JE CRAINS UNE NOUVELLE ÉPURATION. Partie 1 (Eric de Verdelhan)

« Vous jugez sans doute que, par rapport à Robespierre, Danton et d’autres, le Garde des Sceaux qui est devant vous est un enfant. Eh bien ! Ce sont eux qui sont des enfants si l’on en juge par les chiffres … »

(P-H Teitgen, Garde des Sceaux, 6 août 1946).

La violence de notre époque, l’intransigeance de l’extrême-gauche, l’impunité totale dont bénéficie une faune allogène qui refuse nos lois, la volonté de faire disparaître le « mâle blanc » de notre pays, la chienlit généralisée, la tournure que prennent les évènements en Nouvelle Calédonie, tout ceci me fait craindre une guerre civile qui pourrait être pire que toutes celles que nous avons connues autrefois. Pour moi, la plus récente n’est pas mai 68, qui était un pétard mouillé, une colère d’enfants gâtés, mais cette période funeste dont presque personne ne parle mais que les historiens sérieux ont appelé « l’épuration » en 1944 et 45, au moment de la Libération de la France.

Selon Henri Amouroux (1), les Français étaient majoritairement pétainistes jusqu’aux deux débarquements de juin et août 1944. Mais l’histoire de l’après-guerre, écrite par les vainqueurs, a scindé le pays, de façon assez caricaturale, en deux camps : les Résistants et les « collabos », ce qui permettait de minimiser ou de faire carrément oublier les crimes commis à la Libération.

C’est une période où, tels les ouvriers de la dernière heure, certains résistants tardifs se montreront les pires épurateurs (parfois pour faire oublier un passé de « collabo » ou une fortune bâtie au marché noir.) Où notre armée, qui veut se persuader qu’elle a gagné la guerre, reconstitue ses effectifs en régularisant des FFI et des FTP communistes. Fort heureusement, avant d’en faire des militaires d’active, on envoie tous ces cadres au rabais tester leur niveau de compétence à l’école de Cherchell, en Algérie. L’ancien député Marcel Bouyer, lieutenant FFI, ex-agent de liaison dans la poche de Royan, racontait en riant :

« Cherchell, c’était impayable ! Des gens y rentraient avec des galons de colonels et en ressortaient …sergents. ».

Il est vrai que l’inflation aux galons était monnaie courante à l’époque : Jacques Delmas (Chaban dans la Résistance), aspirant en 1939, sera …général en 1944, à 27 ans. On n’avait plus vu ça depuis Bonaparte !  Mais, en ces temps troublés, tout est permis, il suffit d’oser : on a même vu, chez les FTP, des « colonels à 6 galons », dont un qui avait échoué à son peloton de… caporal en 1939.  De Gaulle, décorant à Bordeaux une rangée d’une douzaine de colonels FFI et FTP, trouve, en bout de file, un simple capitaine auquel il déclare en souriant : « Vous ne savez pas coudre ? ». Ceci pourrait faire sourire, mais la France de la Libération, c’est aussi celle des crimes de l’épuration. Si certains « épurés » étaient, sans doute, d’authentiques criminels, l’épuration – sauvage ou légale – est une honte, une tache de notre histoire.

A la Libération, en métropole, commencera une kyrielle de procès, plus ou moins bâclés, plus ou moins expéditifs, rarement soucieux de justice, mais avec une apparence de légalité.

Le 27 janvier 1945, la Cour de justice de Lyon juge Charles Maurras, 76 ans, l’un des écrivains les plus influents de son temps, et le condamne à la réclusion perpétuelle et à la dégradation nationale pour « intelligence avec l’ennemi ». Si quelqu’un n’avait jamais eu d’« intelligence » avec l’Allemagne, c’était bien Maurras. Lutter contre le germanisme avait été l’un des buts de sa vie. Mais le seul fait d’être proche de Pétain vous valait d’être taxé du crime de collaboration.

« Collabo » donc traître :

« …On s’étonne de rencontrer des traîtres chez des hommes pour qui, de Pétain à Darnand, la patrie était tout et qui avaient été d’héroïques combattants dans la guerre face aux Allemands … » 

a écrit Dominique Venner (2).

         Durant la même période s’ouvre le procès de Robert Brasillach. Libéré d’un Oflag en 1941, Brasillach, directeur du journal « Je suis partout », a repris ses écrits antisémites dès son retour. A la Libération, les « épurateurs » ont emprisonné… sa mère (sans doute fautive d’avoir engendré un monstre ?) et il s’est rendu à la police pour la faire libérer. Condamné à mort (3), il a bénéficié d’un soutien massif des intellectuels – gaullistes et communistes, entre autres – qui ont signé une pétition pour demander sa grâce à De Gaulle. Le « premier résistant de France » a refusé son recours en grâce et il a été fusillé le 6 février 1945 au fort de Montrouge.  De Gaulle justifiera sa décision, plus tard, par « son indignation d’avoir vu Brasillach posant en uniforme allemand sur la couverture d’un magazine … ». Oui mais voilà, Robert Brasillach n’a jamais porté l’uniforme allemand.

De Gaulle l’a simplement confondu avec Jacques Doriot. Errare humanum est !

15 août 1945, Pétain est condamné à mort à l'issue de son procès - Société Populaire - Villefranche-sur-Saône

Le 15 août 1945, la Cour rend son verdict au procès Pétain : la peine de mort (4).

Ce vieux maréchal, qui, en juin 1940 avait « fait don de sa personne à la France pour atténuer ses malheurs… » paie pour la lâcheté de tout un peuple :

« Attendu que, si de lourdes présomptions peuvent être tirées contre Pétain… la preuve n’est pas suffisamment rapportée qu’il y ait eu un véritable complot contre la sûreté intérieure de l’État;…Attendu qu’il ressort que, en prenant le pouvoir, Pétain a eu pour objet de détruire ou changer la forme du gouvernement…Attendu, enfin, qu’il n’est pas douteux qu’il a entretenu des intelligences avec l’Allemagne…crimes prévus et punis par les articles 75 et 82 du Code Pénal ; pour ces motifs : condamne Pétain à la peine de mort, à l’indignité nationale, à la confiscation de ses biens… » 

(Procès Pétain ; arrêt du 15 août 1945).

Et, même si personne n’avait de sympathie particulière pour le socialiste Pierre Laval, que la droite nationale traitait de « maquignon levantin », que dire de son simulacre de procès et son exécution barbare ? Condamné à mort, Laval tente de se suicider par empoisonnement. On lui fait un lavage d’estomac pour pouvoir …le fusiller, assis sur une chaise, le 15 octobre 1945. Laval n’a, en fait, pas eu de procès. Comme De Gaulle avait commué la peine de mort de Pétain en réclusion criminelle à perpétuité, il fallait une victime expiatoire. Or, que reprochait-on à Laval ? Une politique de « collaboration » – le fait est indéniable – mais surtout d’avoir dit, dès 1941 : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne … ». Il a bien tenu ces propos, et il a rajouté : « car sinon le bolchevisme s’étendra partout ». Après la guerre, le communisme s’est répandu comme une traînée de poudre sur les pays de l’Est, la Chine, Cuba, le Vietnam, une partie de l’Afrique…Il a fallu construire un mur à Berlin et l’étau communiste ne s’est desserré qu’avec la chute du mur en 1989 et l’implosion du bloc des pays signataires – plus ou moins forcés – du « Pacte de Varsovie ». Laval avait simplement compris, avant beaucoup d’autres, la nocivité du choléra rouge. Ceci méritait-il douze balles dans la peau après un lavage d’estomac ? Peut-être que dans un siècle ou deux l’histoire le jugera autrement ?

L’épuration a été sanglante dans presque tout le pays. Citons, par exemple, les « purges » et règlements de compte effectués, en toute impunité, par les FTP du Limousin. Des comportements monstrueux qui finiront par indigner Georges Guingouin, commandant le « Régiment de marche du Limousin » (FTP), bien qu’il s’agisse de ses propres troupes (5). L’épuration, c’est aussi cet exploitant agricole en Charente, Paul de M…., qui a vu son père et son frère fusillés sous ses yeux parce qu’ils étaient aristocrates, catholiques et châtelains. L’enquête prouvera qu’ils aidaient la résistance non-communiste. Robert Aron note :

« C’est un véritable armorial, un annuaire des châteaux ou un bottin mondain de province que l’on pourrait constituer avec les victimes. D’autant que beaucoup d’entre elles ont eu le tort inexpiable, tout en étant antiallemands, de faire confiance à Pétain, ou bien d’être, dans la Résistance, d’un camp différent de celui de leurs assassins… » (6).

 C’est aussi cette jeune fille, catholique et cheftaine des « Guides de France », qu’on viendra chercher le jour de son mariage pour la fusiller devant ses proches au motif que sa famille – mais pas elle ! – aurait été  « collabo » …C’est cet amiral en retraite, proche du maréchal Pétain, que les épurateurs vont écarteler entre deux  camions en le brûlant à la lampe à souder…C’est le comte Christian de Lorgeril, à qui on reproche son château et ses idées monarchistes. Il est arrêté le 22 août 1944 :

« Complètement nu, le malheureux dut s’asseoir sur une baïonnette. Puis il eut les espaces métacarpiens sectionnés, les pieds et les mains broyés. Les bourreaux lui transpercèrent le thorax et le dos avec une baïonnette rougie au feu. Le martyr fut ensuite plongé dans une baignoire pleine d’essence à laquelle les sadiques mirent le feu. Leur victime s’étant évanouie, ils le ranimèrent pour répandre ensuite sur ses plaies du pétrole enflammé. Le malheureux vivait encore. Il devait mourir 55 jours plus tard, dans les souffrances d’un damné… ».

Ce récit, d’un sadisme écœurant, est paru dans le quotidien « L’Aube » en novembre 1950 (7). L’époque, comme la Révolution de 1789, n’était pas tendre pour les aristocrates. En Dauphiné circulait une version « FTP » du « chant des partisans » :

« Ami, entends-tu les pilleurs de châteaux sur nos plaines. / Ami, entends-tu les tractions du maquis qui reviennent. / Habitants des châteaux, collabos et aristos, c’est l’alarme …etc… ».

L’auteur de ces paroles barbares est un certain Fernand Petit.

Le chef de sa bande de tueurs était un dénommé Henrot, responsable, entre autres, du massacre d’une partie de la famille de Buffières et du pillage de leurs propriétés de Dolomieu et Milliassière, près de Grenoble, dans l’Isère :

« Le 16 août 1944 au matin, une équipe fut désignée et placée sous la responsabilité d’Henrot, pour se rendre au château de Dolomieu afin de ramener au maquis le comte et la comtesse signalés comme collaborateurs …L’équipe de tueurs est arrivée à la porte. Lourdement armés, ils enfoncèrent la porte et abattirent philibert venu à leur rencontre les bras levés d’une rafale de mitraillette…Son épouse, qui protégeait leur petit garçon Michel, resta au premier étage…Marcelle et son fils Michel furent emmenés au camp du Châtelard…Arrivée au camp, Marcelle fut soumise aux pires tortures…une nuit d’orgies, devant son fils…Marcelle fut exécutée…son fils également, sans qu’il soit question de jugement … » (8)

. Le rapport d’enquête stipule que l’enfant de 5 ans reçut une balle dans la tête, allongé sur le corps de sa mère. Le 22 août, toujours sous les ordres du « lieutenant » Henrot, la bande investit le domaine de Milliassière : « Elisabeth de Buffières nota dans son livre de messe, cette phrase prémonitoire :

« Aimer c’est se donner jusqu’au sacrifice ».

Les FTP pillent et saccagent le château et repartent vers d’autres forfaits :

« Elisabeth ne réapparaissait pas…Etendue sur son lit, elle avait reçu trois balles de revolver dont une dans la tempe, après avoir été violée… » 

Philibert de Buffières avait un frère en camp de concentration. Il mourra en déportation. Son fils Bernard était sous-officier dans l’Armée de Lattre. Le « lieutenant » Henrot, lui, ne rendra jamais de compte à la justice : tué d’une balle en pleine tête (sans doute tirée par un de ses hommes), le 3 septembre, place des Terreaux, à Lyon, durant la libération de la ville. Son nom figure quelque part, sur un monument aux morts « pour la France ».

Fin de la 1ère partie 

Lire la suite ici 

 

Eric de Verdelhan.

23/05/2024

 

1) Henri Amouroux a rédigé une œuvre en 13 volumes : « la vie des Français sous l’occupation ».

2) « Une époque mystérieuse », article de Venner dans « Enquête pour l’Histoire » ; 1997.

3) Pour de simples écrits car à l’époque, comme sous la Terreur, on ne faisait pas de détail…

4) Peine commuée par De Gaulle en réclusion criminelle à perpétuité.

5) « Quatre ans de lutte sur le sol limousin » de Georges Guingouin; Hachette ; 1974.

6) « Histoire de l’épuration » ; Fayard ; 1967.

7) Récit fait d’après les déclarations des tortionnaires. Pour « calmer les esprits » le tribunal se montra clément : 10 et 5 ans pour les meneurs, acquittement pour les autres.

8) « Elisabeth de Buffières. Un destin tragique » de Julien Guillon ; éditions du CBR ; 2015.

Laisser un commentaire

Votre commentaire sera publié apres contrôle.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

5 Commentaires

  1. C’est horrible à dire, mais je trouve cela très “français”. Lâcheté, hypocrisie, jalousie, dénonciation…
    Et bien évidemment se sont Les français droits, catholiques, conservateurs qui prennent !

  2. On ne sait jamais quel diable et quel tueur se cache dans un homme. Ces gens-là ont prouvé qu’ils povaient être les deux ! J’ai parfois honte d’être Français ! Mais c’est notre Histoire et nous devons vivre avec. Le 7 octobre 2023 est là pour nous rappeler ces choses-là….. dans un autre pays ! Mais la folie reste la même.

  3. Dieu sait que j’ai lu énormément sur cette période terrible, et je continue. Et je découvre en vous lisant d’autres abominations. C’est fou…

  4. Notons que le très vieux Maréchal (84 ans en 1940…)demanda l’armistice et non pas une capitulation .Et pourtant les politiciens de l’époque eussent préférés qu’il en soit ainsi afin de faire retomber leurs fautes sur l’armée !. Un armistice ce n’est pas une capitulation et les conséquences ne sont pas les mêmes. Il fit en outre don de sa personne à la France peut on nier ce fait quand on l’accusa, lui, de tous les maux ? Il est vrai que signant les actes de son gouvernement il en endossait la responsabilité. Enfin , il ne prit pas le pouvoir, on le lui confia (et il devint chef de l’Etat Français et pas président de la République car sauf erreur de ma part où était donc passé le président de la République en titre à cet instant ? Et les présidents de l’assemblée nationale et du Sénat se sont empressés de le lui confier, le dit pouvoir, et pour cause. Cette période est pétrie d’hypocrisies, de reniements, de trahisons. Et je prétends que si des crimes, indéniablement ont été commis et d’ailleurs sanctionnés en ce qui concerne la grande majorité des collabos, il y avait aussi parmi eux des gens de bonne foi, qui se sont trompés de même, sans doute par manque de discernement (ce que les tribunaux leur reprochèrent d’ailleurs), nombre d’autres furent soient acquittés, soit condamnés à des peines relativement légères pour avoir revêtu un uniforme étranger pour peu qu’ils n’aient pas combattu de français ou furent invités à se rendre en Indochine pour y combattre le Viet Minh et ..le communisme !…Nos propres communistes de métropole devinrent alors des collabos de Moscou mais eux étaient dans le camp des vainqueurs de 45 !.

1 Rétrolien / Ping

  1. Le Patriote Français