite la « xérophagie », c’est-à-dire l’usage exclusif du pain et des fruits secs pendant le temps de carême. Au VII° siècle, le carême a été établi dans son calendrier actuel. À cette époque, le jeûne consistait à ne prendre qu’un seul repas en fin de journée et à s’abstenir de toute nourriture les jours du vendredi et du samedi saints.

Dans le rite latin, les trois dimanches précédant le carême — la septuagésime, la sexagésime et la quinquagésime — étaient inclus dans la préparation de Pâques. Cependant, les prescriptions de jeûne se relâchèrent très vite et, dès le XIII° siècle, le repas de midi était autorisé et complété par une légère collation le soir. Les fidèles doivent jeûner au minimum les jours du mercredi des cendres et du vendredi saint (et faire abstinence de viande tous les vendredis). Dans le folklore populaire, le mercredi des cendres est précédé par le mardi-gras et le carnaval, mot qui signifie « ôter la viande » (carnelevamen) en latin.  Je ne suis pas en train de vous faire un cours d’instruction religieuse ou de catéchisme (2) – je suis assez mal placé pour ça ! – mais j’ai besoin de quelques circonvolutions en préambule à mon article d’aujourd’hui pour vous dire qu’après un carême « light », le jour de Pâques, j’ai mangé une côte de bœuf agrémentée d’une noix de foie-gras poêlé, et, pour arroser le tout, j’ai trouvé aux tréfonds de ma cave, une bouteille de Margaux, un « Château prieuré-Lichine » de… 1995. Sans doute un cadeau dont j’avais oublié l’existence ?

Et j’ai eu une pensée et même, disons-le, de la pitié pour les végans, végétariens, végétaliens, antispécistes et autres tristounets, nourris au boulgour et au quinoa, qui ne connaissent pas le plaisir de savourer une viande excellente, grillée au sarment de vigne, et arrosée avec un grand Bordeaux.

Ce bonheur simple a aussi inspiré mon article du jour à savoir, la capacité de notre époque à « mentir-vrai » et à culpabiliser ceux qui ne gobent pas les bobards qu’on voudrait leur faire avaler.

Pour savoir si quelqu'un vous ment, utilisez ce guide facile des signes de langage corporel !« Le mentir-vrai », c’est le titre d’un mauvais roman de Louis Aragon (qui, soit dit en passant, aurait mieux fait de se cantonner à la poésie) mais cette crapule stalinienne en connaissait un rayon en matière de mensonge imposé comme une vérité puisqu’il a fait partie des « intellectuels » qui nous ont vendu le paradis des Soviets et qui ont nié l’existence du Goulag pendant des décennies.

Le début de mon article est une illustration du « mentir-vrai » : on nous sérine matin, midi et soir, que la viande est mauvaise pour la santé, que l’élevage est une catastrophe pour la planète, que les pets de bovins sont responsables du réchauffement climatique. En fait, tout ceci n’a qu’un but ; favoriser la fabrication de viande de synthèse (comme le steak de soja). Pour enrichir des sociétés multinationales qui commercialisent de la malbouffe et nous préparent un monde d’obèses, les mondialistes sont prêts à sacrifier notre paysannerie. On voudrait nous faire croire que c’est pour notre bien, or  je ne suis pas scientifique mais je sais que les vaches éructent du méthane, c’est-à-dire qu’elles rotent plus qu’elles ne pètent.

Et la couche d’ozone n’est pas affectée de façon significative par le méthane. C’est un gaz à effet de serre qui disparaît assez rapidement. « En comparaison, le dioxyde de carbone (CO2) d’une voiture prend environ 1000 ans avant de disparaître de l’atmosphère, alors que le méthane (CH4) émis par la vache provient de la nature et des plantes qu’elle a mangées », nous explique Jean-Philippe Laroche, un agronome expert en production laitière. On suppose qu’il connaît son sujet.

Le mensonge est inhérent à la nature humaine. Je dirais même qu’il est parfois nécessaire.

Certains mensonges sont inoffensifs, comme celui qu’on nomme « mensonge blanc » et qui ne fait de tort à personne. C’est l’excuse classique, inventée pour s’éviter un dîner trop mondain, une soirée barbante, la visite d’un emmerdeur ou d’un importun,  que sais-je encore ?

Dire « pas de chance, je suis pris ce jour-là », après tout, ça me mange pas de pain !

On peut également comprendre, et excuser, le « mensonge altruiste » ou « diplomatique » ; celui qu’on commet pour ne pas peiner un ami, un enfant, un proche, etc… Dire, par exemple, à un peintre-amateur que ce qu’il fait est « plutôt pas mal » alors que vous ne voudriez pas de ses croutes, même dans vos toilettes, n’est pas un péché, c’est tout simplement de la… gentillesse.

On doit aussi excuser le « mensonge partiel » qui consiste en une affirmation qui n’est ni tout à fait vraie, ni tout à fait fausse. Ça peut parfois minimiser ou dédramatiser un évènement.

Excusons aussi la tendance à l’exagération des gens du sud (je suis moi-même un sudiste), la galéjade, à condition qu’elle ne vire pas en « carabistouille ». Dans le midi il n’y a pas que le « ravi » de la crèche (3) qui « déparle ». Mais les galéjades méridionales, que l’accent rend parfois crédibles, sont très éloignées des bobards de nos politiciens et des plumitifs qui leur servent la soupe.

Ceux-là pratiquent  toutes les formes, même les plus sordides, de « mentir-vrai ». Le menteur ment par nécessité ; le mythomane, lui, est un malade. Il ment pour se donner une importance qu’il n’a pas, mais il finit par croire à ses mensonges. Il y a quelques années, j’ai eu un ami « pieds-noirs » qui faisait ses choux gras avec la « nostalgérie ».  Il parlait de ses liens avec l’OAS et se présentait –  carte de visite à l’appui – comme « capitaine (honoraire) de la Légion Étrangère ». Il plagiait sans vergogne des articles écrits par d’autres et donnait des conférences durant lesquelles, avec des trémolos dans la voix, il narrait la dissolution du 1er REP (4), la mort du lieutenant Roger Degueldre (5) ou les tueries du 5 juillet 1962 à Oran. Et puis un jour, nous découvrîmes que ce brillant officier légionnaire était un simple sergent-chef dans l’Intendance. Tout son pédigrée était faux. En raison de ses origines espagnoles de l’Oranais, nous le surnommâmes « le général Castagnétas ». Mais après tout, ce vieux bellâtre mythomane ne faisait de mal à personne, pas même aux naïfs – dont je fus – qui avaient gobé ses pseudos exploits. Ce genre de matamore de sous-préfecture, de héros refoulé, qui s’invente une gloriole pour oublier sa médiocrité, a toujours existé. Mais on n’est pas obligé de le croire ; et puis le mythomane est surtout un malade, finalement plus à plaindre qu’à blâmer.

En revanche, le « menteur-vrai » est terriblement nocif et pernicieux. La différence entre le mensonge et le « mentir-vrai » tient à la façon qu’a le « menteur-vrai » de culpabiliser celui qui ne le croit pas. Le menteur ment, soit par rouerie soit par mythomanie, un point c’est tout !

Le « menteur-vrai » met tout en œuvre pour que vous ne puissiez pas, pour que vous n’osiez pas, le contredire. Si vous osez, c’est vous que l’on traitera de menteur. Le « menteur-vrai » ne dit pas la vérité, il la détient, il EST la vérité et, de ce fait, toute contestation n’est pas admissible. Si vous émettez un doute, vous devenez un dissident (comme au temps de l’ex-URSS), un mal pensant, un négationniste, un complotiste, voire carrément un fasciste. Relégué dans la « fachosphère » on vous accusera de véhiculer la haine et de distiller des idées « nauséabondes » ; vous deviendrez un paria.

Syrie : Macron est un menteur... - Les communistes de Pierre Bénite et  leurs amis !

Le mythomane croit ce qu’il dit alors que c’est faux ; le « menteur-vrai », lui, vous oblige à le croire alors qu’il sait que ce qu’il dit est totalement faux. Quand Macron affirme, par exemple, que l’Europe nous protège, il sait pertinemment que ce qu’il raconte est faux. Quand, à l’instar de Bernard Stasi, certains imbéciles continuent à nous dire que « l’immigration est une chance pour la France », ils savent que c’est absolument faux. Quand d’autres refusent de faire une corrélation entre immigration et délinquance, ils savent que c’est totalement faux. Quand Ursula Von der la Hyène, prétend que la Russie menace nos frontières, elle sait qu’elle ment effrontément. Ils savent TOUS mais leur mépris du vulgum pecus les autorise à « mentir-vrai », et gare aux contradicteurs !

Le « mentir vrai » peut les condamner à la mort sociale. On a réinventé le délit d’« indignité nationale » qui frappait les collabos – ou présumés tels ! – à la Libération. On a aussi tué la liberté d’expression et la pluralité d’opinions puisque le « mentir-vrai » n’est pas contestable.

Pour ma part, j’ai tendance à penser que LA vérité n’existe pas mais ceci ne légitime en rien le mensonge.  Il existe DES vérités et chacun, s’il est de bonne foi, a la sienne. Mon ancien métier m’a appris à n’apporter aucun crédit  aux témoignages. Pourtant ceci ne remet pas en cause la bonne foi de celui qui témoigne. Dans 90% des cas son témoignage est inexact voire faux mais lui y croit, il est donc franc, sincère et loyal. Or la vérité n’existe pas mais il y a des sincérités. Certaines sont, non pas plus authentiques, mais plus fortes que d’autres. J’ai du respect, de l’estime, pour celui qui défend une cause avec sincérité même si celle-ci s’apparente parfois à de la naïveté. J’accepte toutes les idées politiques, à condition qu’elles soient sincères. En revanche, je HAIS les faux-culs, ceux qui nous mentent effrontément et ne supportent pas qu’on s’en aperçoive et qu’on les conteste.

Le « mentir-vrai » sévit chez nous – et ailleurs – depuis des lustres mais avec l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, c’est devenu un art. Il a ses grands-prêtres, ses gourous, sa dialectique pompeusement baptisée « éléments de langage », ses mots qui disqualifient ou qui tuent.

Je ne supporte plus le pathos verbeux, la bouillie-de-chat jargonnante et pédante, de tous ces gens qui, à défaut de s’exprimer en bon français, parlent le cuistre couramment. J’ai rayé de mon vocabulaire les mots à la mode, comme « emblématique », « iconique », « viral », ou les expressions comme « c’est dans notre ADN ». Et, au risque de passer pour un goujat dans les salons mondains, je m’efforce de combattre les certitudes péremptoires qui n’autorisent aucune contestation, du genre « on n’a pas le droit d’être climato-sceptique ! », « c’est criminel de rouler encore au diésel », « c’est un devoir d’aider l’Ukraine ; c’est elle qui protège nos frontières », « le nationalisme c’est la haine des autres », « les immigrés font le travail que les Français ne veulent pas faire », etc…etc…Je peux vous servir toute une litanie de ces lieux communs, aussi pontifiants que déconnants, qui ne sont jamais que des illustrations du « mentir-vrai » car ceux qui les profèrent savent qu’ils mentent. Mais vous aurez compris que le « mentir-vrai » est l’apanage du camp du bien.

Ceux qui gobent ça n’ont pas compris, eux, qu’ils sont le camp…des cocus.

Éric de Verdelhan

03 avril 2024

1) Matthieu 26:6, 7 ; Luc 22:15 ; Jean 12:2.

2) Que les curaillons progressistes ont rebaptisé « catéchèse » on se demande pourquoi ?

3) Ailleurs on l’appelle « l’idiot du village ».

4) 1er REP : Régiment Étranger Parachutiste, dissous le 30 avril 1961, à la suite de sa participation au putsch des Généraux d’avril 1961.

5) Officier du 1er REP, puis chef des « commandos-delta » de l’OAS. Roger Degueldre a été fusillé le 6 juillet 1962, le lendemain de l’indépendance de l’Algérie. 

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4 Commentaires

  1. Bravo pour cette analyse du mensonge :Mais j’avais deja reconnu MACRON sans la photo car moi qui aimait pinochio pour sa cocasserie me devient par son long nez absolument détestatable. Vous ne pouvez pas savoir comme ce type m’est antipathique. QUAND j’ai regardé les stigmates du mensonge,je l’ai aussitôt reconnu. et d’aiileurs lors de sa présentation à la prmière élection, c’est ce que nous avions remarqué ma femme et moi
    à la différence de marine qui a toujours les bras ouverts.

  2. Si demain, ce qu’à Dieu ne plaise, la Résistance prenait le pouvoir, je pense que le premier acte fort serait de reformer le 1e REP avec tous les honneurs.

    • plage de Zeralda ? pouvez vous me dire si c’est le premier REP qui s’était fait tiré dessus par le felagas en sautant de l’avion.C’est un souvenir d’enfance que mes parents m’avaient raconté.

    • Je ne suis pas parachutiste mais , ayant fait 4 ans d’Algérie, j’ai pu voir ce dont ils étaient capables. « Adieu vieille Europe […] pour le ciel si brûlant de l’Algérie. Adieu souvenirs, notre vie va finir”, dit un chant de marche de la Légion. Et pourtant c’est un ancien légionnaire qui allait signer, le 30 avril 1961, jour anniversaire de Camerone, le décret de dissolution de ce régiment de Légion : Pierre Messmer, combattant de Bir-Hakeim devenu ministre des Armées du général de Gaulle. Ce régiment connut aussi bien l’Indochine que l’Algérie ; et nous devons le respect à ces Hommes morts pour la France. Mais ce serait indigne que ce soit notre Président qui leur rende hommage le 30 avril prochain. Il ne le mérite pas. Ce n’est qu’une marionette.