Bien que tous ceux qui nous gouvernent disent ne pas tenir compte des sondages régulièrement publiés dans les médias, la réalité peut sembler singulièrement différente. Le sondage d’opinion n’a aucune existence constitutionnelle. Il n’y a pas si longtemps, la publication des sondages était interdite dans les quinze jours précédent un scrutin, afin de ne pas influencer les électeurs. Il y a là quelque chose de contradictoire.
Petit retour en arrière
C’est en 1977 que la loi a défini l’environnement des opérations dites « de sondage d’opinion ». Il faut noter qu’au départ, c’est essentiellement pour la presse écrite que ces dispositions avaient été prises. On trouve ainsi dans l’article 2 de la loi : « elles permettent de connaître la provenance du sondage, par exemple. Ainsi, chaque sondage publié ou diffusé doit être accompagné du nom de l’organisme ayant réalisé le sondage, du nom et de la qualité de l’acheteur du sondage, du nombre de personnes interrogées, de la ou des dates auxquelles les interrogations ont été effectuées »
Le terme important est « l’acheteur du sondage » Car on a tendance à l’oublier, mais la réalisation d’un sondage d’opinion est une opération commerciale qui consiste à commander un service contre une rétribution. Philippe de Villiers raconte sa propre expérience en matière de sondages, et c’est assez intéressant.
Y-a-t’il un lien entre les résultats et le client ?
A en croire Philippe de Villiers, il a constaté que, du moins pour ce qui le concernait, un tel lien avait existé et lui avait valu une progression assez spectaculaire dans les sondages.
Est-ce le cas général ?
Pour l’analyser, il faudrait connaître tous les résultats des sondages concernant l’ensemble des gens (ou des groupes) ayant commandé des sondages et comparer les résultats des entreprises de sondages, suivant qu’elles aient reçues ou non une commande de la part des intéressés. Cela n’est guère facile. D’autant plus que le « client » peut trouver un prête-nom qui brouillerait les pistes.
Enfin, si les conditions de publication des sondages – lorsqu’il s’agit d’intentions de vote – sont encadrées par le texte de la loi, elles deviennent beaucoup plus laxistes lorsque les questions posées s’écartent de ce strict domaine. Établir la cote de popularité d’une personne, d’un groupe ou d’un mouvement peut se faire sous différentes expressions de questions et ces questions sont trop rarement publiées. On peut penser que, suivant la façon dont la question est formulée, les réponses peuvent être très différentes tout en concernant le même sujet.
Les sondages sont-ils fiables ?
C’est une question fondamentale. Les sondeurs disent que ces opérations sont analogues à un cliché photographique. Autrement dit, que le résultat d’un sondage correspond à un état de l’opinion à un instant donné. Remarquez-bien, c’est aussi vrai pour les opérations de vote. Un électeur peut tout à fait changer d’avis, et même fréquemment.
La base scientifique des opérations de sondage vient d’un domaine mathématique particulier qui est la « théorie des probabilités » Cette théorie débouche sur des calculs dits « statistiques », qui permettent d’exprimer des résultats.
Mais on oublie souvent de préciser que, si un événement à très peu de chances de se produire (et on exprime cette probabilité d’occurrence par « une chance sur « x » millions », ceci n’est exact que sur une durée infinie et que l’événement en question peut se produire immédiatement et même se reproduire plusieurs fois de suite sans faire mentir le calcul statistique.
Cette présentation des choses peut être utile aux actuaires de compagnies d’assurances qui évaluent un risque financier pour leur compagnie, mais ne doit pas être utilisée comme un gage de sécurité destiné à sous-estimer le risque encouru par l’individu ou la collectivité.
Conscients de ces aléas, les organismes de sondage sont convenus de donner une « marge d’erreur », sorte d’aveu d’impuissance à donner un résultat exact. Cette marge n’est que très rarement communiquée, mais peut se révéler très significative et aller parfois jusqu’à inverser certains résultats lorsqu’ils sont comparatifs.
Les résultats des sondages publiés peuvent-ils influencer l’opinion ?
Difficile de répondre simplement par oui ou par non. Chacun peut s’identifier par rapport au résultat, en fonction de ce qu’il pense. Par une sorte d’instinct grégaire, nous aimons savoir que notre pensée ne nous place pas en marge de la société.
Pour beaucoup de gens, leur opinion n’est pas tranchée et ceux-là seront peut-être influencés par les sondages. Pierre Bourdieu va même jusqu’à écrire que l’opinion publique n’existe pas. En revanche, si les sondages sont utilisés pour réduire les réfractaires, voire démobiliser les adversaires comme cela est souvent le cas, on peut affirmer que les sondages deviennent alors un instrument politique.
Et on peut même craindre que cet instrument politique finisse par se substituer à la démocratie en rendant inutile un scrutin qui ne serait plus que l’expression dans les urnes d’une opinion fabriquée par les médias.
Lorsque ces mêmes médias se contentent d’annoncer un résultat de sondage sans aucune autre précision, du genre « Untel continue de progresser dans les sondages » ou bien « la côte de popularité de X n’en finit pas de monter », on peut s’interroger sur le but poursuivi…
Il y a donc un réel problème lorsque l’ensemble des médias, toutes technologies confondues, sont contrôlés par un petit nombre de gens qui, naturellement, essaieront de faire prévaloir leur propre point de vue.
Jean Goychman
6 mars 2019
NB : Ceux qui souhaitent approfondir leur réflexion sur la nature des sondages, leur financement, leur exploitation, leur interprétation et les sociétés spécialisées dans ce type d’estimations peuvent utilement se référer à l’article de l’Imprécateur paru le 31 mars 2017 « Ceux qui financent et manipulent les sondages » en cliquant sur le lien ci-dessous.
https://www.minurne.org/billets/10360
par des sondeurs , bidouilleurs , qui pipeautent les chiffres , sur les ordres d’en haut ! la farce est trop grosse ! de plus , mamie trogneux a de la famille dirigeant un institut de sondage = donc , ……..
bien sur qu’on peut gouverner par des sondages , dans de telles conditions !
élémentaire , mon cher WATSON !
les gens qui veulent continuer à croire au père Noel sont libres de le faire ………