GUILLAUME MEURICE, PETIT TÉLÉGRAPHISTE DU HAMAS (Céline Pina)

En qualifiant Benyamin Netanyahou de « nazi sans prépuce » dans une chronique sur France Inter, l’humoriste reprend les éléments de langage de l’organisation terroriste, analyse l’essayiste Céline Pina.

Cet article est paru dans le journal Le Figaro du 01/11/2023 

Guillaume Meurice est l’un des comiques de Radio France. Un homme qui sait prendre le pouls d’un pays : en pleine vague antisémite, il fait un sketch ciblant… les Juifs. L’homme a compris que, quand on veut une part du festin, il faut savoir hurler avec la meute. Il sert donc ce qu’il pense que son public aime et que sa direction attend. C’est le fait que cette logique aboutisse à la diffusion de vannes antisémites qui est profondément révélateur.

Dans sa bouche, Benyamin Netanyahou devient donc un « nazi sans prépuce ». C’est vrai que, pour appeler à la fête d’Halloween après un pogrom atroce, rien de tel que de se faire le petit télégraphiste du Hamas en reprenant sa vision du monde : Juifs = nazis, donc Hamas = résistance.

C’est le narratif que les islamistes, plus particulièrement les Frères musulmans, veulent imposer. Le but du jeu est d’isoler Israël en exerçant une forme de chantage à la cinquième colonne. Les fanatiques de l’islam politique savent en effet que les gouvernements en Europe craignent de ne plus être en mesure de maîtriser des minorités arabo-musulmanes, de plus en plus sous l’emprise des représentations islamistes. Des minorités au poids conséquent, que l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien rend éruptives et possiblement violentes. L’idée des islamistes est que nos gouvernants sont lâches et sans colonne vertébrale. Il leur est donc politiquement moins coûteux de sacrifier une population juive ultra-minoritaire afin d’éviter la rupture avec une « rue arabe » qui s’exprime maintenant dans les capitales d’Europe comme elle s’exprime dans nombre de pays musulmans : visages déformés par la haine, soutien au Hamas, apologie du terrorisme, appel à tuer les Juifs… Bien sûr, ceux qui arborent le visuel des terroristes du Hamas en parapente, qui arrachent les affiches des otages israéliens ne représentent pas toutes les personnes d’origine arabo-musulmane, mais leur nombre n’est ni infime ni négligeable, et, comme les autres se taisent, ce chiffre ne peut qu’augmenter. Le fait que, victimes d’un pogrom, les Israéliens ont vite été transformés en bourreaux par l’opinion publique des pays musulmans est révélateur d’une fracture civilisationnelle. Le calcul des Frères musulmans, pour cynique qu’il soit, n’est donc pas forcément faux.

Que Netanyahou ne soit pas le dirigeant que mérite Israël dans les circonstances que le pays traverse est une évidence. Pour autant, en faire un nazi est une forfaiture. Le faire dans un contexte mondial où l’expression de l’antisémitisme arabo-musulman se fait de plus en plus violente et meurtrière est une mise en danger des Juifs, ici comme ailleurs.

La liberté d’expression n’est pas la garantie de l’intelligence des propos, certes, mais là la question est symbolique. Le service public est la traduction en institution de nos principes et idéaux. Que Guillaume Meurice aille déverser son inconscient antisémite dans les travées du Théâtre de la Main d’Or est une chose, qu’il le fasse, sans être viré, sur les ondes de Radio France en est une autre. Sauf si les gauchistes ne font qu’anticiper la direction que s’apprête à prendre le gouvernement : le lâchage d’Israël. Eux poussent juste jusqu’au lynchage moral.

Autre point intéressant : les artistes ne sont pas courageux. Il faut dire que, lorsqu’on dépend du soutien du public pour exister, on apprend vite à se positionner sur des opinions lucratives plutôt que courageuses. À cet état de fait, il existe certes des exceptions, dont ne fait pas partie M. Meurice. Mais le lâche est souvent un excellent révélateur de l’état d’une société. 

Artistes et politiques, qui ont pourtant souvent fait leur réputation en arborant une intransigeance déterminée face au nazisme et au fascisme au point de passer leur temps à recenser la prochaine bête immonde d’où pourrait sortir un nouveau totalitarisme, se montrent incapables d’ouvrir les yeux sur la réalité du Hamas. Ils se planquent derrière le peuple palestinien pour abandonner le peuple juif. Et pourtant les horreurs perpétrées par le Hamas sont connues, filmées, renseignées. Mais, même placées face à un crime contre l’humanité, trop de belles âmes ferment les yeux sur les horreurs et ne retrouvent pas leurs voix pour les dénoncer.

C’est aussi Guillaume Meurice qui fustige sur X les propos de Caroline Fourest de fort indigne façon. Elle tente d’expliquer, en partageant une vidéo, la différence entre un crime contre l’humanité et les morts liés à une guerre. Elle raconte que la façon dont la mort est donnée et dont les cibles sont définies compte. Il y a, chez les tueurs du Hamas, l’envie de piétiner tout ce qui fait la dignité humaine. Leur haine est déshumanisante, voilà pourquoi il leur faut même égorger les bébés. En revanche, aucun soldat de Tsahal ne se comporte comme l’a fait le Hamas. Pourquoi ? Parce que, dans un cas, les civils sont la véritable cible. Pas dans l’autre. Là où la rue arabe applaudit au massacre des civils juifs, en Europe et en Israël, on a le souci de la vie des Palestiniens. Cela change tout.

Pas pour Guillaume Meurice, qui trouve spirituel d’écrire au-dessus du tweet de Caroline Fourest : « Il y a le bon et le mauvais fascisme. » Le fait de mettre un signe égal entre Israël et le Hamas n’est donc visiblement pas un accident. Alors Guillaume Meurice a le droit de vouloir devenir le nouveau Dieudonné. Mais nous avons le droit de refuser de sponsoriser avec nos impôts des outrances délétères qui sapent la concorde civile, mettent en danger une partie de nos compatriotes et fracassent les idéaux sur lesquels repose notre contrat social. Après la Shoah, « plus jamais ça » n’était pas un vœu, mais un engagement. Depuis le 7 octobre, c’est devenu faux. Depuis les manifestations en soutien au Hamas et l’explosion des agressions antisémites, on se demande s’il est encore possible d’être juif en France et pour combien de temps.

Céline Pina

1 novembre 2023 

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10 Commentaires

  1. Le chien aboie, la caravane passe. Moins on en parle, moins les délateurs auront d’audience. Tout ce beau monde a horreur du silence des monastères, plus éloquent que tous les bavardages.

  2. Bien résumé, en fait il ne faut pas prêter attention aux élucubrations d’un m’a tu vu qui se croit intelligent, et qui profite de l’émotion provoquée par les tristes évènements actuels, pour en tirer un minable profit.
    Ce type n’est qu’une vulgaire lopette.

  3. Cette belle tête de vainqueur doit raisonner de la sorte
    «  l’islam vaincra en France comme en Europe , donc autant être du bon côté du manche « 
    Raisonnement tenu par beaucoup d’individus de la trempe de ce comique , ce dernier qui a dû avoir des aïeux bien complaisants avec l’Allemagne nazie , les chiens ne faisant pas de chat , donc ce qui a marché pour eux doit le faire pour moi
    se dit il ..Mais collabo est un métier qui ne dure pas dans le temps , soit l’épuration vient y mettre un terme , soit les maîtres occupants n’ayant plus besoin des services de ce genre de larbins veûles et voués corps et «  âme «  à leurs maîtres , ils terminent généralement dans un fossé ou au bout d’une corde s’ils ont toujours la tête sur les épaules ´ ce qui n’est pas garanti avec les pratiquants des mosquées

    • Très bonne analyse concernant ce soit disant comique. Il n’a rien de comique que de la haine pour essayer d’apparaitre.

      Une crevure de plus…

  4. L’antisémitisme est honteux la plupart du temps et se dissimule sous des propos édulcorés comme la critique du sionisme, propos tenus en ayant un air entendu et en pinçant du bec et tordant le nez.
    Mais sur les radios publiques biberonnées à nos impôts, les petits rats malfaisants se croient à l’abri, protégés qu’ils sont par leurs dirigeants, princes du camp du bien autoproclamé.

    Mais l’antisémitisme c’est comme le pus dans un furoncle, il y a juste à appuyer au bon endroit pour le faire sortir.

    Je vais faire preuve de tolérance modérée : que cette râclure de chiottes aille crever au fond d’un trou à rats du Hamas !

    • Le sionisme n’est pas le judaïsme authentique. La différence est nette pour de nombreux rabbins. Les sionistes se parent de la religion judaïque mais ne sont pas descendants des Hébreux. Les Palestiniens le sont, comme beaucoup d’habitants juifs d’Israël ou des juifs de la diaspora. On ne peut mettre tout le monde dans le même sac.

      • Pas d’accord. Les falestiniens dont nous parlons aujourd’hui sont des arabes venus d’ailleurs dans une “pays” fabriqué par le KGB.
        Les juifs d’Israël sont chez eux point barre.
        Si vous regardez une mappemonde, Israël n’est qu’un confetti au milieu d’une mer arabe musulmane. C’est le seul point de civilisation occidentale et moderne.
        Alors que les arabes cessent de pourrir le monde avec leurs jérémiades infinies et foutent la paix aux juifs. Mais ça c’est au dessus de leur compréhension.
        Après ce que vient de faire le sshamas – et il ne faut surtout pas l’oublier ni le minimiser – qu’Israël vitrifie Gaza ne me fera pas bouger un cil.

  5. En ce 1er novembre, je pense à mes grands-parents paternels qui ont cachés, puis aidés à fuir, des voisins, amis, collègues de travail, qui étaient pourchassés parce que juifs… Je pense à ces grands-parents, Justes parmi les Nations… Je suis si fière d’être leur descendante, et si horrifiée de voir ce que devient mon pays, ce que devient le monde. Oh bien sûr, il n’a jamais été joli joli le monde… Férue d’histoire, et lectrice assidue de M. Sevillia entre autres, je sais qu’avec l’homme, il y a de “l’hommerie”… mais j’avais dû espérer que l’homme irait en s’améliorant. Au contraire , on assiste à un sale mélange de barbarie, d’ignominie et de lâcheté calculatrice.

    • Je comprends votre réaction et votre conclusion ne me choque pas!
      Tant qu’il y aura deux humains sur cette planète les conflits de toutes sortes existeront et il y aura toujours un dominateur et un dominé ! C’est d’ailleurs je pense la loi de la Nature qui s’exerce à l’identique dans la société animale dont les hommes font un peu partie malgré leur vernis d’évolution, de modération, de tolérance, d'”humanité”, vernis qui a craqué, et continuera de craquer jusqu’à l’extinction ou de l’Homme ou de notre misérable confetti de planète dans l’Univers. C’est terrible et il ne faut pas jeter le manche après la cognée en ne cessant de remettre l’ouvrage sur le métier avec courage, héroïsme, abnégation, obstination et espérance… Sans jamais oublier qu’il en sera indéfiniment comme cela ! Ce n’est pas enthousiasmant comme projet de vie mais cette attitude qui permet de penser en oubliant l’inéluctable reste le moteur de notre infiniment courte vie sur ce misérable confetti que représente notre planète dans l’immensité de l’Univers. Bon courage à tous les hommes de bonne volonté et de peu de moyens !