L’OCCIDENT DOIT VOIR « LES CHOSES TELLES QUELLES SONT » (Jean Goychman)

Lu Shaye, tête brûlée de la diplomatie chinoise en France bientôt grillée ?

 

 

Dans une vidéo récente, interrogé par Darius Rochebin, l’ambassadeur de Chine Lu Shaye commentait une déclaration de Vladimir Poutine qui annonçait l’établissement inévitable d’un monde multipolaire. Lu Shaye exprimait son plein accord avec les dires du président Russe tandis que son interlocuteur tentait de lui opposer l’antienne occidentale du « démocraties versus dictatures ». Il y a quelques décennies, j’avais eu, grâce à un ami, une conversation avec un chef de village zoulou en Afrique du Sud. Ce dernier me faisait part de son étonnement de voir les Occidentaux imposer la démocratie dans leur pays. Son raisonnement était simple : 27 millions de Noirs contre 7 millions de Blancs, les Noirs allaient gagner. En conséquence, les Blancs qui le pouvaient allaient quitter le pays et les Noirs prendraient le pouvoir. Le problème, c’est que les Noirs, dans leur immense majorité, n’avaient pas cette culture de la démocratie et que leurs peuples respectifs ne s’entendaient pas.

Et les choses se sont passées comme il le pressentait.

LA DEMOCRATIE NE PEUT VENIR QUE D’UNE VOLONTE POPULAIRE.

Pourquoi et au nom de quoi l’Occident veut-il imposer la démocratie ? Churchill disait, à propos d’elle, que c’était « le pire régime, à l’exclusion de tous les autres ! » On peut se demander pourquoi une civilisation vieille de 50 siècles comme celle de la Chine, ne l’a jamais adopté ?

Il existe des pays de culture « impériale », comme la Russie, la Chine et beaucoup d’autres, dont le Japon. Ce dernier s’est vu imposer un régime démocratique, le conservera-t-il ?

A cette question, une réponse peut se trouver dans cette volonté Occidentale de vouloir conserver son hégémonie qu’elle exerce depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Dans une démocratie, l’opinion publique élit les représentants du peuple pour exercer le pouvoir. Peut-on façonner l’opinion publique ? C’est tout le problème. Lorsqu’une majorité, pour ne pas dire la totalité des médias de grande diffusion se met au service des candidats, il serait naïf de penser que cela n’a pas d’effet sur le choix des électeurs. D’autant plus que cela peut se faire « algébriquement », en dénigrant d’autres candidats, voire en effrayant les électeurs par un chaos qui résulterait de leur « mauvais choix ». La démocratie, pour être conforme à ce qu’on en attend, présuppose une égalité des droits de chacun, donc des moyens qu’il a à sa disposition. Or, et c’est là où le bât blesse, mais tout le monde conviendra qu’un milliardaire a plus de moyens d’action qu’un smicard.

Notre Constitution a beau affirmer la souveraineté du peuple, cette souveraineté s’exerce-t-elle vraiment ? On peut en douter avec l’épisode que nous vivons actuellement sur la réforme des retraites, dans laquelle la volonté d’un seul, fût-il Chef de l’État, semble prévaloir sur l’opinion majoritaire du peuple.

A moins que, dans la vision occidentale, l’état de démocratie ne soit que transitoire. Une étape préalable, en quelque sorte, à l’établissement d’un pouvoir mondial qui, lui, n’aurait rien de démocratique. On ne voit pas par quel miracle un gouvernement « d’experts », tel qu’envisagé par David Rockefeller dans ses mémoires, pourrait être issu d’un vote populaire alors que la destruction des peuples et des États-nations a toujours été un objectif prioritaire afin d’établir un tel gouvernement.

UN MONDE EN MOUVEMENT, UNE DIVISION QUI S’ACCENTUE

Lors de la parution en 1997 de son livre « Le grand échiquier », Zgignew Brzezinski écrivait :

« Il est impératif qu’aucune puissance eurasienne concurrente capable de dominer l’Eurasie ne puisse émerger et ainsi contester l’Amérique. La mise au point d’un plan géostratégique relatif à l’Eurasie est donc le sujet de ce livre ».

Il avait pleinement conscience de qui pouvait se produire et son livre est une sorte de manuel géopolitique qui définit la politique du « containment » qui deviendra celle de la politique étrangère américaine. Au début, elle concernait essentiellement la Russie, qui était le principal adversaire potentiel susceptible d’inquiéter la domination américaine. C’est la raison de la mise en place d’un véritable encerclement de celle-ci en poussant vers l’Est les avancées de l’OTAN et de l’Union Européenne, considérée comme un satellite des États-Unis. Cet encerclement avait déjà commencé au début des années 80 par le Sud avec l’Afghanistan, qui allait devenir le « Viêt-Nam » de l’URSS.

La cupidité des financiers ayant fait de la Chine une sorte d’atelier du monde, sa montée en puissance économique fait qu’elle est, à son tour, devenue une menace pour les États-Unis.

C’est cette volonté de vouloir diriger le monde, héritée de celle des jeunes anglais dont l’histoire est racontée par Carroll Quigley, qui a façonnée le monde depuis un siècle et demi.

Tous les grands évènements qui se sont produits au cours de cette période en sont des conséquences directes. Le monde d’aujourd’hui est un monde de transition caractérisé par un clivage, pour ne pas dire une lutte, entre un Occident qui a encore l’apparence du pouvoir et le reste du monde qui ne veut plus subir cette domination.

LA DYNAMIQUE EST DU CÔTÉ DU RESTE DU MONDE

Tous les indicateurs économiques, y compris la démographie, montrent d’une manière irréfutable le déclin de l’Occident. Plus important encore est son désarroi moral. Le projet de monde monopolaire « globalisé » imposait la destruction des identités des peuples. Or, un élément fondamental ce cette identité est la culture, dont le soubassement est la religion, dont l’omni-présence dans notre quotidien conditionne nos vies. L’Occident a voulu porter la démocratie et la liberté comme un but insurpassable, mais au fil du temps, les moyens employés pour atteindre ces nobles objectifs se sont révélés pour certains peuples pires que le système dans lequel ils vivaient.

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Aujourd’hui, l’Occident ne représente plus que 10 % de la population mondiale et on ne voit pas comment le respect de la démocratie lui permettrait de continuer à diriger la planète.

Cette contradiction est apparue avec les regroupements des États qui avaient en commun le fait d’avoir subi cette domination qui leur a été imposée. Individuellement, ils ne pouvaient pas faire grand-chose et c’est cette prise de conscience collective qui est en train de bouleverser le monde.

Pris à son propre piège, l’Occident n’a plus les moyens de s’opposer à ce nouvel ordre planétaire.

N’ayant pas (d’après ses protagonistes) de visée sur une domination hégémonique du monde par un seul pays, les tenants de ce monde « multipolaire » pensent qu’un monde en paix est possible à condition de respecter un équilibre « Westphalien » non plus entre les pays mais entre les continents. Celui-ci reposerait sur le fait qu’aucun continent à lui-seul ne serait plus puissant que tous les autres réunis, ce qui s’oppose fondamentalement au monde « monopolaire » souhaité par l’Occident.

L’EFFRITEMENT DU DOLLAR TÉMOIGNE DU CHANGEMENT

Le dollar est, avec la puissance militaire américaine, l’instrument de domination utilisé par les Etats-Unis pour contrôler les échanges commerciaux internationaux et c’est grâce à lui que la Justice américaine peut invoquer l’extra-territorialité du droit américain, lequel ne repose sur aucun acte international. Et c’est aussi grâce à lui que les États-Unis ont pu faire payer leurs dettes par les autres pays du monde. Ce n’est donc pas par hasard que le dollar fait aujourd’hui l’objet d’une véritable « guerre des monnaies ». La création d’une autre monnaie de réserve internationale que le dollar est un objectif essentiel, pour ne pas dire primordial. La fragilité du dollar étant d’être une monnaie purement fiduciaire depuis 1971 et n’offre, à ce titre, aucune garantie de stabilité monétaire. Une autre monnaie, qui aurait une valeur intrinsèque réelle, représente pour lui, si elle devenait concurrente, un danger mortel. La première étape de ce changement monétaire est pratiquement réalisée car les BRICS et ceux qui aspirent à les rejoindre ont d’ores et déjà pris des accords de réciprocité les autorisant à utiliser leurs propres monnaies pour leurs échanges internationaux, le temps de mette en place la suite. Ceci à pour effet d’affaiblir le dollar qui, à terme, va en subir les effets néfastes.

LE MUTISME DE LA CLASSE POLITIQUE

Bien que les journalistes soient de plus en plus nombreux à évoquer ce sujet, ô combien important, puisqu’il s’agit de la mise en place d’une nouvelle organisation planétaire qui aura des répercussions difficilement calculables sur notre devenir, la classe politique française reste totalement muette sur ces évènements. Elle donne l’impression d’être retranchée à l’intérieur de son « pré carré » traditionnel, chaque personnalité semble rester indifférente à ce mouvement « tectonique » d’une ampleur inégalée.

Pourtant, des questions lancinantes émergent de ce bouleversement qui concerne tous les peuples de la planète, et en particulier le nôtre :

Quelle sera la place de la France dans cette nouvelle donne mondiale ?

Subsidiairement sur l’Europe et quelle forme prendra-t-elle ?

Que deviendra l’euro et quelles seront les conséquences sur nos vies ?

On éprouve le sentiment qu’ils préfèrent tous nier cette réalité plutôt que de l’aborder frontalement, mettant ainsi en doute leur capacité à agir en fonction des différents scénarios envisageables.

Ils devraient pourtant se remémorer ce propos :

« Il n’est pire déformation de l’esprit que de voir les choses non pas telles qu’elles sont, mais telles qu’on voudrait qu’elles soient »

(Charles de Gaulle)

Jean Goychman  

27/04/2023

5 Commentaires

  1. Les vrais dirigeants européens et américains, ceux qui ont les sous, ont tous délocalisé leurs productions en Chine, Inde, Viêtnam, Bengladesh, etc. pour augmenter leurs profits. Aujourd’hui, ces pays sont devenus les vraies puissances industrielles, celles qui produisent de la richesse et dont nous dépendons dans tous les domaines. (un virus en Chine et c’est notre industrie automobile qui s’arrête) Il a fallu aux différents gouvernements occidentaux 50 ans pour transférer leur puissance à l’Asie, il leur faudra beaucoup plus pour la retrouver, si c’est possible. En trois mandats présidentiels, la FRANCE a perdu sa filière électronucléaire pour complaire aux écolos teutons. Aujourd’hui, la Lumière de l’Intelligence Française veut relancer cette filière comme on redémarre sa 2CV. Mais le savoir faire est parti à l’étranger et avant de retrouver des soudeurs, par exemple, capables de réaliser les soudures exigeantes de l’industrie nucléaire, il faut entre 5 et 7 ans de formation. Les petits réacteurs dont rêve Jupiter, on les achètera à la Chine ; nous leur avons appris à les fabriquer (transfert de technologie) et ils ont embauché nos soudeurs pour former les leurs.

  2. Article dramatiquement excellent !
    Pour moi, basiquement, l’europe s’est complètement sabordée, affaiblie, détruite ………depuis l’avènement de cette p.t1 d’immigration, qu’on nous a imposée, d’abord tranquillement et maintenant de manière continue et frénétique…….. en changeant nos lois, s’il le faut !
    Écœurant…..faut que ça pète !

    • Entièrement d’accord avec vous Phil … faut que ça pète ! Mais regardez autour de vous et comptez ceux qui sont prêts à s’engager pour cela ! Vous allez être fichtrement déçu ! Quant au mot « démocratie », ce qui me reste de mes études de grec et Internet disent la même chose : le mot vient du grec et signifie gouvernement dans lequel la souveraineté appartient au peuple ! AU PEUPLE et non pas à un seul homme, fut-il élu injustement !

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