« Le pessimisme n’est autre que le produit de l’expérience, Il suffit de constater la réalité, d’être attentif au mouvement du monde pour conclure à l’évidence que le pire est toujours certain. »
(Michel Onfray)
Un ami-lecteur trouve que, ces temps-ci, je fais preuve de pessimisme dans mes chroniques.
C’est vrai, mais c’est de la provocation de ma part. Il m’arrive de chercher le bâton pour me faire battre car je suis lassé des raisonnements des Bisounours – qui trouvent que tout va bien – des tièdes – qui nous disent que ça pourrait être pire – et des matamores et autres va-t-en-guerre – qui sont prêts à faire la Révolution mais qui attendent… un chef, et qui aimeraient bien que d’autres partent au baston à leur place. Ils soufflent sur la braise mais ont terriblement peur de se brûler.
Michel Onfray déclarait récemment « La vérité cruelle est que notre civilisation s’effondre » or je fais partie des gens qui, sans sombrer dans une nostalgie stérile, regrette le temps où la France était une grande puissance, riche, conquérante, dynamique et fière de son passé (y compris de son passé colonial). Je ne passe pas ma vie à dire que « c’était mieux avant » car tout n’était pas mieux. Je pense par exemple au sort des paysans ou des ouvriers de l’immédiat après-guerre.
Quand il m’arrive d’évoquer la période des « trente glorieuses », celle de mon enfance, il se trouve toujours quelqu’un pour me rétorquer que notre civilisation occidentale est la seule qui ait pu valablement améliorer le sort de millions d’individus. L’allongement considérable de la durée de vie et l’éclosion de libertés individuelles en sont une illustration. On m’explique aussi que le capitalisme a été davantage facteur de richesse et de liberté que le communisme. Je ne dis pas le contraire ; je pense simplement qu’il existe une troisième voie qui s’appelle le nationalisme. Et puis, il y a ceux qui pensent qu’une civilisation ne meurt pas ; elle évolue, se transforme, mute, et ce, pour le bonheur des citoyens. Je ne peux pas nier que les nouvelles technologies informatiques, la génomique et les sciences cognitives sont des avancées scientifiques et technologiques qui ont transformé la vie de l’homme moderne, mais sont-ce toujours des progrès ? Les nouveaux espaces de liberté qu’offrent les moyens numériques à la puissance exponentielle sont-ils un gage de bonheur ?
Je n’en suis pas certain, j’ai même un sérieux doute ! Notre civilisation se transforme à une vitesse inquiétante, grâce à la puissance des ordinateurs et de « l’intelligence artificielle » qui sont capables d’interventions inconcevables il y a seulement quelques années.
Mais j’ai le sentiment que tout va trop vite. Nous sommes à l’époque du « tout image », de la communication à outrance, des réseaux dits « sociaux » (qui, en réalité, désocialisent les gens). Les citoyens, les consommateurs, partagent chaque jour une multitude d’informations comme jamais ils n’auraient pu le faire auparavant. Mais entre le global et le local, les intermédiaires sont appelés à disparaître.
Que sait-on de ces robots qui vont nous aider, nous dominer, voire nous remplacer à terme, avatars de plus en plus crédibles. La science-fiction – de moins en moins fiction ! – s’incarne chaque jour plus profondément dans une refondation du monde.
Quel avenir prépare-t-on à une jeunesse abrutie par la télé, les jeux vidéo, et qui passe ses journées sur son Smartphone ? Personne n’ose dire que cette invention géniale – qui a révolutionné la communication – est aussi une drogue dure (dont énormément de gens sont accros, jeunes et moins jeunes) et une arme de destruction massive…des cerveaux. Je suis affolé, effaré, attristé aussi, quand je vois des couples qui, au restaurant, ne s’adressent pas la parole, scotchés à leur téléphone ; des gamines, en bande, qui ricanent bêtement des niaiseries qu’elles vont chercher sur « face de bouc » ; des femmes libérées qui arpentent le trottoir d’un pas alerte tout en racontant leur vie à leur Smartphone. Et ne parlons pas du nombre d’accidents imputables au téléphone au volant.
Les drogués de la communication et des réseaux sociaux sont, pour la plupart, des égoïstes narcissiques. Grâce à leur Smartphone, ils s’isolent et gravitent un peu plus autour de leur nombril. Et ceux qui entendent les diriger ont bien compris que ce monde virtuel, superficiel, artificiel, est idéal pour que le vulgum pecus oublie les vrais problèmes des pays occidentaux.
Plus rien ne fonctionne normalement chez nous, et on me reproche mon pessimisme.
Moi, j’appelle ça de la lucidité, pour qui veut bien voir les choses en face.
J’avais 18 ans en mai 68 et j’ai vu, depuis, comment notre pays a évolué. Mai 1968, c’est une colère d’enfants trop gâtés, de gosses de bourgeois, à une époque où 20% des jeunes accédaient aux études supérieures. Cette « chienlit », comme disait De Gaulle, n’a concerné qu’une infime partie de la population, mais ses conséquences ont été désastreuses pour le pays.
Beaucoup d’anciens soixante-huitards sont devenus les bobos de la « gauche-caviar » ; ceux-là sont des privilégiés, mais pas les autres ! Le chômage a explosé, en France, à partir du milieu des années 1970, lors du premier choc pétrolier qui a bouleversé le monde économique (1973). Cela s’est traduit par un ralentissement conjoint de la croissance ET de la productivité. C’était la fin des « trente glorieuses », le début des « quarante piteuses » (lesquelles sont devenues calamiteuses, et ce n’est pas fini, hélas !). C’est à partir de cette époque que le chômage « structurel » s’est installé durablement chez nous. Georges Pompidou craignait des émeutes si le chômage venait à dépasser les 300 000 personnes. Ma génération l’a vu monter à 2, puis 3, puis 4 millions (1). On ne sait plus !
Le socialisme larvé de Giscard d’Estaing, le socialisme assumé de Mitterrand, et la course à toujours plus d’Europe de tous nos dirigeants, sans exception, ont eu raison de notre industrie et, par là même, de notre économie. Depuis Giscard, la France n’a plus connu un budget en équilibre. Nous ne produisons quasiment plus rien, en dehors du luxe, de l’aéronautique et de l’armement lourd. Nos mines ont fermé une à une, les hauts fourneaux de nos aciéries aussi. Depuis les années 80, notre industrie a détruit des millions d’emplois. La classe ouvrière n’existe quasiment plus. Pour éviter des charges ou des impôts trop élevés, ou des normes drastiques – techniques ou environnementales – imposées par Bruxelles, nos industriels ont préféré délocaliser leur production.
Et, tandis que la classe ouvrière allait pointer à l’ANPE (2), la France, avec le « regroupement familial » de Giscard, laissait rentrer massivement sur son sol une immigration attirée par nos aides sociales aussi généreuses que variées, sans parler de l’immigration clandestine.
Je ne cherche absolument pas à me faire plaindre mais, depuis ma prime jeunesse, j’ai « mal à la France ». On m’a appris à souffrir en silence, comme s’il s’agissait d’une maladie vénérienne. Être amoureux de ses racines est plutôt mal vu à l’époque de la France multiraciale, de l’Europe « à 27 » et de la mondialisation de l’économie. Je souffre aussi de voir mon pays devenir une colonie de peuplement de ses anciens colonisés qui, bien souvent, ont appris à nous détester.
Avant la pandémie, notre « douce France, terre des arts, des armes et des lois, » chère à du Bellay, était devenue une réserve indienne : chaque année, 80 millions de touristes venaient visiter – admiratifs ou effarés – notre pays peuplé de 68 millions d’habitants dont 5 millions de fonctionnaires, 7 millions d’allocataires des minima sociaux, des millions de chômeurs et des milliers d’hectares de friches industrielles, tristes témoins d’une époque où tout ce que nous consommions n’arrivait pas de Chine, d’Inde, du Vietnam, du Bengladesh, de Roumanie ou d’ailleurs.
Durant toute ma vie, j’ai vu mon pays se déliter, perdre ses emplois, ses repères, ses valeurs. Certains quartiers sont devenus des ghettos aux mains de dealers allogènes, et les « Français de souche » en ont été chassés. Nous avons (re)découvert l’« ensauvagement » et la barbarie.
Jadis, nos aïeux se battaient pour un idéal : leur fief, leur Dieu, leur Roi, leur patrie, leurs frontières. Notre pays a été immolé sur l’autel des banquiers apatrides, des européistes forcenés et de l’économie mondialisée. Une reddition sans combattre, une capitulation honteuse !
Nous avons connu, pour beaucoup, des années de pensionnat (j’étais « enfant de troupe » à 11 ans), suivies d’un service militaire plus ou moins « viril » ; parfois des journées de travail de 10 ou 12 heures, des semaines de 60 heures (avant que la France socialiste ne devienne une feignasse qui ne veut plus bosser), avec, dans le secteur privé, la menace quasi permanente du chômage…
Mais, je ne saurais me plaindre : ma vie professionnelle n’a pas toujours été une partie de plaisir mais elle m’a permis de voyager et elle n’était pas monotone : pour moi, la vie ne doit pas être « un long fleuve tranquille » sinon elle devient vite ennuyeuse ! Je n’ai pas connu le chômage.
Pourtant, dans mon secteur d’activité – l’assurance – en raison des rachats, fusions, absorptions, regroupements de sociétés (dus, entre autres choses, aux marges de solvabilité imposées par Bruxelles) beaucoup de mes collègues se sont retrouvés sur le sable à 50 ou 55 ans et n’ont pas pu rebondir. D’autres sont allés de plans sociaux en CDD.
Je ne pense pas être (ou avoir été) un privilégié. Disons que ma génération, dans ses jeunes années, aura eu un peu plus de liberté que la suivante : nous ne connaissons le diktat des minorités (féministes, racialistes, LGBT, islamo-gauchistes, écologistes, etc…) que depuis le début des années 80 (3). Mais, si j’en crois les sondages, une majorité de jeunes se satisfait pleinement d’une France multiculturelle, bigarrée, écolo, invertie et islamisée. L’Education Nationale s’est chargée de lui inculquer que le métissage – racial ou sexuel – c’est l’avenir et que les seuls dangers qui attentent aux « valeurs ripoux-blicaines » sont le populisme et le nationalisme. L’ennemi, en fait, c’est le « mâle blanc ». Mais je plains, sincèrement, de tout mon cœur, la jeunesse qui partage encore mes valeurs. Elle n’a pas fini de souffrir ! Cependant, il existe toujours une lueur d’espoir, plus ou moins vivace et solide selon ses croyances : la vie éternelle pour les Chrétiens ou, plus prosaïquement, un retour de balancier dans cette vallée de larmes. « L’espoir fait vivre » dit-on. Pour le moins, il aide à survivre.
Dans un article récent consacré à Hergé, j’avais cité Léon Degrelle, le fondateur du « Rex » belge, qui a combattu sur le front de l’Est avec la division « Wallonie ». Un de mes amis, très au fait de cette période de l’histoire, m’a communiqué les propos de Léon Degrelle, recueillis en 1981 par Jean Kapel (4). Il portait un jugement assez lucide et très sévère sur la décadence de l’Occident :
« A l’Ouest, la civilisation du seul profit matériel dégoûte de plus en plus une jeunesse qui ne peut se résoudre à accepter la réduction au niveau de tubes digestifs que lui propose la société de consommation. La délinquance ou la drogue sont la rançon de cette situation. A l’heure où nous assistons au réveil de l’Islam, alors que l’American Way of Life laisse les peuples insatisfaits, aucune espérance n’est offerte à la jeunesse d’Europe, laissée à elle-même et à sa misère spirituelle… »
Et, à la question de Jean Kapel : « Où se trouve la solution ? », Degrelle répondait :
« Eh bien, je vais vous surprendre, au risque de déchaîner contre moi la colère de nouveaux ennemis : j’attends beaucoup du peuple russe. Il représente une force encore saine et il ne supportera pas éternellement son régime de bureaucrates gâteux dont l’échec est total dans tous les domaines. J’espère qu’un jour un jeune Bonaparte sortira de l’Armée Rouge comme aurait pu le faire Toukhatchevski en 1938, et qu’il rompra avec le fatras idéologique débile qui étouffe la plus grande nation blanche qui soit encore décidée à agir sur l’histoire. Là où Napoléon et Hitler ont échoué, c’est peut-être le fils de l’un de nos adversaires du Caucase et de Tcherkassy qui réussira en rassemblant autour de la Russie, guérie du virus communiste, tous les peuples européens pour entraîner le monde dans une nouvelle marche en avant… ».
Aïe, aïe, aïe ! J’ai osé citer Léon Degrelle qui, en l’occurrence, disait des choses sensées. Je prie mes lecteurs de n’y voir qu’une provocation de ma part ; c’est juste pour donner du grain à moudre à ceux qui me traitent régulièrement de « facho ».
Eric de Verdelhan
13/10/2024
1) Le « traitement social du chômage » permet de minorer les chiffres et de leur faire dire ce qu’on veut. Il n’en demeure pas moins vrai qu’avant la pandémie de Covid19, la France comptait 7 millions d’allocataires des minima sociaux. Ce chiffre n’a pas baissé depuis.
2) Agence Nationale Pour l’Emploi : l’ancêtre de « Pôle Emplois ».
3) Encore que la « loi Pleven » date de 1972. Elle annonçait toute une série de lois liberticides.
4) Dans « Histoire magazine », n° 19, de septembre 1981.
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