FRONT POPULAIRE : ÉLOGE DE LA POLICE
(Michel Onfray)

Comme vous le savez peut-être, Michel Onfray vient de créer un nouveau média, réunissant autour de lui, sous le label « Front Populaire », un certain nombre de personnalités de tous bords impliquées dans la résistance à la médiocrité et la préparation du « Jour d’Après ».

Sous forme de « mook » (hybride entre magazine et book), ce nouveau média de l’intelligence politique sera disponible en kiosque à partir de cet été. Vous pouvez aussi vous y abonner. Un site web est dédié à ce projet : https://frontpopulaire.fr/.

Sans citer tous les promoteurs de ce projet qui ont rejoint Michel Onfray, on notera Jean Pierre Chevènement, Dominique Jamet, Didier Raoult et Philippe de Villiers. Gageons que cette réunion d’intelligences sera à la hauteur de ses promesses.

Dans le présent article, Michel Onfray réagit aux dernières déclarations de Christophe Castaner suite aux manifestations contre les « violences policières ».



Notre époque nihiliste se caractérise, en autres choses, par une défaite de la réflexion et un triomphe de la moraline. La moraline est cette substance toxique des gens sans morale qui n’abordent plus le monde qu’en pantins manichéens tout juste capables de dire: je like ou je nique… On ne se pose plus la question du pourquoi et du comment des choses, autrement dit de leur généalogie, mais on martèle qu’on adore ou qu’on vomit, disons-le dans le sabir du jour : qu’on kiffe ou qu’on invite à manger ses morts. C’est le degré zéro de l’humanité, le temps du cerveau reptilien qui décide de l’action binaire : on bave d’amour ou on bave de haine. Dans les deux cas, dépourvu de cerveau, on n’est plus qu’une bouche qui bave. Un ver annelé qui mange et qui défèque. Darwin n’avait pas prévu que l’évolution conduirait cette transformation de l’homme en ténia.

Dans les rues de Caen, un long cortège défile, nonobstant l’interdiction des rassemblements de plus de dix personnes. Mais ces manifestants ont le soutien du ministre de l’Intérieur pour transgresser la loi et celui du chef de l’État qui, jadis, était censé garantir l’état de droit car, bien sûr, le chef de l’État est silencieux mais il lui a donné sa bénédiction, comment pourrait-il en être autrement. Le slogan de ces manifestants ? « Tout le monde déteste la police » ! Quelle drôle d’idée d’affirmer une pareille chose quand moi, par exemple, je ne souscris pas à cette vocifération et que tout le monde moins un, ça n’est plus tout le monde.

D’autant que je sais ne pas être seul : nous sommes nombreux à penser que, non, nous ne détestons pas la police. Nombreux et d’ailleurs majoritaires.

Le ministre de l’Intérieur et le chef de l’État conduisent donc une politique en faveur des seules minorités dans le plus total mépris de la majorité, qui n’en peut plus… Voilà  qui montre que nous ne sommes plus en démocratie mais dans une oligarchie qui gouverne en fonction des intérêts d’une poignée de gens. Nous sommes en régime communautariste et racialiste qui a choisi pour ennemi le mâle blanc hétérosexuel.

« L’émotion dépasse les règles juridiques » (Castaner)

Pour preuve que nous sommes dans un régime communautariste et racialiste anti-blanc, autrement dit un apartheid inversé : cette saillie de Castaner qui explique pourquoi la justice, aux ordres, du moins complice, ne poursuivra pas les gens qui ont manifesté malgré l’interdiction de le faire et malgré les lois relatives au coronavirus: « L’émotion dépasse les règles juridiques. »

Changement d’ère : il  suffira dès lors, quand son enfant aura été violé, d’en appeler à l’émotion pour buter soi-même le violeur en estimant que sa souffrance justifie qu’on s’affranchisse des lois ; il suffira, quand on se fera cambrioler pour la dixième fois sans que rien ne soit fait, de tirer sur les cambrioleurs pour les abattre afin que, sains et saufs, ils n’aillent pas porter plainte contre le cambriolé ; il suffira, quand un chauffard nous coupera la priorité de le rattraper, de l’agresser puis de l’achever à coup de manivelle; il suffira, quand le chef de l’État aura trahi son peuple plus que de raison, d’entrer à l’Élysée pour lui trancher la tête et la mettre au bout d’une pique – il suffira désormais d’invoquer l’émotion…

Jamais on n’est tombé aussi bas qu’avec ce ministre de l’Intérieur qui invite à jeter la loi par-dessus bord si l’émotion le justifie ! C’est proprement inviter à la loi de la jungle, aux règlements de compte, à la vengeance, à la vendetta, à la loi du talion. Ces prétendus progressistes ne s’activent que pour la régression !

C’est en même temps une invitation à abolir la police qui est le bras armé de l’un des droits de l’homme : la sûreté – c’est, avec la liberté, la propriété et la résistance à l’oppression, on devrait s’en servir de celui-là, l’un des quatre droits naturels et imprescriptibles – voyez l’article 2. Ce que veut Castaner, c’est abolir ce droit de l’homme au nom d’une logique qui est tout simplement celle de la mafia dont Castaner semble bien connaitre les règles.

On imagine que ça n’est pas l’émotion de tout le monde que Castaner porte en sautoir… Car l’émotion, les gilets jaunes n’en ont pas manqué. Or, quand ils manifestaient la leur, le pouvoir macronien envoyait la troupe pour leur arracher les mains, leur fendre le crâne ou leur faire sauter les yeux des orbites.

L’émotion de ceux qui appellent à la haine de la police, le chef de la police la bénit, il se dit même prêt à mettre un genou à terre : mais comment pourrait-il s’agenouiller alors qu’il a brûlé les étapes et qu’il se trouve déjà à plat ventre ?

On a déjà vu que la vieille dame qui allait faire ses courses avec une attestation de sortie rédigée au crayon à papier se faisait taxer d’une amende qui comptait pour un quart de sa retraite : elle aurait pu frauder et modifier ses erreurs de sortie, il suffisait d’une gomme dans la poche. Ou bien qu’un fils qui se déplaçait pour fermer les yeux de son père mourant s’est fait lui aussi verbaliser. Ou bien encore que les morts se trouvent privés de cérémonies mortuaires avec leurs familles. Ou bien enfin que les anciens ont été parqués dans leurs usines à crever avec interdiction de voir leurs enfants.

Pendant ce temps : invitation de la hiérarchie policière à fermer les yeux sur le viol du confinement après la rupture du jeûne du ramadan à Hérouville-Saint-Clair (24 avril), match de football dans les quartiers chauds de Strasbourg (25 mai), même chose à Grigny (27 mars), prière de deux mille musulmans dans un stade (24 mai), manifestation dite antiraciste (en fait : racialiste) à Paris (31 mai). 20.000 personnes au coude-à-coude dans les rues de la capitale, voilà qui ne constitue pas un risque épidémique de foyer – de cluster comme disent les muscadins de l’Élysée tout à la dévotion l’Empire américain.

L’affaire George Floyd

Le meurtre de George Floyd aux États-Unis n’est pas objet de like ou de nique. Mais d’une réflexion généalogique. Commençons par préciser que ce meurtre est inexcusable, il est tout même explicable, étymologiquement : susceptible d’une explication, et on ne m’empêchera pas de faire mon travail de philosophe.

Nul ne l’ignore, aux États-Unis, les armes à feu sont en vente libre : c’est le pays au monde où, (faudrait-il sen étonner ?) les morts par balles sont les plus nombreux. C’est également l’État où les meurtres d’enfants dans les écoles sont les plus nombreux, chacun a l’occasion de s’en apercevoir : les fusillades dans les lieux scolaires sont, hélas, monnaie courante. Quand aux USA un policier interpelle une personne suspectée d’un acte délictueux, il risque sa vie si on lui tire dessus : c’est le far-west, autrement dit c’est sa vie ou celle de l’individu qu’il appréhende. Qui refusera de prendre en compte cette donnée sociologique pour penser les polices ? Ce qui se passe aux États-Unis n’est pas comparable à ce qui a lieu en France.

De la même manière que, sociologiquement, les morts par chute d’un toit sont plus fréquentes dans la profession de couvreur que dans celle de maître-nageur, les morts suite à des interpellations qui se passent mal sont plus fréquentes dans la profession de policier que dans celle de guichetier au Crédit agricole.

Prolétaire, exploité, sous-payé, mal considéré… le dur métier de policier

Le métier de policier consiste, chaque jour, à se trouver avec le moins beau de la nature humaine. Olivier Marchal, un ancien du métier, a publié un très beau texte en défense de la police en interpellant les belles âmes « qui n’ont jamais vu un flic pleurer devant le cadavre d’un enfant de quatre ans tué d’un coup de fer à repasser ou d’un nourrisson violé par son beau-père et qui dégueule ses intestins par son anus ». C’est ça le métier de policier : rencontrer cette engeance qui tue des enfants au fer à repasser ou qui les sodomise au point de les déchirer.

Sauf quelques demeurés confits dans l’idéologie, chacun sait qu’il existe des centaines de territoires perdus de la République dans lesquels la loi est celle que chérit notre ministre de l’intérieur: celle de la jungle. Un monde de voleurs, de braqueurs, d’agresseurs, de dealers, de violeurs, d’agresseurs, devant lesquels il n’y a que deux solutions : soit rien faire et laisser dire pour obtenir une prétendue paix sociale, alors que cette fausse paix prépare une vraie guerre civile, c’est la jurisprudence Macron-Castaner, mais c’est aussi celle de tous les chefs de l’État depuis un demi-siècle ; soit appréhender ces présumés coupables afin de les remettre à la justice pour que la loi soit dite, c’est la jurisprudence républicaine. La République est morte depuis que la première jurisprudence triomphe.

La plupart des policiers sont des prolétaires, exploités, sous-payés, mal considérés, exposés, pas soutenus par leur hiérarchie car, plus on grimpe, plus elle est faite de complices du pouvoir qui se signent devant cette fameuse jurisprudence Castaner : comment, sinon, grimper les échelons et obtenir de la promotion, sinon par zèle et empressement à s’agenouiller aux côtés de Castaner ou, mieux, à se mettre à plat ventre, près de lui ?

La complicité des médias dans la désinformation orientée

Quand un adolescent répondant au nom de Gabriel témoigne des coups qu’il a reçus, il commence son témoignage en avouant sans vergogne qu’il était en train de voler un scooter. Lorsque ce reportage passe dans l’émission matinale de Morandini qui, je crois, aura bientôt l’occasion de rencontrer la police lui aussi, ce passage où il est dit que le vol précédait l’interpellation a tout bonnement été effacé. Il est alors facile de parler de prétendues violences policières : le jeune garçon n’a rien fait, il a juste été attaqué parce que des policiers voulaient le tuer, normal, c’est dans leur ADN de «fascistes» et de «terroristes» est-il dit !

La censure de cette information consiste à tronquer l’information, elle est donc propagande et idéologie, mensonge et mystification. Le coupable se trouve transformé en victime. Le policier qui tente d’interpeller un voleur qui s’enfuit devient le coupable absolu, le coupable véritable devient la victime totale : inversion des valeurs radicales… Et voilà donc toute la police raciste, toute la police violente, toute la police coupable.

Ces gens qui défilent en affirmant qu’ils détestent la police ne remettent pas en cause le régime macronien, l’État maastrichtien, l’ordre mondial américain, comment dès lors Castaner & Macron ne leur feraient-ils pas le baiser mafieux ? Le président de feu la République peut bien continuer à ruiner le pays, à détruire la France, à travailler à la paupérisation généralisée, à confiner et ficher les citoyens pour mieux les contrôler : ceux qui manifestent sont les idiots utiles de ce monde comme il va. Comment, sinon, expliquer la formidable mansuétude d’État dont ils profitent ?

La police est le bouc émissaire de ce pouvoir qui flatte ceux qui haïssent la police dans le sens du poil. Le pouvoir sait que la police, idem avec l’armée, est loyale et ne retournera pas ses armes contre lui. Mais jusqu’à quand ? Le jour où cette guerre civile que fomente le pouvoir aura envahi les rues, on saura répondre à cette question

Michel Onfray
10 juin 2020

13 Commentaires

  1. Que penseraient mes « amis patriotes qui lisent MINURNE » de l’initiative suivante:
    TENTER DE CONVAINCRE LE GENERAL PIERRE DE VILLIERS DE REMPLACER « qui vous savez » A L’ELYSEE EN 2022 ?

  2. Et maintenant que la situation a été dépeinte et analysée en surface une énième fois (apparemment il y a des retardataires qui n’avaient toujours rien vu), on fait quoi CONCRÈTEMENT ? Jusque là, Michel Onfray ne dérange personne, pas plus que Zemmour, De Villiers ou les LePen. La meilleure preuve c’est qu’on les voit partout dans les medias.

  3. Bonjour Michel Onfray .
    J’adore votre description de nos contemporains humanoïdes …Ce n’est pas le niveau de leur QI de ténia qui les rend dangereux , mais plutôt leur nombre ..Ils seront capables en 2022 de remettre sur le trône le gamin de l’Elysée….un trône qui s’apparente plus à un pot de chambre !
    Un petit bémol en ce qui concerne la police . Leur formation a été bien raccourcie , et on a « oublié » de leur apprendre qu’ils étaient en premier lieu au service de leurs concitoyens . Ils obéissent aux ordres les plus fous sans se poser la moindre question … On l’a malheureusement vu avec les gilets Jaunes , et il en reste des traces ..Le jour où ils seront capables de dire NON , ils retrouveront leur place dans notre estime . C’est à eux de reprendre leur réputation en mains . Puisque nous en sommes arrivés à ce que les « émotions » priment sur les lois , ils auraient pu montrer que leur émotion d’avoir été publiquement désavoués par leur « chef  » les obligeait à rester chez eux à la manifestation raciste éhontée de samedi dernier ..et vogue la galère …ce gouvernement de lâches et de peureux aurait fait marche arrière …Nous n’en sommes plus à un à plat -ventrisme prés !
    Merci pour votre article .

  4. Je vous invite à foncer sur le Valeurs Actuelles N°4359 qui vient de sortir avec un article magnifique de Monsieur Philippe de Villiers.
    Assisterions-nous à un réveil ?

  5. Excellent Onfray, comme toujours, à mettre bien les points sur les i et les barres sur les T.

    Les policiers sont tout de même sélectionnés pour leur capacité d’obéissance aveugle qui conditionne leur légalisme. Est-ce qu’un jour il vont casser leur laisse pour redevenir eux-mêmes après avoir réfléchi qu’ils ont aussi une famille et des enfants dont le futur est en danger, tout comme celui des autres Français honnêtes ?

    Je reste surpris de la solidité de ce gouvernement et de la patience (ou lâcheté) des Français. Mais peut-être est-ce la puissance de l’anesthésie au chloroforme des médias aidée de celle des médecins prescrivant aveuglément anxiolytiques et antidépresseurs à tour d’ordonnances sur le dos de la SECU ? A moins d’être complètement sourd et aveugle, il est clair que ce gouvernement est destructeur. Attendez que le tsunami socio-économique provoqué par le séisme du Covid-19 arrive, et pluie de licenciements oblige, les Français vont peut-être ouvrir les yeux pour pleurer à chaudes larmes.

    Mais Onfray a raison, cette soumission gouvernementale est flagrante et ne profite qu’aux racailles soutenues par les idiots utiles, bons bourgeois à l’abri dans leur quartier-bulle qui regardent le monde depuis leur balcon mais n’y descendent jamais. Ils ne peuvent donc pas connaître les horreurs que voient chaque jour les policiers. Néanmoins ils osent se permettre de préjuger à gogo.
    Le jour où les policiers feront un bras d’honneur à leur hiérarchie et rentreront chez eux pour protéger leur famille du chaos, certains feront moins les malins. Et les racailles auraient tort de ne pas viser les juteux quartiers bourgeois et s’y servir à gogo.

  6. Castaner a soutenu les policiers et gendarmes auteurs de violences meurtrières contre les gilets jaunes,
    Aujourd’hui, la crise sanitaire achevée, il accuse les forces de l’ordre de racisme.
    Trois périodes bien orchestrées : gilets jaunes, confinement et manifestation communautaire, ou tout au moins gérées pour leur seul profit. Ce gouvernement démoniaque est l’ennemi de la civilisation.

    Comment vont réagir ces policiers, encouragés un jour puis accusés un autre jour. Je leur suggère de se joindre
    au peuple et de prendre part à ce qui se prépare. A la libération.

  7. Je salue cette initiative qui change radicalement du bruit de fond médiatique actuel.
    Je paie déjà un abonnement à Valeurs Actuelles papier et le « mook » (mon dieu quelle horreur ce terme !) de Michel Onfray coûte un peu trop cher pour ma bourse.
    A signaler ce jour la belle déclaration de Marion Maréchal qui ose dire autre chose que les dégoulinures pro-adama. Çà fait du bien. A part Olivier Marchal sur C News, on a entendu peut de gens s’opposer à cette vague lamentable.

  8. Il devrait ajouter à son équipe zemmour, philippot, asselineau et bien d’autres souverainistes et patriotes.

    • Et Marion Maréchal qui n’a plus rien à voir avec le RN-Le Pen en tant que personne.

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