L’ARMEE de l’ESPACE
(modèle Sarkozy modifié Macron)
(L’Imprécateur)

Le 13 juillet dernier, notre génial président de la République a annoncé la création le 1er septembre prochain d’un Commandement Militaire de l’Espace au sein de l’Armée de l’Air qui sera rebaptisée “Armée de l’Air et de l’Espace”.

Un esprit visionnaire, ce président, qui voyant l’espace autrefois chasse gardée de la Russie, des États-Unis puis de la France, s’ouvrir à la Chine, l’Inde, Israël et aussi à des acteurs privés comme Elon Musk, qui tous lancent chaque année de nouveaux satellites civils et militaires ou les deux, a compris le premier que cela générerait un jour ou l’autre des conflits et que l’Armée française devait s’y préparer. Il est vraiment d’une intelligence supérieure.

L’Armée de l’Espace a été créée… par Sarkozy en 2010 !

Au risque de ternir le bel enthousiasme de Jupiter, rappelons que le JORF n°0163 publia l’arrêté du 7 juillet 2010 signé du président Nicolas Sarkozy créant le Commandement Interarmées de l’Espace ou CIE. Celui-ci a depuis fait une belle  carrière, s’est étoffé, organisé, fixé des objectifs et fonctionne d’autant mieux que les trois armes y sont concernées et qu’il n’y a donc pas de problèmes de concurrence ou de jalousie comme il risque d’en survenir s’il est décidé de réserver l’espace et l’usage du laser comme arme à la seule armée de l’Air, sur le modèle Poutine révisé 2015 avec l’Armée aérospatiale.

La mission et l’action du CIE portent sur “l’ensemble des capacités spatiales utilisées par la défense, qu’elles soient patrimoniales, duales (civiles ET militaires) ou commerciales. Le CIE élabore la politique spatiale militaire pour le CEMA et contribue à sa mise en œuvre“. Le CEMA est le Chef d’Etat Major des Armées, actuellement le général François Lecointre au service direct du président auquel il semble très soumis, contrairement à son prédécesseur le général de Villiers, comme en témoigne sa dernière intervention devant une Commission de l’Assemblée nationale pour rappeler que les généraux en 2ème section, c’est-à-dire en réserve, n’ont pas à exprimer d’opinions politiques (1). D’ailleurs, une question se pose : Pourquoi le 13 juillet, le Général Lecointre n’était-il pas au côté de Florence Parly pour présenter le projet d’Armée de l’Espace ?

Le CIE fonctionne bien, pourquoi le supprimer ?

Le 17 mai 2016, La Commission de défense nationale de l’Assemblée a précisé que “le CIE est le point d’entrée unique de toute question spatiale relevant de la compétence des armées. Il a de ce fait un rôle de fédérateur chargé d’identifier les besoins militaires des trois armées, de commander les capacités spatiales militaires françaises en service et de coordonner leur emploi, et de participer à l’élaboration de la conduite des coopérations européennes internationales et multinationales. En outre, de par son expertise, le CIE conseille les autorités et organismes du ministère de la défense“.

Cette définition est claire et concise, on ne voit pas l’utilité de rajouter une “Armée de l’Espace” dont pour  le moment la  mission semble se limiter à mettre hors service les satellites ennemis. Exclusivement russes pour le moment.

S’exprimant à l’Hôtel de Brienne (Ministère des Armées), le président a dit vouloir mieux protéger nos satellites, “y compris de manière active“, la ministre Florence Parly précisant « nous ne nous interdisons pas d’avoir une stratégie plus offensive ». Comme toujours, il y a de l’esbroufe dans ce langage agressif parlant d’action offensive et le porte-parole de l’Armée de l’Air a du expliquer de manière diplomatique que l’offensif est en réalité défensif puisque “l’idée d’être actif est ici d’empêcher l’agression“.

Apprenons au président que cela est la raison être d’une armée nationale, qu’il n’était nullement besoin de le rappeler aux Etats-majors des Armées ni au CIE dont l’une des missions est justement de protéger nos capacités spatiales de renseignement et que cela ne justifie pas de créer une Armée de l’Espace spécifique qui va coûter cher (2) et faire double emploi. Le Point rappelle que “le choix d’intégrer l’espace au sein de l’armée de l’air va faire grincer des dents dans l’Armée de Terre et la Marine, qui disposent toutes deux d’experts spatiaux, lesquels devront au moins pour partie rejoindre l’Armée de l’Air.”
À moins que…

Le président veut son armée de l’espace

À moins que la dissolution du CIE ne soit dans l’air ? Il ne serait alors tout simplement question que d’une affaire d’ego, Macron ne supportant pas qu’une opération aussi médiatique que la création d’une “Armée de l’Espace (pourquoi pas “intergalactique” pendant qu’il y était), ait pu être conçue par une petite intelligence médiocre comme celle de son prédécesseur Sarkozy.

On imagine le dialogue dans son bureau de l’Élysée où Florence Parly (Flo-Flo) vient lui expliquer qu’un groupe de travail (en réalité le CIE) de son ministère a estimé la protection de nos satellites insuffisante :

“… et on pense pouvoir les protéger avec une nouvelle arme, un laser…”

” J’y avais pensé, un laser ça fait moderne, ça c’est progressiste. Bon, décision, note bien tout Floflo : je crée une armée de l’espace dont je suis le commandant et… une seconde… Briziiiite…”

“Ne crie pas mon héros, je suis là, sous le bureau”

“Que préfères-tu, “commandant de l’espace” ou “président de l’espace ?”

“C’est comme quand tu me fais un câlin mon héros, va doucement, le 1er septembre tu annonces la création de l’armée de l’espace dont tu es naturellement le commandant et le 11 novembre, par exemple, tu parles du président de l’espace comme si cela allait de soi”.

“Ah ouais, ouais, ouais, c’est juste, j’y avais pensé d’ailleurs, en même temps, ces militaires sont tellement cons, il faut les habituer doucement à mon génie, t’as tout noté Floflo ? Alors exécution pour le 1er septembre”.

Nous allons avoir une défense spatiale offensive, mais pas que !

Le porte-parole de l’Armée de l’Air a bien fait de nuancer le propos présidentiel agressif car il ne peut pas être question de procéder à des attaques. Le droit international est formel. En 1967, le Traité de l’Espace a été promulgué en interdisant la mise en orbite d’armes de destruction. Toute manœuvre militaire, tout test d’arme et toute base militaire sont également proscrits.

Normalement, il ne devrait donc pas être nécessaire de se défendre dans l’espace, puisque c’est un milieu extérieur à la Terre qui appartient à tout le monde.
Mais alors pourquoi parler de défense offensive ? « C’est une forme de réponse à un développement récent de l’espace.  Ce n’était pas censé être un endroit de confrontations, mais il est en train de le devenir  », nous explique le porte-parole pour justifier la création d’armes spatiales par la France.
Bref, Emmanuel Macron institue la “légitime défense préventive et offensive” que la Justice interdit formellement aux citoyens menacés par un individu armé d’un couteau.

Comment va faire la France pour avoir une “défense passive (pour respecter l’ONU) offensive et active” ? “Dans un premier temps, la prochaine génération de satellites Syracuse sera dotée de caméras qui leur permettront d’identifier d’éventuels agresseurs. Mais, dans un second temps, les satellites des générations suivantes pourront être équipés d’armements leur permettant de riposter. Cela pourra se matérialiser par des mitraillettes capables de détruire les panneaux solaires de l’agresseur ou par des lasers pour aveugler ou détruire un satellite ennemi” (Le Point).

Sarkozy, Trump, Poutine, Modi y ont pensé, Macron l’a fait !

Sarkozy y avait pensé et, pire, Donald Trump aussi avec la création récente de la Space Force. Vladimir Poutine aussi avec ses “Forces aérospatiales” créées en 2015 et le premier ministre de l’Inde Narendra Modi aussi, qui a déjà fait procéder à la destruction d’un vieux satellite indien pour tester la capacité d’un missile indien à le faire, et la Chine aussi…
Tous ces salopards ont copié sans vergogne l’idée géniale de notre président, c’est pourquoi il fallait le claironner le 13 juillet à l’hôtel de Brienne, l’inventeur de l’Armée de l’Espace est… Emmanuel Macron.

Cela dit, Numerama, le média du numérique le rappelle : “au-delà de l’effet d’annonce, la mise en œuvre va encore prendre du temps. Les missions des armées sont définies dans le Code de la Défense, qui est une loi. Pour la modifier, il va falloir travailler avec le Parlement, ce qui pourrait prendre du temps. L’Armée de l’Air et de l’Espace, ce n’est pas exactement pour demain, et une prétendue guerre des étoiles encore moins“.

Ah bon ? C’est comme pour la suppression de la taxe d’habitation ? Ça va être reporté à 2022 ou 2030 ? Le Commandement interarmées de l’espace a encore de beaux jours devant lui.

L’Imprécateur
3 août 2019

1 : http://www.opex360.com/2019/07/28/le-chef-detat-major-des-armees-voit-dun-mauvais-oeil-lactivite-politique-de-certains-generaux-en-2e-section/

2 : Au-delà des 3,6 milliards d’euros déjà alloués à l’espace dans la loi de programmation militaire 2019-2025, et confirmés par Emmanuel Macron samedi, les ressources humaines devront suivre. « De nouveaux investissements indispensables seront décidés », a d’ailleurs précisé le président. Seulement Florence Parly a précisé le 25 juillet qu’il s’agit seulement d’une “réallocation de crédits“.
Réallocation en défaveur de qui ? Gendarmerie-Police, Terre, Marine ?

4 Commentaires

  1. Réallocation de crédits en défaveur de qui ? Marine ou Armée de Terre , mais sûrement pas de la Gendarmerie- Police !!! Notre président Spatial en a trop besoin pour se protéger des horribles gueux gilets -jaunes !!
    Ha ! que n’existe t-il des mitraillettes laser ou je ne sais quoi , pour effacer toutes leurs traces et faire disparaître définitivement ces misérables … qui OSENT perturber ma mission de destruction et de ventes à la découpe de leur stupide France qu’ils appellent PATRIE !

  2. C’est surtout que l’armée, qui recrute des informaticiens plein pot, redoute des cyberattaques sur les installations et le réseau électriques du pays. Cette nouvelle forme de terrorisme est très efficace (aux USA, des cités ont subi un black-out durant plusieurs heures ; un test ?) car elle ne mobilise qu’un groupe d’une douzaine de hackers qui s’installent dans un appart, lancent leurs actions, remballent et se dispersent. Pas de meurtres, pas d’explosifs, pas de risque de se faire tuer en action, peu d’investissements, très difficiles à tracker. Les spécialistes ont déjà prédit qu’en cas de panne générale d’électricité à grande échelle dans le pays, sous 48 heures, il y aura des émeutes des pillages, des agressions entre civils, bref, le chaos. Imaginez un pays sans électricité durant 1 semaines ou deux ? On casse son élan économique. Plus rien ne fonctionne : les banques, les distributeurs de monnaie, les caisses, etc. On achète comment alors ? Demandez à ceux qui ont vécu les inondations durant plusieurs semaines sans pouvoir s’approvisionner, et vous verrez…. Les supermarchés n’ouvraient que 2 heures par jour et ne prenaient que des espèces ! Dans le désespoir, l’humain est capable de tout…
    Alors la guerre spatiale dans tout ça… Pour l’instant, la 3ème guerre mondiale est en cours sur le réseau internet de la planète. Vous ne le savez pas, mais il y en a déjà qui transpirent au combat.

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