LES IMPRÉCATIONS DE CAMOMILLE
(Cédric de Valfrancisque)

Poème très librement et très vaguement inspiré par « les Imprécations de Camille » de Pierre Corneille dans « Horace » (1640))

Le décor : La vieille Marquise de Morveux d’Enarque – née Trogneux – se morfond dans son fief du Touquet où elle est confinée pour cause de Covid 19. Elle s’occupe en feuilletant les 80 numéros de « Paris-Match », dont elle et le Marquis ont fait la couverture, tout en buvant sa tisane, sa camomille (1) ou sa verveine avant d’aller se coucher…

 


 

Grand Dieu, je n’en puis plus de ce confinement !
Ce Coronavirus me met dans les tourments.
Si loin de ce Palais, où mon Choupinet règne,
Moi qui suis à la fois son épouse et sa duègne.

Et que va-t-il donc faire, sans même que je le sache ?
Car je sais ce gamin porté sur  les radasses.
Or il ne manque point, au sein de sa maison,
De vieilles boucanées et autres laiderons.

Pour l’avoir déniaisé, lui avoir tout appris,
À faire des galipettes, à jouer la comédie (2),
Moi qui le connais bien, je le sais fort menteur,
Mais sachant, si besoin, se faire beau parleur.

Pour garder son amour, j’ai tout fait pour lui plaire :
Je me suis court vêtue, coiffée comme un cocker,
Mais, dès que je m’absente, ce petit obsédé
Est prêt à roucouler avec la Belloubet.

Qu’a-t-elle de plus que moi cette vielle rouquine ?
Là, je ne comprends pas, et ça me turlupine.
Il peut fort bien, aussi, jeter son dévolu,
Sur Marlène Schiappa, plus jeune et bien dodue,

Dont, subrepticement, il lorgne le gros cul.  
Ou me faire pire encore et, toute honte bue,
Dans quelque cabinet, jouer « la bête à deux dos »
Avec l’ébouriffée Muriel Pénicaud.   

Et je le crois capable d’honorer en levrette
Cette grosse négresse qu’on prénomme Sibeth (3).
Si pareille salope doit finir dans son lit,
Elle le paiera très cher, c’est moi qui vous le dis !

Dussé-je pour cela remuer ciel et terre,
Car rien ne calmera ma haine et ma colère.
Je lui  ferai la peau, oui  je la crèverai,
Pour lui passer l’envie de me cornecufier. 

Et le courroux du Ciel, allumé par mes vœux
Fera pleuvoir sur elle un déluge de feux !
Et avec  bonheur, la vouant aux gémonies,
Ne reculant devant aucune ignominie,

Et voir cette catin, à son dernier soupir,
Moi seule en être cause et mourir de plaisir.

(La Marquise, très énervée, se lève brusquement, renverse sa camomille et se dirige vers sa chambre. Elle ne voit pas le chien Némo, couché en travers du couloir. Elle le heurte et  s’étale de tout son long.
Cette histoire aura  donc une fin bien morale)…

Lorsque l’on est vieille catin,
Amourachée  d’un galopin,
Il ne faut point vouloir du mal
À ses éventuelles rivales…

 

Cédric de Valfrancisque
27 avril 2020

 

1)- Le lecteur aura compris toute la finesse du titre. (Voilà que Monsieur de Valfrancisque donne dans un humour de garçon de bain digne de l’Almanach Vermot (note de l’éditeur)

2)- On se souvient que la Marquise fut la professeur(e) de Français ET de théâtre du jeune Emmanuel de Morveux d’Enarque lorsqu’il était lycéen à Amiens, et qu’elle l’a déniaisé lorsqu’il avait à peine  16 ans. De nos jours on qualifierait cela de « détournement de mineur ».

3)- L’auteur parvient, en un seul vers, à être raciste « et en même temps » grossophobe. Monsieur de Valfrancisque mériterait d’entrer à l’Académie française (note de l’éditeur).

3 Commentaires

  1. …Et qu’en termes galants ces choses là sont dites
    Lorsque du Président, vous évoquez sa bite.
    Je l’imagine moins chevauchant Pénicaud
    Que faisant des papouilles à un beau moricaud.
    Ainsi, un jeune éphèbe, la couenne chocolat
    Comblerait d’avantage les goûts de ce gars là….

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