MAYOTTE : PORTE DE L’INVASION AFRICAINE
(Contre-amiral François Jourdier)

Situation

Mayotte subit une crise grave : manifestations, grèves, barrages routiers, barrage portuaire, pour manifester contre la vie chère et surtout contre l’insécurité qui règne partout dans l’île.

À l’heure où cet article est rédigé il n’est pas possible de savoir comment la situation va évoluer tant elle est la conséquence d’une politique irresponsable.

 

Rappels

Nous ne voudrions pas jouer les Cassandre mais, connaissant Mayotte, nous avions averti nombre de parlementaires et de politiques sans parler des médias sur ce qui allait se passer si on départementalisait Mayotte. En vain et pour des raisons purement électoralistes, on a continué, sans consulter les Français qui d’ailleurs ignoraient tout de cette île de l’océan Indien appartenant à l’archipel des Comores duquel la France l’avait détachée.

Les Comores sont un des pays les plus pauvres du monde, l’annexion de Mayotte par la France a complètement déstabilisé la région.

Bien sûr Mayotte gémit encore quand elle se compare à la Réunion où les allocations, les aides sociales et les salaires des fonctionnaires sont encore plus élevés, au point que nombre de Mahorais, maintenant Français vont s’y installer. Mais il ne faut pas oublier que l’alignement de Mayotte sur les autres départements était prévu après un processus de 25 ans. À Mayotte personne ne s’en souvient.

Mayotte gémit aussi car, recevant la télévision métropolitaine, les Mahorais estiment qu’ils ne sont pas assez aidés. Et pourtant on a introduit le SMIC, le RSA et autres prestations sociales.

Quelques chiffres

Le PIB augmente régulièrement, de 10,5% par an, le pouvoir d’achat individuel moyen croît de 5,3% par an, mais ces chiffres sont trompeurs, la consommation des ménages explique 40% de la hausse du PIB. En fait l’enrichissement mahorais est dû pour la plus grande part à des transferts métropolitains, en particulier les salaires des fonctionnaires qui sont de 40% supérieurs à ceux que touchent leurs homologues en métropole. La consommation des administrations publiques contribue pour plus du tiers à la hausse du PIB mahorais, elle représente 58% du PIB mahorais pour 24% en métropole. Pour des raisons sociales ou électoralistes, les fonctionnaires sont recrutés sans compter par les collectivités locales qui sont presque toutes en cessation de payement.

Mayotte autrefois avait quelques activités productives : la vanille, le ylang-ylang mais la hausse du coût de la main d’œuvre entraînée par le niveau des salaires des fonctionnaires fait que l’île ne produit plus rien, Guerlain va acheter son ylang-ylang à Anjouan. La seule activité est le développement des infrastructures, routes, hôpitaux et surtout écoles courant après la croissance démographique explosive : il faudrait construire une classe par jour.

De ce fait le solde du commerce extérieur est déficitaire annuellement de 540 millions d’euros. Le tourisme sur lequel on comptait, ne se développe évidemment pas dans les circonstances actuelles

L’instauration d’impôts inconnus sur l’île, impôts locaux et impôts sur le revenu, est jugée confiscatoire, ils représentent pourtant 3% du revenu disponible contre 24% au niveau national.

L’instauration d’un droit foncier et la réalisation d’un cadastre remettent en cause les droits à la propriété de beaucoup principalement en bordure de mer.

Islam et immigration clandestine

On a bouleversé les structures de la société qui, très marquée par l’Islam, religion de 95% des Mahorais, vivait selon la Charia sous l’autorité de cadis et on impose le droit français.

Mais le vrai problème mahorais c’est l’immigration illégale, Mayotte est située à 70 km d’Anjouan, l’île voisine. On traverse à bord de kwassa-kwassa, petites embarcations en plastique propulsées par un moteur hors-bord. Certaines chavirent et les noyés sont nombreux, beaucoup sont interceptés par les gendarmes, mais beaucoup aussi parviennent à Mayotte. Ceux qui se font prendre sont immédiatement expulsés vers Anjouan, plus de 20.000 par an, plus que les expulsions de métropole.

L’origine du chaos actuel c’est bien l’immigration clandestine. À Mayotte les étrangers sont majoritaires, Mayotte compterait 52% d’habitants d’origine clandestine. On vient des Comores bien sûr mais aussi de l’Afrique des Grands Lacs, de Madagascar…

On fuit la misère mais aussi on recherche les soins gratuits, les écoles gratuites : les Comoriennes viennent accoucher à Mayotte, le Centre Hospitalier de Mayotte a battu son record en 2016 : 9.514 naissances dont environ 80% venant de femmes en situation irrégulière qui recherchent de meilleures conditions sanitaires mais aussi que leur enfant soit Français à 18 ans.

Démographie et insécurité

La croissance démographique est explosive, la population a été multipliée par 11 en 60 ans, le nombre d’enfants par femme est de 4.

L’enseignement n’arrive pas à suivre, alors que l’ensemble de l’île va être classée en Zone d’Éducation Prioritaire et devrait bénéficier de la réduction des effectifs en primaire à 12 élèves par classe, dans beaucoup d’écoles on est obligé de dédoubler les classes faute de locaux suffisants, une moitié des élèves a cours le matin, l’autre l’après-midi. Les résultats sont très mauvais : 74% de réussite au baccalauréat qui doit être indulgent car 85% des élèves échouent en première année d’études supérieures. De toute façon il n’y a pas assez d’offres d’emplois pour accueillir les jeunes diplômés, le chômage est massif, plus de 40% chez les jeunes.

Un recensement effectué en 2017 décompte la population à 265.000 habitants, en fait il y en aurait de l’ordre de 400.000 ce qui correspond à une densité de population de 1.000 habitants au km².

Les clandestins vivent dans des bidonvilles indignes d’où parfois les populations excédées viennent les « décaser » en les chassant et en démolissant leur pauvre habitat.

Il faut comprendre, l’insécurité à Mayotte est en pleine explosion, la délinquance a cru de 27% entre 2015 et 2017. En particulier dans les écoles où on va « la boule au ventre ». Les entrées de collèges ou lycées sont l’objet de règlements de compte de jeunes venus de villages différents. Certains arrivent à école munis de hachoir, coupe-coupe, barre de fer…

Mais l’insécurité s’étend à l’ensemble de l’île, coupures de route, cambriolages, vols, agressions, commis souvent par des jeunes isolés que l’on remet aussitôt en liberté. Depuis des semaines l’activité de l’île est paralysée par des barrages routiers, la suppression de la liaison entre Petite Terre et Grande Terre…

Les maires ont présenté un « plan de convergence » sur dix ans prévoyant un budget de 1,8 milliard d’euros. À l’évidence là n’est pas le problème, le déséquilibre entre Mayotte et son environnement est beaucoup trop profond et l’île constitue une sorte de trou noir attirant tous les miséreux de la zone.

Mayotte est actuellement déjà à la charge de la France, l’île ne produit rien, n’exporte rien, elle vit uniquement des transferts de l’État, salaires des fonctionnaires, infrastructures, prestations sociales, subventions y compris de l’Europe. On peut estimer à 1 milliard d’euros ce que coûte annuellement Mayotte à la collectivité.

Quelles solutions ?

Laurent Wauquiez demande la suppression du droit du sol, ce n’est pas cela qui diminuera l’immigration clandestine. On vient à Mayotte attiré par la perspective d’être soigné, de voir ses enfants scolarisés et de travailler au noir pour un salaire dérisoire.

Pour des raisons médiocres purement électoralistes on a créé un problème insoluble, sauf à rendre Mayotte aux Comores comme le réclament d’ailleurs l’ONU et l’Union Africaine qui condamnent l’une et l’autre l’annexion de Mayotte. Ce n’est pas en envoyant plus de gendarmes, plus de CRS comme on le fait actuellement qu’on résoudra la question.

Ce cas extrême montre aussi l’inadaptation du statut des Départements d’Outre-Mer incapables de s’administrer seuls. La Réunion vit en grande partie de subventions, de transferts, des salaires exorbitants des fonctionnaires, d’allocations en tous genres alors que Maurice l’île jumelle, vit du tourisme, de son industrie, des banques, de la culture de la canne. Il est vrai que le PIB y est très inférieur à celui de la Réunion mais l’île ne demande rien à personne et se suffit à elle-même.

Il serait nécessaire que les DOM parviennent à s’auto-administrer grâce à des fonctionnaires recrutés sur place après suppression des avantages salariaux, l’appel à la métropole n’étant qu’un complément. On célébrait il y a peu, la première préfète originaire de la Réunion, elle avait été affectée à Grenoble, à Besançon ou ailleurs, n’aurait-il pas été plus pertinent qu’elle soit en charge de son île ? On se rapprocherait ainsi du statut des communautés d’outremer comme la Polynésie qui élit un gouvernement.

Quoi qu’il en soit il est bien dommage qu’il ait fallu presque dix ans pour comprendre que la départementalisation de Mayotte allait conduire à une situation ingérable alors que c’était parfaitement prévisible.

Annick Girardin, ministre des outremers, s’est rendue sur l’île où elle a reçu un accueil agité, les élus et syndicalistes réclament une augmentation des investissements en particulier scolaires et hospitaliers, ce n’est pas dépenser encore plus d’argent qui règlera le problème qui provient déjà d’un déséquilibre économique de la Zone.

Ils demandent aussi qu’on assure la surveillance des frontières, même si on augmentait les moyens, on n’obtiendrait jamais une étanchéité totale, et il ne sera jamais possible de refouler une femme enceinte même sans papier.

 

Un « exemple » pour l’Afrique

La situation à Mayotte doit également être prise comme un avertissement sur ce qui attend les pays développés, notamment la France, quand l’Afrique va se déverser sur eux.

 

Contre-amiral François Jourdier
22/03/2018


Article publié par l’Association de Soutien à l’Armée Française (ASAF).