Emmanuel Macron ne nous dit pas tout. Il borne volontairement l’horizon de ces discours à celui de l’Union Européenne. C’est dans la logique des choses. L’Europe s’est construite depuis le départ sur du « non-dit ». On nous a vendu le produit sans nous dire à quoi, dans la réalité, il allait servir. C’est ce manque de transparence qui est un des facteurs principaux de la désaffection des peuples envers cette entité qui leur inspire une certaine méfiance. À la longue, elle se transforme en défiance. Bien sûr, c’était difficile de dire de-but-en-blanc que la construction européenne visait à la création d’une Europe intégrée dans laquelle les peuples allaient perdre leur souveraineté et voir disparaître les États-Nation qu’ils avaient souvent mis plusieurs siècles à construire.
La destination doit rester secrète
Ne pouvant affronter, il a fallu « contourner ». C’est ce qui explique les différentes phases du discours de propagande dans lequel les arguments se sont succédé au fil du temps. Néanmoins, le petit peuple a fini par s’apercevoir que quelque chose ne « tournait pas rond » dans cette mécanique qu’on voulait leur imposer par petites touches successives. Car l’ambiguïté s’était généralisée comme mode de communication. Bref, on nous faisait de la réclame pour l’Europe sans nous dire à quoi elle allait servir. La conclusion est toujours la même : quelle que soit la raison invoquée, nous devons nous unir. Pris indépendamment, nous sommes trop petits, nous ne comptons pas, seule la masse compte…
Si on n’est pas « pour », on est « contre »
Et ce discours est le même depuis plus de quarante ans. Vous remarquerez que personne ne s’aventure dans le fédéralisme où l’intégration, termes considérés non-politiquement-corrects en ce sens évident que les peuples risqueraient de comprendre. On nous dit simplement « il faut plus d’Europe », ce qui ne veut strictement rien dire. Et pour cause ! Cela laisse une porte ouverte à des interprétations différentes, voire divergentes… Encore la technique du contournement !
Plus vicieux encore est le manichéisme des partisans de l’Europe fédérale. Si vous n’êtes pas pour l’Europe (la leur) vous êtes donc contre l’Europe.
C’est de la manipulation mentale.
« L’Europe des Nations » : tabou
Tout le monde sait, au moins depuis de Gaulle : il existe deux façons totalement différentes de construire l’Europe (tout comme il existe toujours plusieurs façons de s’associer pour réaliser un projet).
Les différents pays constituant l’Union Européenne sont tous des « États-Nation ». À la base, il y a un peuple avec un territoire et un système qui s’appelle l’État chargé d’administrer les gens à l’intérieur de ce territoire. C’est par la volonté de ce peuple souverain qu’est né cet État, du moins dans la plupart des cas.
La première question à laquelle les peuples européens auraient dû répondre est : « voulez-vous, dans le cadre d’une Union avec vos voisins européens, conserver votre souveraineté ou bien préférez-vous un État supranational qui exercerait une partie de cette souveraineté à votre place ? »
N’éclairons que ce qui doit être vu
Or, cela ne doit rien au hasard.
L’Europe devait être construite d’une façon telle que, le moment venu, son extension puisse se faire sans limite aucune. Une Europe « confédérale », dans laquelle chaque État (et surtout chaque Peuple) aurait conservé sa souveraineté, aurait condamné le projet que les banquiers internationaux avaient la ferme intention d’imposer depuis des décennies. De Gaulle, dans une conférence de presse de 1962, émettait l’hypothèse que le « fédérateur » du projet de l’« Europe intégrée et supranationale » ne soit pas lui-même européen…
Cette ambiguïté prolongée a permis aux tenants de l’Europe fédérale d’avancer leurs pions tout en noyant le poisson de la perte de souveraineté. Puisque les « mal-comprenants » qui constituent majoritairement les peuples tiennent à la souveraineté, parlons-leur de la « souveraineté européenne » !
François Hollande, puis Emmanuel Macron, ont donc sans vergogne, utilisé ce terme devant le Parlement Européen. Quelle imposture, quelle tromperie ! Comment peut-on parler de souveraineté européenne, alors qu’il n’y a ni Peuple européen, ni Nation européenne ? Les États-Unis d’Amérique se sont construits sur le Peuple américain, qui existait, et sur la Nation américaine, qui s’était dotée d’une Constitution dès 1787. Voilà encore une manipulation d’opinion, que de faire croire à l’existence d’une « entité européenne » similaire aux USA.
Cela étant, on nous parle d’une puissance d’équilibre qui s’interposerait entre eux et la Russie. Autre imposture car il est impossible de définir la « puissance européenne ». Comment mesurer la puissance d’un ensemble politique qui n’est ni une nation, ni un empire ? Tout ceci n’est que de la communication destinée à endormir les gens et à les empêcher de se poser la seule vraie question qui vaille et peut se résumer à :
Europe : « fédérale » ou « confédérale » ?
La logique européenne, compte-tenu des réalités actuelles, serait de construire une Europe confédérale dans laquelle chaque Peuple conserverait l’intégralité des attributs de la souveraineté tout en réalisant des grands projets internationaux. Le Concorde en 1965, puis l’Airbus en 1969, puis Ariane plus récemment, furent et sont des coopérations internationales. Elles démontrèrent la pertinence de cette voie.
A contrario, aucun des projets fédéraux n’a prospéré. Ni la navette européenne Hermès, abandonnée en 1992, ni Galiléo, qui, bien que lancé dès 2003, n’a pas réussi à s’imposer face au GPS américain. On voudrait nous faire croire aujourd’hui, que le modèle fédéral est TINA (There Is No Alternative) pour reprendre l’expression anglaise attribuée à Margaret Thatcher.
Le Peuple doit revoter si le résultat n’est pas bon
Une présomption de réponse existe pourtant, notamment concernant la France, mais aussi d’autres pays. Le projet de Traité constitutionnel européen a été rejeté par référendum auprès du peuple français le 29 mai 2005. L’histoire aurait dû s’arrêter là. Mais les intérêts mondiaux mis en jeu étaient tellement énormes et les pressions exercées telles, que ce résultat fut confisqué par un charcutage de notre Constitution qui a permis d’aboutir au résultat inverse. Le Traité de Lisbonne fut donc ratifié de facto en 2008 par une alliance contre-nature des parlementaires réunis en congrès le 04 février qui n’hésitèrent pas, malgré des protestations souvent tonitruantes, à distordre le texte fondateur. Il faut noter que ce fut la dernière consultation populaire sur le projet européen. Peut-on encore parler de démocratie ?
Viktor Orbán, l’anti-fédéraliste à abattre
Pourtant, Emmanuel Macron l’évoque dans son discours devant le parlement européen. Il parle même de la « démocratie autoritaire » hongroise, en lui opposant « l’autorité de la démocratie » Les phrases d’Emmanuel Macron me font penser aux peintres abstraits. Eux-seuls sont capables d’expliquer le sens de leurs œuvres. Viktor Orbán, présenté comme un des pires dictateurs, vient cependant d’être réélu avec un score sans appel. Existe-t-il une meilleure expression de la démocratie ? Orbán est certainement « autoritaire », mais si le Peuple hongrois lui redonne sa confiance, que dire d’autre ? Or, l’élection de ce dernier montre que les Hongrois, comme de plus en plus de peuples européens, sont souverainistes et s’opposent donc à une Europe Fédérale.
Les communicants ont d’ailleurs inventé le terme de « populistes » pour les discréditer. Mais je ne pense pas qu’Emmanuel Macron considère l’Europe comme une fin en soi. Sa démarche le positionne vers un horizon plus lointain, déjà évoqué par un mot dont il est coutumier qui est le « multilatéralisme ». Là, nous sommes réellement dans une vision « mondialiste » dont l’Europe constitue tout au plus l’un des pivots. Car l’Europe telle que ces jeunes dirigeants libéraux et libertaires voudraient la façonner, préfigure assez bien ce que pourrait devenir le monde, une fois débarrassé de ce qu’ils considèrent comme des « scories intellectuelles », résidus et reliques d’un vieil ordre mondial qui n’est plus à la hauteur de leurs ambitions. Ils pensent pouvoir maîtriser la démocratie par la communication dans laquelle ils sont passés maîtres et assurer ainsi la pérennité d’une élite destinée à diriger le monde, élite à laquelle ils sont certains d’appartenir.
Phase 1 : Faire disparaître les empires
- La guerre de 14 a permis d’abattre les empires monarchiques en exacerbant les nationalismes.
- Celle de 40 a eu raison des empires coloniaux.
- Il ne reste plus qu’à fondre les nations dans les creusets des continents.
Les civilisations sont également, dans ce plan, promises à disparaître. On s’aperçoit chaque jour un peu plus de l’importance que prennent dans nos vies les « grandes causes mondiales ». Certaines ont probablement été organisées à dessein ou, du moins, exploitées dans ce but. Le changement climatique qui est, somme toute, une chose qui évolue dans le temps sous l’action d’un grand nombre de paramètres, se voit imputé d’une façon quasi-exclusive à l’action de l’homme. Comme le problème est mondial, il faut donc, pour tenter de le résoudre, une organisation planétaire… C’est ainsi qu’on organise des réunions comme la COP21 ou le « One Planet Summit »
Et les exemples sont nombreux…
Phase 2 : Détruire les nations et la démocratie
Les mouvements migratoires participent du même phénomène. Il faut créer un « peuple mondial », résultante de toutes les composantes ethniques présentes sur la Terre. Pour gommer les différences culturelles, ne plus enseigner l’histoire des peuples est le moyen le plus efficace. Le terrain européen semble propice à ce genre d’expérience. Jacques Attali n’avouait-il pas lui-même, avec une ingénuité simulée, que les traités européens ne prévoyaient pas de possibilité de sortie, notamment sur l’euro. Ceux qui avaient décidé d’y adhérer devaient y rester, quoi qu’il advienne. Bonjour la souveraineté des peuples ! Cela était d’ailleurs confirmé par le Président de la Commission Européenne, Jean Claude Juncker, par une phrase devenue célèbre : « Il ne peut pas y avoir de choix démocratique contre les traités européens ».
Le contrôle de la monnaie, outil de la mondialisation
Au XIXème siècle, l’Angleterre, poussée par un groupe de jeunes gens connu sous le nom de « groupe de Milner » [1] avait basé sa conquête du monde sur la suprématie de sa marine et sa puissance financière. Ayant dû abandonner ses colonies américaines à la fin du XVIIIème siècle, elle les a cependant reconquises grâce à la monnaie.
La création de la Réserve Fédérale en 1913, privant (contrairement à l’article premier de sa Constitution) le peuple américain d’exercer le contrôle de sa propre monnaie. La Réserve Fédérale, institution privée possédée par un cartel de grandes banques elles-mêmes privées, fonctionne sur le même modèle que la Banque d’Angleterre en créant de la monnaie à partir de rien et représentant une dette de l’État garantie par les contribuables.
La Banque Centrale Européenne, créée en juin 1998, fonctionne de la même façon, émettant de la monnaie sur des dettes. On retrouve aujourd’hui la même association qu’au XIXème siècle : l’imposition d’un pouvoir mondial basé sur le contrôle d’une monnaie internationale et la puissance militaire d’un État dirigé par l’oligarchie financière qui contrôle cette monnaie.
La lumière viendra-t-elle de l’Est ?
Cependant, l’Angleterre avait achoppé dans sa conquête du monde sur la Chine, qu’elle n’avait, malgré les deux « guerres de l’opium », conquérir. Cependant, il est probable que les événements qui se sont déroulés en Chine à cette époque (qui ont fait disparaître la dynastie Ming, et donc facilité l’invasion de la Chine par le Japon après la révolution de 1927) ont été le puissant moteur de la révolution de 1949 de Mao-Tsé-Toung. Aujourd’hui, l’obstacle le plus sérieux qui s’oppose à la mise en place d’un pouvoir mondial est justement… la Chine. Il n’y a rien d’étonnant que celle-ci cherche à renforcer sa position en recherchant des alliances, notamment avec la Russie, l’Iran et la Turquie, tout comme la puissance dominante anglaise avait suscité des alliances et un réarmement au sein même de l’Europe. De ce point de vue, on peut tout à fait comparer la « Pax Britannica » du XIXème siècle à la « Pax Américana » que nous connaissons actuellement.
Vers un retour de la paix entre les peuples ?
Le réveil des nations que nous constatons mettra vraisemblablement fin au projet mondialiste.
En Europe comme ailleurs, les peuples veulent se réapproprier « ce patrimoine de ceux qui n’ont rien » qu’on appelle la « Nation ». Ce projet de domination mondiale, vieux de plus de deux siècles, ne sera certainement pas facilement abandonné par ses promoteurs, qui ont su, avec patience et détermination (aidés par les progrès incessants en matière de contrôle de l’opinion et de transmission des données) faire progresser leur dessein dans la discrétion, voire une certaine forme de secret.
À en croire certains auteurs [2], c’est la conduite de ce projet mondialiste qui se trouverait à l’origine des deux guerres mondiales du XXème siècle. Espérons que notre planète, en quittant l’ère du monde « monopolaire et multilatéral » saura, grâce à l’intelligence des peuples, trouver un équilibre harmonieux et pacifique dans un nouveau monde multipolaire, conformément à la Charte des Nations Unies signée au lendemain de la guerre en octobre 1945.
Jean Goychman
22/04/2018
[1] Voir « L’histoire Secrète de l’Oligarchie Anglo-américaine » de Caroll Quigley (éd. Le Retour aux Sources »).
[2] Antony Sutton « Le complot de la Réserve Fédérale » et « Wall Street et l’avènement de Hitler » (éd. Le Retour aux Sources »).