LA FIN DE L’EMPIRE AMERICAIN ?
(Jean Goychman)

La fin de l’empire américain version Deep State?

Le Conseil Atlantique, qui réunissait les ministres de la défense d’un certain nombre de pays européens les 23 et 24 octobre dernier ne semble pas s’être déroulé dans une atmosphère de « franche camaraderie » . Un article récent publié sur le site du Réseau Voltaire titrait même : « L’OTAN sur le point d’imploser »

Avant d’aller plus loin, un petit rappel historique n’est pas inutile.


Quelques éléments

A la question  « pourquoi à-t-on fait l’OTAN », il est souvent répondu que c’était pour contenir une éventuelle invasion par les troupes soviétiques en Europe occidentale. C’est assez réducteur et partiellement inexact. Il y avait deux autres objectifs, qui répondaient à une problématique de plus long terme, sans lesquels l’OTAN aurait disparu dès la fin du bloc soviétique.

Il s’agissait surtout d’empêcher le retour des nationalismes européens et de pousser l’intégration européenne. Il est difficile de comprendre ce qui se passe sous nos yeux si nous omettons cet aspect des choses.

Il est également intéressant de prendre en compte les dates qui marquèrent les grandes orientations de l’OTAN et de les comparer à celles de certains changements dans la politique étrangère américaine. Le document « une brève histoire de l’OTAN » résume bien les choses.

Sous l’apparence d’une réponse à la guerre froide, une autre idéologie commençait à se profiler, ou plutôt se manifestait sous une autre forme.

Traditionnellement isolationnistes depuis 1823 et la « Doctrine de Monroe », l’entrée en guerre des États Unis le 7 décembre 1941 avait marqué une rupture. On aurait pu penser qu’une fois la guerre terminée, ils reviendraient à la situation antérieure. Or, les « forces mondialistes » étaient les grandes gagnantes de cette guerre et désiraient exploiter la situation.

L’Europe occidentale allait devenir pour elles un véritable laboratoire qui leur permettrait d’étudier in vivo le fonctionnement d’un futur gouvernement mondial.

Une nouvelle donne avec Donald Trump

L’élection de 2016 a marqué un changement considérable. Contrairement à ses prédécesseurs, Donald Trump n’est pas mondialiste. Son élection constitue probablement le revers le plus sérieux subi par le « deep state » depuis des décennies. Après quelques « tirs de réglage », les choses sont devenues plus sérieuses et nous assistons à un véritable « struggle for life » entre ces deux protagonistes. Ce qui s’est passé à la réunion du mois d’octobre va dans ce sens. Le retrait de l’armée américaine de Syrie a mis les européens dans une situation difficile. Bien que la plupart d’entre eux soient sous influence de cet “état profond”, donc des mondialistes, ils n’avaient jamais pensé prendre des décisions concernant le futur de l’OTAN. Or, la décision unilatérale de Donald Trump, justifiée par un discours très « monroïste » indique clairement que le Deep State ne peut plus compter sur l’armée américaine pour ses opérations extérieures. Finies les interventions au nom de la « liberté des peuples » qui se sont déroulées depuis trois ou quatre décennies.
Or, le « bras armé » de rechange est l’OTAN, sur lequel le Deep State était supposé s’appuyer, est en pleine crise existentielle. Emmanuel Macron lui-même dit que cette organisation est en état de « mort cérébrale »

Le problème de la Turquie

Le retrait de l’armée américaine de la Syrie, dont les frontières, comme l’a rappelé le président américain, sont à plus de 7000 miles des Etats-Unis, est on ne peut plus explicite. Le champ étant libre, la Turquie a pu lancer son opération contre les Kurdes du territoire syrien. L’Europe s’est crue obligée de réagir en vertu d’un principe de protection de la population.

Emmanuel Macron, dans un article publié dans le Figaro du 07 novembre, déclarait :

 «Vous n’avez aucune coordination de la décision stratégique des États-Unis avec les partenaires de l’OTAN et nous assistons à une agression menée par un autre partenaire de l’OTAN, la Turquie, dans une zone où nos intérêts sont en jeu, sans coordination», a-t-il souligné. Et d’ajouter : «Ce qui s’est passé est un énorme problème pour l’OTAN.»

Belle perspicacité, Monsieur Macron, mais quelle solution portez-vous ?

Le problème incontournable de l’article 5 du Traité de L ‘Atlantique-Nord.

Continuant « l’état des lieux » et rappelant le principe de l’article 5 qui prévoit la solidarité militaire en cas d’attaque d’un de ses membres, il pose la question suivante :

 «C’est quoi l’Article 5 demain ? Si le régime de Bachar el-Assad décide de répliquer à la Turquie, est-ce que nous allons nous engager ? C’est une vraie question. Nous nous sommes engagés pour lutter contre Daech. Le paradoxe, c’est que la décision américaine et l’offensive turque dans les deux cas ont un même résultat : le sacrifice de nos partenaires sur le terrain qui se sont battus contre Daech, les Forces Démocratiques Syriennes»

Il eut peut-être fallu y penser avant, au lieu de participer inconsidérément à des opérations militaires dans lesquelles plus personne ne se retrouvait ? L’Europe, pensant combattre Daesh, a soutenu l’armée démocratique syrienne, en pensant que les jours de Bachad El Assad étaient comptés. Or, il est toujours vivant et agit en tant que chef d’un Etat souverain et son armée régulière combat l’armée démocratique.
Et le mal est profond car les pays membres sont divisés entre eux.

Pour faire simple, il y a les USA et la Turquie d’un côté, et de l’autre un bloc (fragile) composé de l’Allemagne, de la France et des pays du Bénélux.

Ces derniers voulaient une intervention en Syrie, contre l’armée syrienne et la Turquie afin de soutenir les kurdes. Les premiers ont refusé, d’où le blocage. Les anciens satellites soviétiques, aujourd’hui dans l’OTAN, ont tenté de « calmer le jeu », mais c’est bien l’existence même de l’OTAN qui est en cause.

Vers une nouvelle répartition ?

L’Allemagne, la France et le Bénélux voudraient bien prendre la tête de l’OTAN, mais n’en ont pas les moyens. L’Allemagne veut rester dans le cadre du Traité alors que la France voudrait plus d’intégration afin de créer une véritable force européenne, dont les Allemands ne veulent pas. Emmanuel Macron ne cache pas son jeu euro-mondialiste, ce qui ouvre encore davantage le fossé qui le sépare de la vision allemande. De leur coté, les allemands sont très encadrés par leur constitution qui n’autorise que des missions de défense…

Cette situation entièrement nouvelle, créée volontairement par le Président Trump, est un des aspects de la lutte sans merci qu’il livre contre le Deep State et il espère probablement que la disparition de l’OTAN portera un coup fatal à la tentative d’intégration de l’Union Européenne, ouvrant ainsi la voie au retour des nations et de leur souveraineté.

Jean Goychman  
07/11/2019

 

2 Commentaires

  1. Tout empire à une fin. Mais c’est Erdogan qui risque gros. Si l’OTAN disparaît, il n’est plus protégé sous son couvert et la Russie guette la Turquie depuis un bail…
    En même temps, la Turquie s’est permis une intrusion en territoire Syrien, et moi je serait Assad, je ne l’accepterais pas et j’agirais pour défendre les Kurdes. Pendant ce temps, Erdogan va nous véroler avec les djihadiste avec un plaisir qu’il a du mal à cacher. Et nos dirigeants, les brelles à M.1er, vous faire rentrer cette vérole chez nous sans souci. Normal.

  2. Ben on va utiliser des mercenaires signe de la profonde décadence de nos pays. Machiavel au secours !

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