“La gauche est fascinée par l’islam comme elle l’était par les dictateurs au XXe siècle” (Michel Onfray). Cette fascination vieille de plus d’un siècle pour les dictateurs, dont Hitler en son temps, n’a qu’une quarantaine d’années pour l’islam mais elle n’en est que plus vive et la gauche sacrifie quelques unes de ses valeurs fondamentales : la laïcité, la parité hommes-femmes et le féminisme avec la location-vente du corps des femmes et de leur bébé (GPA), l’écologie qui n’est pour elle qu’une posture électoraliste, le travail, etc. Alors quand islam et dictature se conjuguent dans le même homme, la gauche prend son pied.
Si un Hitler revenait aujourd’hui, il serait bien accueilli – quoiqu’avec quelques réserves – par la communauté internationale et par la plupart des dirigeants européens, dont tous ceux qui se classent à gauche.
C’est la leçon qu’il faut tirer de leur comportement en regard de ce qu’est en train d’accomplir un dictateur notoirement fasciste, pour qui connaît l’histoire du fascisme, Recep Tayip Erdogan.
Le vendredi 15 juillet, alors qu’à Ankara et Istanbul la partie de l’armée turque restée laïque, kemaliste et moderniste) tentait de le renverser, Obama, Merkel et quelques autres personnalités politiques encore lucides retenaient leur souffle en espérant la victoire rapide des putschistes. Nous ne connaissons pas l’avis de Hollande, d’habitude si prolixe et verbeux sur tout événement qui pourrait perturber la bonne marche de la planète, car il était occupé le 15 juillet par le massacre islamiste de Nice.
Mais la démocratie, c’est la démocratie, et dès qu’il est apparu que R. T. Erdogan reprenait le dessus et mobilisait ses troupes dans d’immenses manifestations de quelques centaines de milliers de personnes, tous se sont rangés derrière le dictateur en phase d’éclosion.
Que voulez-vous ! L’Europe pourrait très bien se passer de la Turquie qui ne lui apporte pas grand-chose – à part des centaines de milliers de migrants turcs – mais pas les Etats-Unis et leur filiale OTAN qui y ont des bases militaires, dont certaines recélant des armes nucléaires au cas où Poutine déclarerait la guerre à l’Europe. Lequel Poutine sait profiter de la situation en se rabibochant avec Erdogan et en lui promettant de relancer le grand gazoduc trans-Turquie, ce qui leur permettra de faire pression sur les Américains et leurs dociles sujets les Européens pour défendre leurs intérêts et imposer des concessions.
Il y a aussi Merkel, qui a échangé la rétention provisoire de migrants en Turquie contre 6 milliards d’euros, contraignant lesdits migrants à passer maintenant par la Libye, comme le constate l’Italie où ils arrivent en masse, ce qui ne change finalement pas grand-chose au problème.
En bon français, disons que Merkel a conclu un marché de dupes.
Le coup d’Etat manqué n’a fait qu’amplifier la forte propension d’Erdogan à la dictature, comme en témoigne la façon dont il éradique toute opposition. Et visiblement, ce n’est pas non plus la fin de ses accords avec l’Occident, lequel est “condamné à travailler avec un Erdogan encore plus intraitable” (De Standaard, journal belge flamingant).
Photo satellite de la base US d’Incirlik en Turquie
Pourquoi “condamné” ? Toujours parce que les Etats-Unis et l’OTAN ont des bases en Turquie !
Et si c’est Hillary Clinton qui devient présidente des Etats-Unis, cette disciple du mondialisme et de l’islamisation de l’Europe n’arrangera pas les choses.
On spécule sur la question de savoir “qui” a commandité le coup d’état. Des généraux attachés à la doctrine kémaliste (1) ?
La CIA ?
L’opposant Fethullah Gülen réfugié aux Etats-Unis ?
Erdogan lui-même ?
Aucune certitude pour le moment, mais si l’on cherche à qui profite le crime, la réponse est claire : à Erdogan !
Son opposition est quasiment réduite à néant : depuis le 15 juillet, des dizaines de médias ont été fermés (trois agences de presse, 45 journaux, 16 chaînes de télévision, 23 stations de radio, 15 magazines et 29 maisons d’édition) ; près de 200 généraux ont été limogés et environ 1.500 officiers ont été exclus de l’armée ; des centaines de juges et des milliers de professeurs ont été privés d’emploi et souvent arrêtés ; plus de 20.000 personnes ont été placées en garde à vue.
Erdogan est malin. Pour ne pas perdre les milliards que lui verse l’Europe, tant pour garder les migrants chez lui (6 milliards) que pour faciliter la mise à niveau de la Turquie et permettre son entrée dans l’Europe (4,5 milliards), il a pris pour conseils des “experts” du Conseil de l’Europe afin de savoir jusqu’où il pouvait aller dans le reniement des Droits de l’Homme !
Tous les nigauds de la Commission européenne sont contents, que demander de plus à Erdogan ?
D’autant que c’est l’Europe elle-même qui lui a donné le bon exemple en exigeant que soit réformé le Conseil national de sécurité turc dont la constitution de 1982 avait fait le garant de la république, de la démocratie et de la laïcité.
En 2001 Erdogan, alors Premier ministre, avait déjà considérablement réduit son influence en en faisant un organe consultatif. Il vient de l’élargir aux vice-Premiers ministres et aux ministres de la Justice, de l’Intérieur et des Affaires étrangères qui sont tous de ses fidèles, mettant ainsi en minorité au sein du Conseil les militaires et les civils qui pourraient contester son pouvoir absolu.
Désormais l’islamisme fera la loi en Turquie en attendant que la réforme de la Constitution que veut Erdogan (et qu’il obtiendra maintenant sans peine) lui permette d’instaurer la charia et la peine de mort pour ses opposants, forcément des mauvais musulmans puisqu’ils s’opposent au futur calife.
Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, filiale de la Trilatérale, trouve que tout va dans le bon sens et ne voit aucune raison de retarder maintenant l’adhésion de la Turquie à l’Europe. Ce serait, dit-il “une grave erreur de politique étrangère“.
J’allais écrire “plus c.. tu meurs”, mais ce serait inexact : Juncker est seulement obéissant au gang Obama, Rockfeller, Rothschild, Golden Sachs et autres qui sont satisfaits de la politique de conquête de l’Europe par l’EI et la Turquie.
Les Turcs sont déjà des centaines de milliers dans plusieurs pays d’Europe. Ceux de Cologne qui manifestaient récemment en soutien à Erdogan n’ont probablement oublié la recommandation qu’il leur avait faite le 17 mai 2010 : ne cherchez pas à vous assimiler, “l’assimilation est un crime contre l’humanité“.
Et déjà A. Merkel n’avait protesté que très mollement, en bonne élève de la Trilatérale où, un peu plus tard, elle prononça un discours allant dans ce sens (2).
Le seul pays européen qui, pour le moment, réagit énergiquement à la dérive dictatoriale et fascisante d’Erdogan est l’Autriche. Hans Peter Doskozil (3), ministre de la Défense autrichien, après avoir dit que la Turquie est une dictature a déclaré : “Le temps est venu… de dire clairement que les négociations avec la Turquie doivent être suspendues ou s’arrêter“.
Il serait temps, en effet ; et surtout d’arrêter de donner des milliards à fond perdu à un homme dont le rêve assumé est de transformer l’Europe en califat ottoman.
Hollande est comme d’habitude très flou dans ses positions. En mars il disait qu’il ne ferait aucune concession à la Turquie sur les Droits de l’Homme ; en mai que l’accord négocié par Merkel et payé par l’Europe sur les réfugiés était “juste”.
En réalité la diplomatie droit-de-l’hommiste de Hollande est à géométrie variable : tolérante pour Erdogan l’islamiste qui vient de rétablir la torture dans les prisons turques (4) et demande la restauration de la peine de mort pour les délits politiques ; intransigeante pour Poutine, le seul qui combatte sérieusement l’islamisme et le terrorisme, même s’il profite habilement du foutoir créé au Moyen-Orient par les Etats-Unis, l’OTAN et l’Europe pour tenter de détacher la Turquie de l’OTAN.
Hollande, n’ayant aucune idée structurée sur ce qu’il faudrait faire, se contente de suivre Obama et Merkel dans leurs divagations et en aucun cas ne se fâchera avec Erdogan même si celui-ci relâchait les centaines de milliers de migrants qu’il retient pour le moment.
Merkel ayant naïvement mis une bombe à retardement dans les mains d’Erdogan, c’est toute l’Europe qu’Erdogan peur faire chanter. Qui peut croire qu’il s’en privera ?
L’erreur de Hollande est de croire que la solution au problème migratoire est de fermer la frontière de la Turquie à la sortie, alors que c’est la frontière de l’Europe qu’il faut fermer à l’entrée.
L’Imprécateur
1 : La doctrine kémaliste a six piliers : républicanisme, populisme, laïcité, réformisme, nationalisme et étatisme. Erdogan les accepte sauf deux, la laïcité, inacceptable pour cet islamiste disciple des Frères musulmans, et la république car il voudrait rétablir le califat ottoman.
2 : Discours prononcé à la réunion de la Commission Trilatérale, à Berlin le 15 mars 2013
3 : H.P. Doskozil est membre du Parti social-démocrate autrichien (SPO), de centre-gauche (type Juppé ou Bayrou)
4 : Selon Amnesty international