DE L’AUDACE, ENCORE DE L’AUDACE, TOUJOURS DE L’AUDACE ! (par l’Imprécateur)

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Comment l’esprit vient aux jeunes filles en fleur et aux présidents audacieux ? En faisant des bons mots et en pensant que ceux qui les écoutent rient d’admiration et non pour se moquer de leur ridicule. Bouboule 1er, roi des Français, avait été invité par une journaliste culottée, Maïtena Biraben, à venir souper chez elle pour, lui avait-elle dit, parler à des Français “anonymes”. Notre monarque, amateur d’escapades nocturnes tout aussi anonymes que ceux qui voulaient, lui disaient-ils, l’écouter, s’y est rendu, peut-être pas en scooter, mais sans en informer son entourage. Celui-ci n’a donc pas pu le prévenir que ce genre de souper s’appelle “un dîner de cons”. Tel Jacques Villeret, François en est ressorti enchanté, tellement enchanté qu’il a lui même organisé un second diner avec les mêmes, à l’Elysée, ce qui présente l’avantage pour lui que c’est nous qui payons, mais ne soyons pas mesquins et pensons aux parties de rigolade qu’ont du connaitre ses hôtes en se téléphonant une fois rentrés chez eux.

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“(Moi, président), je ne ferai pas d’émission spéciale, d’émissions où l’on convoque des journalistes – par ailleurs estimables – dans les lieux du pouvoir“, avait affirmé F. Hollande sur le plateau de Canal+. Le candidat socialiste avait même lâché : “Non, président de la République, je viendrai à vos invitations (…) Vous me rappellerez mes engagements“. Un engagement que François Hollande n’a pas tenu ce 14 juillet dernier. D’ailleurs, depuis qu’il a été élu face à Nicolas Sarkozy, le chef de l’Etat a toujours donné sa traditionnelle interview du 14 juillet à l’Elysée en y convoquant les journalistes.

Interrogé sur la réunion de Bruxelles traitant du cas de la Grèce, le chef de l’Etat a assuré vouloir veiller sur l’argent des Français en évitant à tout prix une sortie de la Grèce de l’euro. “La moitié de ce qui avait été prêté (par la France) aurait été perdue“.

C’est la façon optimiste de voir les choses, comme celle de quelqu’un qui jouerait à la roulette russe avec cinq balles dans le chargeur ! Car si la face est sauve, il reste bien des obstacles à franchir avant que l’accord soit mis en œuvre, le premier étant que le premier ministre grec lui-même a déclaré à peine rentré à Athènes que cet accord est “un texte auquel je ne crois pasmais je le signe pour éviter tout désastre au pays“.

Un banquier un tout petit peu intelligent prête-t-il de l’argent à quelqu’un qui lui a menti à plusieurs reprises sur ses comptes, fait systématiquement de la cavalerie au vu et au su de tous et annonce que quoi qu’il arrive il ne remboursera pas ? Evidemment non, il n’y a que des hommes politiques et des fonctionnaires pour ignorer à ce point le fonctionnement de l’économie et de la finance.

Cela dit, le gouvernement grec qui n’a pas pu rembourser le FMI a bien remboursé le mois dernier 148 millions, c’est vrai. Mais à qui ? À des prêteurs privés, notamment japonais, car il sait que ceux-là ne sont pas aussi mous et tendres que ces plaisantins de politiques pour lesquels l’argent n’a aucune valeur puisque, comme le dit Hollande, “c’est l’Etat qui paye“.

Athènes continue à honorer autant que possible sa dette privée, car un défaut au secteur privé peut entraîner des conséquences beaucoup plus graves qu’aux créanciers publics. Le secteur privé gère son propre argent, le secteur public celui des cons-tribuables, c’est toute la différence.

En attendant, l’engagement de chacun des 65 millions de Français envers ce pays insolvable qu’est la Grèce est passé de 650 à 900 €. Merci, monsieur Hollande. La Grèce y gagne un mois ou plus de sursis, mais vient de découvrir que le premier ministre qu’elle a élu ne tient pas sa parole et que s’il doit la tenir à l’avenir, il est un très mauvais négociateur.

Les conditions qu’il a acceptées sont celles que demandait Angela Merkel avant l’annonce du référendum grec et elles étaient plus dures pour la Grèce que celles exigées en avril-mai. Si Tsipras avait signé fin mai ou début juin, il obtenait un bien meilleur résultat. En fait, tout ce qu’il a réussi à faire c’est ajouter de l’austérité à l’austérité en plongeant les Grecs dans une misère noire pendant plus d’un mois sans banques !

Si la droite était restée au pouvoir, la Grèce serait actuellement sur la pente ascendante de la croissance qui se réamorçait quand elle a été chassée sur la foi des promesses fallacieuses de Tsipras pendant sa campagne électorale. En fait, on peut même dire que la Grèce vient de vivre le même scenario que la France en mai 2012 : échanger un début de redressement (celui qu’avait amorcé Sarkozy) pour un accroissement de rigueur et de privation de libertés.
D’autre part, les Grecs ont aussi compris que l’Europe divisée finira par céder à leurs exigences et qu’ils peuvent continuer à l’escroquer, ce qui arrange les affaires de tous les pays endettés et mal gérés du continent, dont la France, qui pourront maintenant dire “pourquoi la Grèce et pas moi ?”

Un accord unanime” a été trouvé entre la Grèce et ses créanciers, a annoncé lundi le président du Conseil européen, Donald Tusk. Mais franchement, où était l’Europe, son président, sa ministre des Affaires étrangères, ses soi-disant hauts fonctionnaires qui se vantent d’être les meilleurs du monde ? La seule vraie discussion a eu lieu entre Tsipras, voyou qui ne manque pas de culot, et Angela Merkel, tenant de la bonne gestion, gênée par François Hollande qui jouait la mouche du coche, voulant se positionner à tout prix devant les caméras pour défendre les positions d’extrême gauche de Tsipras, en espérant qu’ainsi le Front de gauche en France reportera ses voix sur lui s’il arrive au second tour en 2017.

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Pour faire simple, qu’a gagné Angela Merkel ? La promesse grecque d’une augmentation de la TVA et l’introduction d’une “règle d’or” dans la gestion de ses comptes publics, ce qui a mis les fonctionnaires grecs dans la rue mercredi dernier, cocktails Molotov en main ! C’est la condition nécessaire (et non suffisante), à la poursuite d’un processus qui pourrait aboutir à la signature dans quelques semaines d’un nouveau plan d’aide d’environ 82 milliards d’euros à la Grèce, assorti de discussions sur un aménagement de la dette du pays.

Sur ces 82 milliards, une quarantaine vont servir à renflouer les banques grecques et une trentaine à relancer l’économie au point mort. En attendant les banques restent fermées, “l’ouverture des banques dépend de l’accord final qui n’aura pas lieu avant un mois” a annoncé publiquement Tsipras qui a besoin de cet argent pour rembourser 12 milliards avant la fin août à la BCE et au FMI.

“Prêtez-moi de l’argent pour que je vous rembourse”, c’est ce qui s’appelle de la “cavalerie”. Allez donc dire la même chose à votre banquier et vous verrez comment il vous recevra. On exagère à peine quand on dit qu’avec de telles insuffisances en économie et en finances, il ne faut pas plus de trois à cinq ans à un énarque pour mettre en faillite l’entreprise la plus prospère : voyez Vivendi (Jean-Marie Messier), Areva (Anne Lauvergeon) et bien d’autres.

Avec l’aplomb incroyable du naïf incompétent, tellement bon menteur qu’il croit à ses propres mensonges, François Hollande ce 14 juillet a estimé que la Grèce va “retrouver de la croissance“, et annoncé qu’il va faire des propositions pour “un gouvernement économique européen” et l’instauration d’un “budget de la zone euro“. Comment peut-il affirmer que la Grèce soumise à des conditions de réformes qu’il refuse pour la France (retraite à 67 ans par exemple) va retrouver de la croissance quand il est incapable de redonner de la croissance à l’économie Française pourtant encore, et pour le moment, en bien meilleure état que la grecque ? Comment peut-il dire une fois de plus qu’il va influer sur la gouvernance de l’Europe alors qu’il n’a jamais réussi jusqu’ici et vient de se mettre un grand nombre de pays à dos, dont l’Allemagne ?

Son discours a-t-il séduit les Français ? On peut en douter quand on observe qu’il a réalisé ce 14 juillet son plus mauvais score d’audience, passant, en baissant chaque année, de 9,3 millions d’auditeurs en 2012 à 6,6 millions en 2015, soit 30 % de Français de plus pour juger que ce qu’il dit ne présente aucun intérêt : autosatisfaction à chaque phrase, promesses hasardeuses et souvent visiblement intenables, déformation à son avantage des faits évoqués, élocution hachée et hésitante.

Les sondeurs ne lui donnent qu’une faible probabilité de remonter dans les sondages avec une aussi mauvaise prestation.

Quant à son affirmation selon laquelle il serait difficile de trouver un président “aussi audacieux” que lui, on se sait trop s’il faut en rire ou pleurer sur pareille inconscience !

L’Imprécateur

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