Le plan d’Eric Zemmour pour relancer l’économie française 2ème Partie ( Éric Zemmour)

Lien vers l’article paru dans le journal Entreprendre

Dans cette entrevue exclusive, Eric Zemmour, le président du parti Reconquête, aborde des sujets sur lesquels il est rarement interrogé : celui de la préservation de notre tissu économique, de la réindustrialisation ou de la souveraineté économique.

À l’heure de la réforme des retraites, le chômage des seniors est préoccupant, quelles sont vos solutions ?

Éric Zemmour : Emmanuel Macron a tergiversé durant tout son premier quinquennat au sujet de la réforme des retraites, un coup à 65 ans, un coup à points, pour finalement diviser le pays sans rien régler dans la durée, faute d’une vision globale. Si j’ai porté et défendu la retraite à 64 ans durant ma campagne présidentielle, c’est certes car elle est indispensable à court terme pour sauver le système par répartition, étant donné qu’il y a de moins en moins de cotisants pour de plus en plus de retraités. Mais il faut accompagner cette réforme de garanties, notamment pour les carrières longues.

Il ne sert à rien d’augmenter l’âge de départ à la retraite si c’est pour mettre les gens au chômage dès leur 52e, 53e, 54e année. On allège les caisses de la retraite et on alourdit les caisses de chômage et les caisses de RSA. Aujourd’hui, la moitié des gens qui prennent leur retraite à 62 ans ne sont plus au travail. Il faut être honnête et reconnaître la responsabilité des entreprises qui ont pris de très mauvaises habitudes depuis 30 ans, en mettant au rebut les seniors. Voilà pourquoi je propose l’Index Senior : un système de bonus-malus, c’est-à-dire de réductions de charges pour les entreprises qui gardent leurs seniors et d’amendes pour celles qui les renvoient.

Nous devons en finir avec le mythe des années 80, laissant croire que les seniors privent les jeunes d’emplois. Dans des pays comme le Japon et l’Allemagne, on n’hésite pas à garder et à valoriser les gens âgés, car ils sont la mémoire de l’entreprise. Même avec une activité réduite, ils conseillent et guident les jeunes sur les techniques de travail et les process. C’est tout aussi fort sur le plan humain qu’utile sur le plan professionnel.

Et l’école, comment y développer l’esprit civique et développer l’esprit critique ?

Pour espérer retrouver une école digne de ce nom, il faut d’abord s’accorder sur le constat : depuis plusieurs décennies, c’est l’idéologie progressiste qui a tout ravagé, avec son pédagogisme hors-sol et ses dogmes de « bienveillance » qui ont effondré le niveau académique. Pour « ne pas former des crétins » comme vous dites, il faut commencer par retrouver une école méritocratique ayant pour première vocation la transmission du savoir. L’apprentissage des savoir-faire fondamentaux à l’école primaire, la suppression du collège unique ou encore le retour des filières littéraire, scientifique et économique sont autant de mesures urgentes à mettre en œuvre pour redresser le niveau global.

Cela conditionne notre capacité à faire à nouveau des Français, imprégnés de la culture et de l’Histoire de notre pays. Et c’est là le prélude indispensable à notre relèvement industriel et technologique. Je suis entièrement convaincu du fait que nous devons nous adapter aux technologies de notre époque et y former notre jeunesse. Je souhaite donner une place de choix à l’enseignement de la programmation informatique dès le secondaire, pour pourvoir à la demande croissante d’emplois dans le numérique, et réinstaurer les mathématiques dans le tronc commun au-delà de la classe de première.

Et la complexité des règles et l’inflation des normes ?

Aujourd’hui, nos entreprises petites ou grandes doivent toutes faire face à l’enfer bureaucratique et à un tsunami de normes. Mon ambition est de leur redonner les moyens d’exercer leur talent en France. Cette année, j’ai consacré mes premiers déplacements aux artisans et aux commerçants qui traversent une période particulièrement difficile, avec le sentiment d’être abandonnés. Je les ai reçus à mon QG et je leur ai rappelé une chose : il y a 450 000 magasins en France et si on les rassemble, leur chiffre d’affaires avoisine les 410 milliards d’euros, six fois celui d’Airbus, ce qui est colossal. Ils forment un tissu indispensable à notre pays. Je souhaite également inciter nos compatriotes à investir davantage dans l’économie réelle, en misant sur notre génie entrepreneurial.

L’essentiel de notre épargne nationale dort aujourd’hui sur des livrets peu rémunérateurs comme le livret A. C’est pourquoi je veux créer un Livret Innovation, qui leur permettra d’investir sans aucune fiscalité dans les start-ups et les PME innovantes ayant leurs sièges en France. Concrètement, je propose une exemption totale d’impôts sur le revenu et de prélèvements sociaux à l’entrée comme à la sortie du livret, avec une durée de détention minimale de 5 ans. Ainsi, la croissance de nos sociétés françaises pourra profiter à nos compatriotes plutôt qu’à des financeurs étrangers.

Est-on allé trop loin dans la mondialisation à tout crins ?

J’ai écrit pendant de nombreuses années sur le clivage entre mondialistes et populistes, entre fédéralistes et souverainistes, apparu de façon éclatante lors du vote sur le traité de Maastricht en 1992. Sans être complotiste, je n’ai jamais eu de mal à reconnaître la communauté d’intérêts des grands patrons à Davos, à l’opposé de celui du peuple français, qu’il s’agisse de l’ouverture des frontières, de la suppression des droits de douane ou des délocalisations massives. Depuis 2017, Emmanuel Macron s’évertue à jouer le bon élève de la mondialisation, mais son univers est en décomposition. Après quarante années d’immigration massive, accélérée d’année en année, ce n’est pas le conflit de classes qui pointe à l’horizon, mais celui entre deux civilisations sur un même sol. L’enjeu vital aujourd’hui n’est plus le souverainisme mais l’identité. Nous pourrions très bien être souverains dans une France à majorité islamique, mais ce ne serait plus notre pays. Ceux qui font d’une sortie de l’Union européenne le pré-requis à tout changement se trompent d’époque : un pays comme le Danemark, fort de son identité, a décidé de sa propre politique anti-immigration par-dessus la Commission européenne. Notre pays est d’une toute autre envergure : si nous décidons d’agir, Bruxelles se couchera, car sans la France, il n’y aurait plus d’Union européenne.

Où en êtes-vous de votre stratégie politique ?

Après avoir constitué en un temps record le premier parti de France en 2022 – avec plus de 100 000 adhérents désormais – nous avons implanté Reconquête partout sur le territoire et formé des centaines de cadres. Sur cet élan, nous allons lancer toutes nos forces dans la bataille des européennes, autour de quatre priorités : incarner la vraie droite civilisationnelle face à l’extrême-gauche islamo-gauchiste et wokiste ; défendre le retour aux frontières pour sauver notre pays du Grand Remplacement ; redonner le pouvoir au peuple face aux juges et aux bureaucrates ; enfin, réaliser l’union des droites européennes, avec nos amis italiens, espagnols, hongrois, finlandais…

C’est un élément majeur qui n’est pas encore apparu clairement dans le débat public : contrairement au Rassemblement national, de plus en plus isolé à Bruxelles, les élus Reconquête feront partie d’un des principaux groupes au Parlement européen, l’ECR, avec notamment Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni. Ce groupe a de quoi faire basculer la majorité au Parlement européen et y devenir un pivot incontournable. Voilà pourquoi voter Reconquête en juin prochain aura un véritable impact sur la politique menée dans l’UE.

Fin de l’article 

Éric Zemmour

12/8/2023 

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5 Commentaires

  1. Cela fait quelques presidents qui promettent la simplification administrative pour les entreprises et toujours aucun qui ait réellement réinventé le fil á couper les papiers….

    Quel serait le programme de ce bon monsieur pour laisser les entreprises faire leur boulot au lieu de remplir des papiers? Qu’est ce qu’il fera de plus que les autres ?

      • exact ; il a mal lu : la diminution des impots pour les pme est une simplification importante et les mesures qui l’accompagnent vont aussi dans le bon sens un point aussi tout a fait positif , le retour des zones franches qui simplifierons la fiscalité des PME …and so on 🙂

  2. Les PME et TPE sont le tissu socio-économique et industriel indispensable à un pays. Tout doit aller vers leur renforcement. L’allègement fiscal doit primer pour ces entreprises.
    J’aimerais bien avoir l’avis de Charles Gave sur ce que propose Mr Zemmour, car il faut toujours penser à la base : Avec quel argent ? Sachant que les états se financent tous par les grandes banques privées de Davos. Or Mr Zemmour ne dit rien là dessus. Car si on est anti-mondialiste et/ou anti Europe (telle qu’elle est), alors il risque de n’y avoir aucun financement. Donc le retour de la banque de France qui frappe monnaie est indispensable. Aucun yaka-fauqu’on n’est possible sans indépendance monétaire. Or le dollars et l’euros sont en passe de mourir et le monde vit actuellement des transformations considérables avec l’émergence organisée des BRICS avec le retour des parités monétaires. Déjà les pays arabes vendent leur pétrole en roupies ou autres monnaies, sans le dollars ni l’euro…Du jamais vu.

    D’autres part, je rappelle que la France possède le plus grand territoire maritime au monde complètement sous exploité. Il serait temps de penser à l’exploiter car il renferme des richesses des fonds marins considérables qui feraient de la France une grande puissance.

    Bref, nous verrons tout cela d’ici 2024 car il risque de se passer des choses exceptionnelle dans ce domaine… D’ici là, plein de choses ont le temps de changer.

  3. “c’est certes car elle est indispensable à court terme pour sauver le système par répartition, étant donné qu’il y a de moins en moins de cotisants pour de plus en plus de retraités.” A propos des retraites ! Tout en sachant que le problème qui se pose est consécutif au baby boom des années 45 55 mais après ?!…

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