IL Y A 55 ANS… MAI 68… DE GAULLE… (Marc Le Stahler)

Pour quelle raison évoquer mai 68  aujourd’hui ? Parce qu’à bien des égards, ce qu’on appelait pudiquement à l’époque les « événements » ressemble étrangement un peu à ce que nous vivons aujourd’hui…

A quelques différences près, cependant, qui ne vous auront pas échappé : le personnel politique, tant au Gouvernement qu’au Parlement, était alors sensiblement plus compétent, responsable et respectueux des institutions que celui que nous subissons aujourd’hui. Et, bien entendu, inutile d’ajouter que Macron n’est pas de Gaulle…

A 24 heures de cet entretien que Macron va nous infliger sur les chaînes publiques et CNews, je souhaitais juste soumettre à la réflexion de nos lecteurs, notamment les plus jeunes, ce que furent les deux allocutions du général de Gaulle, les 24 et 30 mai 1968.

La première, télévisée, après un mois d’émeutes et de grèves, fut un ratage complet. En annonçant le 24 mai un « référendum » qui tombait totalement à plat – sur la rénovation universitaire, en plus ! – le général avait bel et bien raté son coup.

Une semaine plus tard, après sa disparition et son escapade à Baden-Baden qui avait totalement effaré et effrayé le monde politique (à commencer par le Premier Ministre Georges Pompidou lui-même, tenu à l’écart de cette visite) le général reprenait brillamment la main, tout en laissant planer un léger doute sur les motivations profondes qui l’avaient incité à aller rencontrer outre-Rhin son vieux complice le général Massu, commandant en chef des forces armées françaises en Allemagne…

 

Le 30 mai (*), André Malraux prenait la tête, aux Champs Elysées, d’une marée humaine de près d’un million de personnes et, après dissolution de l’Assemblée Nationale, les élections législatives anticipées envoyaient une majorité absolue de députés gaullistes au Palais Bourbon (75 %) !

Le premier discours, celui du 24 mai, fut télévisé. Le second, le 30 mai, ne fut diffusé qu’à la radio, ajoutant au tragique de la période, et destiné à rappeler, dans l’inconscient collectif des français, ces années d’occupation où le général, chef de la France Libre, ne s’exprimait qu’à la BBC…

De Gaulle : Allocution du 24 mai 1968

De Gaulle : Discours radiodiffusé du 30 mai 1968

Macron, n’en doutons pas, cherchera à s’inspirer plus ou moins de ces heures tragiques et historiques. Mais quel modèle choisira t’il ? Le premier ou le second ? Ou encore un 3ème, qui surprendrait tout le monde ?

Encore quelques heures pour savoir

Marc Le Stahler

21 mars 2023

(*) Compte tenu de la nature du second discours, radiodiffusé, en voici le texte écrit, d’une intensité, d’une force et d’une autorité qu’on a rarement connues depuis…

« Etant détenteur de la légitimité nationale et républicaine, j’ai envisagé, depuis vingt-quatre heures, toutes les éventualités, sans exception, qui me permettraient de me maintenir. J’ai pris mes résolutions.

Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple, je le remplirai.

Je ne changerai pas le Premier ministre, dont la valeur, la solidité, la capacité, méritent l’hommage de tous. Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la composition du Gouvernement.

Je dissous aujourd’hui l’Assemblée nationale.

J’ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens l’occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre Université et, en même temps, de dire s’ils me gardaient leur confiance ou non, par la seule voie acceptable, celle de la démocratie. Je constate que la situation actuelle empêche matériellement qu’il y soit procédé. C’est pourquoi j’en diffère la date. Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans les délais prévus par la Constitution, à moins qu’on entende bâillonner le peuple français tout entier, en l’empêchant de s’exprimer en même temps qu’on l’empêche de vivre, par les mêmes moyens qu’on empêche les étudiants d’étudier, les enseignants d’enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens, ce sont l’intimidation, l’intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue main en conséquence et par un parti qui est une entreprise totalitaire, même s’il a déjà des rivaux à cet égard.

Si donc cette situation se maintient, je devrai, pour maintenir la République, prendre, conformément à la Constitution, d’autres voies que le scrutin immédiat du pays. En tout cas, partout et tout de suite, il faut que s’organise l’action civique. Cela doit se faire pour aider le Gouvernement d’abord, puis localement les préfets, devenus ou redevenus Commissaires de la République, dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible l’existence de la population et à empêcher la subversion à tout moment et en tous lieux.

La France, en effet, est menacée de la dictature. On veut la contraindre à se résigner à un pouvoir qui s’imposerait dans le désespoir national, lequel pouvoir serait alors évidemment et essentiellement celui du vainqueur, c’est-à-dire celui du communisme totalitaire. Naturellement, on le colorerait, pour commencer, d’une apparence trompeuse en utilisant l’ambition et la haine de politiciens au rancart. Après quoi, ces personnages ne pèseraient pas plus que leur poids qui ne serait pas lourd.

Eh bien ! Non ! La République n’abdiquera pas. Le peuple se ressaisira. Le progrès, l’indépendance et la paix l’emporteront avec la liberté.

Vive la République !

Vive la France ! »

 

 

9 Commentaires

  1. Je me pose toujours la question de savoir qui sont les gens qui répondent aux sondages. Parce que pourtrouver encore 20% de personnes favorables à Macron, ou bien il faut aller dans les cités, ou bien les sondages sont faux. Et j’opte pour la seconde solution ! A mon âge (86 ans) on a connu pas mal de Présidents mais , comme disait Coluche, dans le pire c’est Macron le meilleur !!!! Alors, les Français, on se réveille ????

    • Absolument ça. Les français sont pieds et mains liés surtout ceux qui ont pris conscience.des dangers.
      Nous sommes comme dans un aquarium alors si on s’agite ,nous sommes observés de prés
      à travers la vitre des téléphones et des caméras : Donc si on doit bouger c’est par des exigences legales même internationales,c’est en exhibant leurs failles ,à la télé ,à la radio,
      sur des journaux ,les chansons :Faut qu’ils aient honte ou qu’il ait honte. .Il ne doit pas respirer une seule seconde sans qu’il soit mis en cause dans ses décisions.souvent unilatérales.Certaines mairies ont tendance à jouer ce jeu.qui consiste à ne pas demander l’avis des citoyens concernés/Il faut que cet état d’esprit cesse une fois pour toutes.Donc lutter , lutter ,lutter

  2. Si vous saviez ce que De Gaulle avait prévu de faire contre les manifestants………..

    Militaire à l’époque, nous avions été mis en état d’alerte maximum avec tous les équipements, pendant au moins quatre jours, en vu d’une « descente » sur Paris, les manifestants l’ont échappé de peu.

    • Rien d’étonnant. Il y a des gens qui tueraient père et mère pour garder leur poste et leur salaire. Rien à foutre de la patrie, surtout les hauts gradés « ma carrière d’abord ».

  3. J’ai mémoire de 1968.
    Quelle époque où beaucoup d’ Hommes Français en étaient encore !
    J’eu la chance, l’avantage, non c’est l’ ‘HONNEUR qu’il me faut écrire- alors que tout jeune après 18 mois d’Armée – de bénéficier de l’amitié d’un aîné, qui avait à peine sorti de l’adolescence été membre agissant des F.F.I en 1944, puis parti Soldat poursuivre les Allemands, puis dans la foulée être Engagé Volontaire pour la guerre d’Indochine…
    Celui-ci fit lors de 68, partie des partisans du Président de Gaulle et bien que redevenu civil depuis plusieurs années, rentra dans les rangs des  » HOMMES  » qui virèrent virilement les lopettes étudiantes qui se faisaient appelées « KATANGUAIS » (1), et accessoirement tiraient  » leurs coups « , fumaient pétards- voire bien plus addictifs, avec des étudiantes en les locaux de la Sorbonne de Paris qu’ils squattaient en occupants subversifs de la République depuis de trop nombreuses semaines ; sans oublier de joncher sans économie les sols de préservatifs encore humides et garnis, lorsque mon honorable patriote et ami participa à l’évacuation très, très virile de ces » jeunes cons », qu’il me narra ou plutôt dont il me fit « confidence » à l’époque, pour ne pas troubler me disait-il alors les âmes ultra- sensibles de la gauche pleurnicharde par essence !
    L’embryon du Service d’Action, si cher au regretté Charles Pasqua était en gestation !
    Et j’ajouterai pour ma propre part, que de plus que pleurnicharde, la gauche est une menteuse, voir ‘ l’Attentat bidon » de l’ Observatoire, imaginé de toutes pièces par F.Miterrand qui aurait pu fondé un « Ministère des Pressings » avec tous ses retournements de vestes en Politique !

    (1) Katanguais et sans doute aussi  » Katanguays » pour un certain nombre – Humour, Monsieur ou Madame le/la Président(e) du Tribunal d’une Justice idéalisée; si,si.. je vous rassure et vous en assure !

    • Pardon, j’ai raté mon effet mes amis;, à moins que vous agréeriez cette rectification orthographique :
      Katanguais et sans doute aussi Katangays (sans » u « , pour ceux qui ont du mal à lire les petits caractères)
      Bon dimanche !

  4. Après l’Algérie, les militaires n’aimaient pas de Gaulle, mais ils aimaient encore moins les communistes, trotskistes, maoïstes et autres marxistes. Ici, les militaires savent que le pouvoir n’est pas plus légitime que les Français qui redoutent cette réforme – non pour refuser de travailler deux ans de plus, mais parce que le mode de calcul aboutira à réduire leurs pensions. Ne reste donc à Macron que d’encourager les casseurs pour qu’il faille choisir entre eux et lui et c’est ce qu’il a commencé à faire en ajoutant de l’huile sur le feu.

  5. MACRON peut s’inspirer du discours certes mais à l »époque ,de gaulle avait néammoins un vrai soutien de la droite et du centre et ses seuls ennemis étaient l’hypocrisie de certains politiques qui (dont un certain mitterrand) voulaient le pouvoir alors qu’aujourd’hui devant la situation tres critique ,peu le veulent vraiment.
    Et donc ces politicards se servaient quelque peu d’un certain cohn bendit et d’un autre trotkyste dont j’ai oublié le nom.Beaucoup mais pas tous qui avaient été dégagés de l’algérie,avaient pardonné au général de gaulle .Aujourd’hui les dés sont pipés malgré une grande majorité du peuple (en tous cas beaucoup plus nombreux que les opposants au genéral de gaulle) mécontente de ce type atypique,méprisant, trop partisan de moeurs douteuses à en juger par certains medias et reportages vrais ou faux, trop financier indépendemment de notre pays qu’il veut d’ailleurs déconstruire: Mais le systême de la révolte sera toujours le même ,s’appuyant sur la précarité des ouvriers néammoins moins precaires qu’à l’époque ,car la precarité moins aigue mais présente touche une beaucoup plus large frange de la population :Cela peut prêter à sourire ,mais les milieux qu’on disait classiquement bourgeois sont aussi touches par une forme de précarité et je dirai plutôt d’incertitude et d’insécurité y compris financière car les familles se dissolvent .Le pire pour macron c’est que de plus les militaires ne l’aiment franchement pas,ce qui n’était pas le cas pour le général de gaulle.Si ce type n’est pas viré , c’est que les autres auront manqué de courage et de dévouement pour s’imposer : Ils sont probablement trop riches et c’est pour ça qu’ils ne s’impliquent pas pour diriger un peuple devenu en apparence ingouvernable.On paie quelque part le premier combat .que marine a perdu simplement sur une émission télé alors qu’elle avait toutes les cartes en main.Macron peut regagner avec seulement 20% au mieux de la population.à cause de nos lachetés et compromission diverses:Cela montre que même les opposants ne sont
    pas veritablement francs actifs et dévoués pour notre patrie :C’est chacun pour soi et donc ce perfide MACRON l’a compris:Diviser pour mieux regner.

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