ANGELA MERKEL CHERCHE UNE ALLIANCE CONTRE-NATURE
(Jean Goychman)

Après deux mois de réunions, tergiversations, de manœuvres en tous genres, Angela Merkel n’a pas réussi à trouver un terrain d’entente pour former un gouvernement. Après un constat d’échec dû à une incompatibilité totale entre les écolos et les libéraux du FDP, elle déclara que de nouvelles élections seraient envisageables [1].

Une parole imprudente

À peine ces mots prononcés, elle commença à faire ses comptes en matière de répartition des votes. Dans cette approche, nos politiciens sont bien meilleurs que lorsqu’ils doivent apporter des solutions au quotidien sur les problèmes de société. Et bien vite elle s’est rendue compte qu’elle devait faire “arrière-toute” comme disent les marins. La conclusion était qu’une nouvelle consultation ne pouvait que bénéficier aux “populistes”. Car, comme disait François Mitterrand, fin connaisseur de l’âme humaine, “les vieux pêchés ont de longues ombres” et le dernier gouvernement de coalition formé entre le CDU de Merkel et le SPD de Schulz est loin d’avoir suscité l’enthousiasme populaire…

Un échec électoral cuisant

De ce point de vue, les dernières élections ont été une véritable “Bérézina” pour Angela Merkel, dont le parti perdait un quart de ses électeurs – du jamais vu depuis la création de la République Fédérale. Quant au SPD, il faut remonter à 1933 pour trouver un score aussi faible. Chacun des deux pensait que ces mauvais résultats étaient imputables à l’autre, rendant ainsi hautement improbable une nouvelle coalition qui les auraient réunis. Manque de pot, elle s’est mise dans une sorte de “corner”. Soit elle prend le risque de connaître une défaite encore plus cuisante en cas de nouvelles élections, soit elle va chercher une entente avec Schulz qui lui éviterait cette infamie. De son côté, l’intéressé sait que Merkel est dans un état de grande faiblesse et qu’elle ne peut rien lui refuser, y compris un projet de gouvernement très “ancré à gauche” du moins vu par les Allemands, mais en tout cas nettement divergent par rapport à la ligne traditionnelle du CDU.

Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse

Après tout, Angela Merkel peut se dire que l’essentiel est de sauver les apparences et d’habiller tout ça du respect “des valeurs de la République” en disant que c’est la seule façon de couper la route au populisme. Ce sont les gens comme elle qui accentuent jusqu’au point de rupture les tensions entre les gouvernants et les gouvernés. Qu’est-ce que cette attitude qui consiste, après avoir ramassé une claque électorale, à chercher à s’allier avec quelqu’un dont les idées sont opposées aux siennes, uniquement parce qu’on pense que les gens ne vont pas « bien » voter si on les reconvoque ? Et après, on nous parle de “démocratie”, d’Europe (pour le bien de laquelle on serait conduit à agir ainsi) !

Le précédent français des Régionales

Ce n’est pas la première fois qu’on réunit des adversaires pour barrer la route au populisme, qui n’est (on veut nous le faire oublier) que l’expression du choix d’un peuple encore réputé – mais pour combien de temps ? – souverain. Souvenez-vous en 2015, lors des élections régionales, les socialistes (ou prétendus tels) préférant se faire “hara-kiri” plutôt que de laisser le Front National remporter certaines régions… Où est la « démocratie » dans cette attitude ? L’alpha et l’oméga d’une politique peuvent-ils être réduits à empêcher par tous moyens la montée inexorable de la volonté populaire ?

Les masques tombent

Une nouvelle réalité commence à apparaître. Le soi-disant combat droite/gauche n’est, dans les faits, qu’un combat factice de gens appartenant à la même idéologie euro-mondialiste. Ce ne sont que des postures destinées à masquer les objectifs réels et tromper les peuples. La seule cause pour laquelle « ces gens-là » agissent est celle d’un pseudo-libéralisme paré de toutes les vertus, alors que cette doctrine vise essentiellement à faire disparaître les États-nation. Les peuples sont en train de s’en apercevoir, mais… auront-ils le temps de réagir avant qu’il ne soit trop tard ?

Il est permis de l’espérer car certains signes témoignent de ce réveil.

Le BREXIT, puis l’avènement de Donald Trump aux États-Unis, les élections en Autriche, aux Pays-Bas, dans les pays de l’Europe de l’Est, sont autant de faits qui le démontrent. L’attitude de la Chine (qui commence à contester la suprématie du dollar et du système des banques centrales indépendantes) va dans le même sens. Les fameux traités de libre-échange, donnant un pouvoir exorbitant aux entreprises multinationales n’ont plus “le vent en poupe”.

Incontestablement, le monde est en train de changer et les peuples entendent bien conserver – voire reconquérir – leur souveraineté.

 

Jean Goychman
01/12/2017

[1] http://reinformation.tv/allemagne-merkel-schulz-grande-coalition-vote-populaire-mille-77610-2/