Quand on évoque la Révolution islamique de 1979 en Iran, on imagine généralement des foules en furie, des effigies du Shah en feu et l’ayatollah Khomeini descendant l’escalier de l’avion tel un prophète médiéval revenant reconquérir ses terres.
Mais la véritable histoire ? Elle s’est déroulée dans un petit village endormi de France. Croissants, cafés, cassettes audios, chichas et vin.
L’une des trahisons les plus étranges et les plus sordides de l’histoire moderne est la façon dont la France, championne autoproclamée de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, a contribué à l’édification de la première théocratie islamique moderne. Et elle protège son investissement depuis.
En 1978, l’Iran était en proie au chaos. Les manifestants étaient dehors. Le Shah s’affaiblissait. Et c’est alors qu’un religieux relativement obscur fit son apparition : l’ayatollah Ruhollah Khomeini.
D’où cet homme prétendument « de pureté islamique » mena-t-il sa révolution ? D’une jolie villa avec jardin près de Paris (Neauphle le Château), grâce à l’invitation personnelle du président Valéry Giscard d’Estaing.
Et ce n’était pas seulement une maison sûre : c’était une cellule de crise. Des bureaux de presse. Des studios d’enregistrement. Des lignes téléphoniques internationales bourdonnaient comme un téléthon pour l’apocalypse. Les journalistes du Monde, du New York Times et de la BBC traitaient l’événement comme un pèlerinage. Khomeini ne se cachait pas ; il dirigeait la révolution – depuis la France.
Les cassettes de ses sermons ont inondé l’Iran comme des vinyles piratés dans une foire aux disques. Ses discours étaient coordonnés avec des religieux de Qom et de Téhéran via des téléphones français. Les médias occidentaux diffusaient quotidiennement sa propagande dans le monde entier. La première théocratie islamique des temps modernes était diffusée depuis le pays du Camembert et de Sartre.
Et pourquoi ? Parce que la France les croyait malins.
Beaucoup de membres de l’élite française – ces mêmes intellectuels qui ne retrouvaient plus leurs clés de voiture mais pouvaient écrire 500 pages sur « l’impérialisme » – pensaient porter un coup à la dictature soutenue par les États-Unis. Débarrassez vous du Shah ! Affrontez Washington ! L’Iran basculerait sûrement dans un anti-impérialisme modéré, à l’européenne.
Inutile de spoiler ; nous comprenons tous où nous en sommes : l’Iran ne s’est pas modéré. Il est devenu plus radical et plus violent, y compris le marxiste de gauche qui l’a aidé à prendre le pouvoir. Quelques mois après son atterrissage à bord d’un vol Air France, retour de Khomeini en 1979 : purges, exécutions, voiles, flagellations publiques, ambassades incendiées, prises d’otages, dissidents pendus à des grues. La France a livré l’Iran à un cauchemar médiéval. Félicitations ! Vive la révolution.
Après avoir réalisé qu’elle avait accidentellement installé la version ayatollah de Maximilien Robespierre, la France a dû éprouver des regrets, n’est-ce pas ?
Pas exactement.
Malgré quelques « désagréments diplomatiques » – comme la prise d’otages français par le Hezbollah au Liban dans les années 80 – Paris a serré la main de Téhéran tout en cherchant des contrats. Total-Énergies a multiplié les contrats et s’est fortement développé depuis les années 90. Les banques françaises ont contribué au blanchiment des affaires de Téhéran. Et lorsque l’accord sur le nucléaire iranien (JCPOA) a été sur la table, devinez qui a fait pression pour des conditions plus souples afin de préserver les profits commerciaux européens ?
C’est exact : le pays qui nous a donné Voltaire a décidé que son plus bel héritage au XXe siècle serait de financer l’extrémisme islamique pour obtenir de l’essence bon marché et un levier géopolitique.
Pourquoi ? Parce que les gouvernements français – gauche, droite, béret socialiste, trench-coat conservateur – ont tous partagé le même fantasme : que l’Iran serait leur instrument de pouvoir au Moyen-Orient. L’Iran était censé donner à la France un moyen de pression face aux Américains, aux Saoudiens et à tous ceux qui osaient boire du café sans lever le petit doigt.
Paris ne s’est pas laissé duper. Ils ont signé volontairement.
La mission discrète de Macron : sauver le monstre que la France a contribué à créer.
Avançons rapidement jusqu’à aujourd’hui. Le régime iranien ne tient plus qu’à un fil. Israël a mené l’opération la plus ciblée et la plus précise de l’histoire, et les frappes brisent la République islamique, et le peuple iranien en a fini avec elle. La République islamique est en chute libre.
Qui est encore dans son coin à gonfler les coussins et à murmurer des mots doux aux oreilles du régime ?
Emmanuel Macron. « Avertir qu’un changement de régime » serait une grave erreur.
Macron, qui n’hésite pas à prononcer de grands discours sur les valeurs européennes, les droits des femmes, la laïcité et la démocratie, est celui qui tient encore la porte ouverte à l’équipe de l’Ayatollah. Après le meurtre brutal de Mahsa Amini, Macron a été le seul dirigeant occidental à inviter une délégation iranienne à des sommets majeurs. À huis clos, ses diplomates ont œuvré désespérément pour sauver des accords avec Téhéran.
Pourquoi ? Parce que Macron ne défend pas le régime iranien par hasard. Il préserve un projet géopolitique vieux d’un demi-siècle. La République islamique d’Iran est, pour la France, un investissement. Un outil de pression au Moyen-Orient. Une ruse égocentrique déguisée en sophistication de politique étrangère.
La France n’a pas les mains sales. Elle a un portefeuille sale. Et elle récolte les dividendes de la révolution de Khomeiny depuis 1979.
L’ironie ? La France nous a donné Voltaire. Elle nous a aussi donné la République islamique et Khamenei.
Le pays qui a enseigné la laïcité au monde a contribué à l’instauration de la théocratie la plus dangereuse du monde moderne – et il continue de la protéger.
Le peuple iranien est debout dans les rues, réclamant la liberté. Et derrière lui, dans les salons diplomatiques enfumés d’Europe, se tiennent des responsables français, souriants et polis, qui resserrent leurs cravates, gardant le siège du régime au chaud.
Liberté, égalité, fraternité ? Plutôt hypocrisie, duplicité, complicité.
Reuben salsa
18/06/2025
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