PARIS, 17 OCTOBRE 1961. « MA » VÉRITÉ SUR LA TUERIE (Éric de Verdelhan)

« Pour un coup donné, nous en porterons dix ». Déclaration de Maurice Papon, préfet de police, le 2 octobre 1961, aux obsèques du brigadier Demoën, assassiné par le FLN-métro.
De janvier à octobre 1961, soit en 10 mois, le FLN a tué 22 policiers en région parisienne.

Macron a, une nouvelle fois, fait acte de repentance (*) en critiquant son pays (et ses forces de l’ordre) pour (tenter de) recoller les plâtres et rentrer dans les bonnes grâces de son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune.

(*) La France regarde toute son Histoire avec lucidité et reconnaît les responsabilités clairement établies. Les crimes commis la nuit du 17 octobre 1961, sous l’autorité de Maurice Papon, sont inexcusables pour la République. Aux victimes, nous rendons aujourd’hui hommage.
E. Macron, le 16 octobre.

 

 

Le 7 mai 2020, Abdelmadjid Tebboune décrétait le 8 mai « journée de la mémoire des massacres de Sétif, Guelma et Kherrata » de 1945. Il félicitait ensuite la décision de la France de restituer les crânes des  moudjahidines décapités par les forces françaises lors de la colonisation de l’Algérie. Dans un entretien accordé le 4 juillet 2020 à « France 24 », le président algérien voyait dans cette restitution l’occasion d’aller « loin dans l’apaisement, dans le règlement du problème de la mémoire ».
Or, depuis les dernières déclarations de Macron et Darmanin, Tebboune est furieux.

En reconnaissant le prétendu massacre du 17 octobre 1961, Macron espère aussi ratisser les voix des Franco-algériens à l’élection présidentielle de 2022.

Le 17 octobre 2013, François Hollande, alors président de la République – à la demande de Benjamin Stora (déjà !) et du gouvernement algérien – rendait hommage aux « victimes de la répression policière menée par Maurice Papon, préfet de police, le 17 octobre 1961… ».

Sans vergogne, on salissait le rôle des gens – militaires ou policiers – chargés du maintien de l’ordre sur notre sol. Depuis on ne parle plus que du « massacre du 17 octobre 1961 »…

Il est vrai que, ce jour là, le préfet Papon, de sinistre mémoire, a empêché la Wilaya 7 (1) de manifester dans Paris. Il mit, pour ce faire, les moyens policiers nécessaires et la répression fut pour le moins, « rugueuse ».
Mais, pour une bonne compréhension de l’histoire, disons un mot des forces musulmanes présentes en métropole. 

A l’époque, le FLN se trouve en conflit frontal avec le Mouvement National Algérien (MNA), parti de Messali Hadj.
Pour prendre le contrôle de toute la population algérienne, le combat contre le MNA sera impitoyable. Le massacre de Mélouza, en mai 1957, symbolise bien la cruauté dont le FLN est capable pour l’emporter dans cette lutte fratricide.
Dès 1957, le FLN a pris le dessus sur son rival.

En avril 1961, il décide de passer à l’assassinat pur et simple des responsables messalistes en France. Cette guerre civile entre Algériens a coûté la vie à plus de 4 000 victimes uniquement en métropole. L’enjeu de cette lutte à mort  était l’encaissement de  « l’impôt révolutionnaire » prélevé sur tous les travailleurs algériens en métropole. À la fin de l’année 1960, le MNA ne disposait plus  que de 6 000 cotisants contre 120 000 pour le FLN.

A cette époque, la communauté algérienne en France connaît une forte expansion: elle est passée de 5 000 personnes en 1910, 85 000 en 1937, 211 000 en 1954, à 400 000 en 1961. (Et ça ne va pas se calmer ensuite – note de la rédaction)

Une grande partie de cette communauté, accueillie par les services de la Cimade (2) et quelques associations de chrétiens progressistes, est concentrée dans le département de la Seine.

Les travailleurs algériens, souvent illettrés et manœuvres peu qualifiés, vivent dans des bidonvilles : à Nanterre, Aubervilliers ou Argenteuil, ou dans les quartiers les plus pauvres de Paris, comme la Goutte d’Or. L’imposition prélevée sur la communauté algérienne en France représente près de 80 % des ressources du FLN. Pour chaque travailleur algérien, cet impôt représente entre 5 % et 10 % de son salaire.

L’emprise du FLN sur les Algériens en France s’étend aussi à certains domaines de la vie quotidienne. Il prescrit, par exemple, le respect de la loi coranique et interdit la consommation d’alcool. Le recours aux juridictions françaises est prohibé. Les contrevenants peuvent être purement et simplement éliminés.

Jusqu’en 1958, le FLN était organisé en structure pyramidale classique (Fédération de France du FLN) qui permettait aux cadres un contact direct avec la base, mais qui rendait l’appareil perméable à l’investigation policière.

Lorsque, en 1958 ou 59, les autorités françaises comprennent (enfin !) que les 400 000 Algériens de France représentent un potentiel de combattants considérable, la décision de démanteler le FLN pour lutter efficacement contre la révolution algérienne s’impose d’elle-même.

De fait, en septembre 1958, après des attentats nombreux et spectaculaires, la police parvient à désorganiser l’appareil du mouvement en fichant ses différents membres puis en les localisant dans différents hôtels et foyers, parfois aussi en les internant d’office dans des centres d’assignation à résidence surveillée, comme le camp du Larzac, ou, en leur appliquant la procédure dite  du « rapatriement forcé ».

Le FLN se réorganise alors en adoptant des règles de sécurité basées sur de petits groupes d’activistes limités à 5 ou 6 personnes. Il peut ainsi compter sur environ 450 hommes en région parisienne pour former ses groupes de choc, en marge desquels il faut rajouter 8 katibas de 31 hommes chacune, constituant une «Organisation Spéciale», structure formée de tireurs confirmés et de techniciens en explosifs, chargée de fabriquer des bombes et d’éliminer les  « traîtres ».

La décision de condamner à mort un Algérien se prenait au sein de la Fédération ; en revanche, celle concernant l’élimination  d’un militant n’était plus du ressort d’un seul responsable, elle relevait des « comités de justice » du FLN. Cette structure de combat, véritable petite armée de la région parisienne – la « Wilaya 7 » – prit la décision d’organiser une démonstration de force, en plein Paris, le 17 octobre 1961 en mobilisant et en forçant  tous les Musulmans à manifester.

Le préfet de police Maurice Papon n’a pas laissé faire et, que cela plaise ou non, il a eu raison.
En effet, quel pays, aussi démocratique et garant des droits de l’homme soit-il, autoriserait-il une force ennemie – car il s’agissait bien de cela – à défiler dans sa capitale ?

La France combattait le FLN depuis novembre 1954, ne l’oublions pas !

Des pays plus dignes, plus responsables, auraient envoyé quelques unités de l’armée et non les policiers du préfet Papon pour mater le FLN.
La répression  du 17 octobre 1961 aurait fait… 3 morts selon les services de police, 300 selon quelques historiens pro-FLN.

Les gens plus sérieux (ou simplement plus honnêtes) parlent de 20 à 30 tués.

C’est regrettable, certes, mais c’était la guerre! (de surcroît, une guerre civile puisque les départements d’Algérie étaient des départements français). Et qui peut dire, parmi ces victimes, lesquelles sont à mettre au compte de la police ? Combien ont été tuées dans des règlements de comptes entre Algériens ?

Plusieurs corps (combien ?) auraient été repêchés dans la Seine (3) : les a-t-on poussés ? Fuyaient-ils la police ? Personne n’en sait rien, ce qui n’empêche pas les Stora et consorts de baver sur la police, laquelle n’a fait que son devoir. 

Contre des Européens pacifiques – le 26 mars 1962, rue d’Isly à Alger –  le pouvoir gaulliste n’hésitera pas, lui, à envoyer l’armée ; une armée qui a tiré, laissant plus de 200 victimes, tuées ou blessées, sur le carreau (4).

Éric de Verdelhan

16 octobre 2021

 

                                                                                                                                         

                        

1)- La « Wilaya 7 » embrigadait des Musulmans résidant en métropole. C’était, en fait, une « 5ème colonne ennemie ».

2)- Cette association protestante s’est illustrée dans la « subversion humanitaire ». Lire sur ce sujet : « Le réseau Curiel ou la subversion humanitaire » de Roland Gaucher ; Jean Picollec ; 1981.

3)- Sur ces noyades, les chiffres sont fantaisistes : 2 selon la police et… 150 selon quelques auteurs de gauche. Mais cette affirmation n’est étayée sur rien, puisqu’on est bien incapable de fournir une liste nominative des victimes.

4)- 80 tués et plus de 120 blessés. Des familles venues pacifiquement dire leur attachement à l’Algérie française. Lire mon « Hommage à NOTRE Algérie française » ; Editions Duapha ; 2019.

5 Commentaires

  1. Selon Lugan qui a dépouillé tous les C.R.d’autopsie des morgues, il n’y aurait qu »un seul manifestant victime avec certitude de la Police. Il y aurait eu quelques « accidents de foule » conduisant à la mort de quelques autres et de nombreux assassinats signés (étranglement ou égorgement) du FLN sur des MNA et des tièdes .

  2. Le 17 octobre 1961, j’étais personnellement en France depuis le début du mois, j’étais en terminale au lycée de Brignole où je recommençais mon année, après un échec au bac en juin et une prise de décision de faire une autre année dans un lycée français, moi qui venait de l’école normale de garçons d’ ORAN . La situation en Algérie était catastrophique, Oran était presque à feu et à sang avec des attentats journaliers soit par le FLN soit par l’OAS. L’ambiance n’était plus au travail et à l’étude (avec la distance, je crois que ce fut une bonne chose d’avoir calé au baccalauréat cette année-là: je m’imagine ce qu’aurait été l’atmosphère de la seconde capitale algérienne si j’avais dû faire la 4ème année de formation professionnelle à l’ENO proche de la gare d’Oran) Donc à cette date d’octobre, personne en France n’avait relevé le fait, surtout nous les PN qui avions vécu des crimes bien plus horribles du fait du FLN avec éventrations de femmes enceintes, des égorgements, des petits-enfants dont le crâne était fracassé contre les murs, des soldats français aux sourires kabils avec leurs testicules en bouche etc, etc……. (à suivre)

    • Quel est le « con » qui n’a pas eu le courage de vous répondre par quelques lignes, préférant vous coller un mauvais point ? Serait-ce une taupe ?

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