MACRON Vs/ DE GAULLE
(Jean Goychman)


Même si notre actuel président a décidé, très médiatiquement, de se rendre à Colombey pour y commémorer la naissance de la Vème république. Cela ne fera pourtant pas de lui, et à aucun titre, l’héritier du Général, même si l’un des chapitres de l’émission « Zemmour & Naulleau » du 3 octobre portait ce titre.

 

Du Grand Maître de l’Ordre à l’opportunisme médiatique

À vrai dire, l’idée de cet article me trottait dans la tête depuis plusieurs mois et très exactement depuis le 18 juin. Ce jour-là, j’assistais à la cérémonie de commémoration de l’appel de 1940. J’étais dans l’enclos réservé aux « familles de Compagnons » et j’ai été le témoin, à la fin de la cérémonie, de l’épisode du « ça va, Manu ? » adressé par un jeune spectateur dont la présence était pour le moins curieuse.

Il y a soixante ans, j’étais à peu près au même endroit, le 18 juin 1958. La cérémonie venait de se terminer et le Général de Gaulle était venu lui aussi devant ce même espace attribué aux familles des Compagnons. Nous étions devant les mêmes barrières et le Général est venu nous saluer sans dire un mot, en serrant de ses deux mains celles qui se tendaient vers lui, dans une sorte de communion avec la foule. Comment la scène affligeante à laquelle je venais d’assister aurait-elle pu se produire en 1958 ?

De Gaulle, à l’évidence, ne recherchait aucune popularité. Il y avait dans l’enclos probablement beaucoup de familles de Compagnons disparus et c’est très probablement vers ceux-là que de Gaulle tournait ses pensées.

Emmanuel Macron n’avait strictement aucun rapport avec tout cela et les services du protocole de l’Élysée n’avaient organisé son déplacement que parce que les « communicants » avaient dû le trouver porteur en termes d’image. Le président Macron, pourtant soucieux de faire oublier au plus vite le « vieux monde » pour le remplacer par le « nouveau monde » qu’il entend incarner, n’aurait-il rien trouvé de mieux, pour redresser une courbe de popularité déjà infléchie, que de se mettre en scène dans une commémoration avec laquelle il n’a aucun lien personnel ?

Car de Gaulle, depuis 1945, bien avant d’être président de la République, s’était rendu chaque année au Mont Valérien afin d’y commémorer le sacrifice « des fils de la France morts pour elle ».

Ces visites commémoratives strictement limitées à la France libre et résistante, étaient ignorées par la plupart des gouvernements de la VIème république et ne revêtaient aucun caractère particulier rendant indispensable la présence du Chef de l’État, contrairement aux manifestations du 14 juillet ou du 11 novembre. En particulier l’Ordre de la Libération, qui est un ordre « fermé », ne sera plus représenté à la disparition du dernier Compagnon que par les collectivités (villes et unités combattantes) membres de l’Ordre.

 

Vers une captation d’héritage ?

Car Emmanuel Macron sait très bien que de Gaulle personnalise mieux que quiconque la figure tutélaire du Président de la République. Alors qu’il n’a pratiquement jamais fait référence à lui, et encore moins à sa vision des affaires du monde, tout porte à croire qu’il a découvert depuis son élection combien il était important de faire croire aux français que de Gaulle était sa source d’inspiration pour exercer le pouvoir. Cela a commencé lors de sa première entrevue télévisée avec les journalistes. Soucieux du détail, il avait laissé bien en évidence sur son bureau un volume des Mémoires de Guerre ouvert à la page qu’il était supposé lire au moment où ses interlocuteurs sont venus le distraire de cette lecture. Tout ceci n’était, bien sûr, qu’une mise en scène…

C’est un fait que ma génération a été très marquée par de Gaulle. Même s’il fut contesté violemment dans « l’affaire algérienne » il fut cependant réélu au suffrage universel en 1965, avec un score favorable de 55%. Au premier tour, il avait recueilli presque 45% des suffrages, score resté inégalé depuis et seulement approché par Pompidou avec 44% des votes en 1969, juste après le départ de de Gaulle.

C’est pour cette raison que ses successeurs se sont, sans discontinuer, réclamés de lui, non sans, dans certains cas, l’avoir critiqué en permanence alors qu’ils étaient dans l’opposition.

 

Une filiation qui reflète plus le comportement que les idées

Outre les « Mémoires de Guerre » (qu’il a peut-être lus), Emmanuel Macron semble également avoir été inspiré, dixit Jean Louis Debré [1] par « le Fil de l’Épée ». Écrit en 1932, cet ouvrage a fait date, malheureusement après la guerre, et remettait profondément en cause les doctrines d’état-major alors en vigueur. La personnalité et les traits de caractère qui révélaient le véritable chef y étaient étudiés et Jean Louis Debré y voit la source de l’attitude d’Emmanuel Macron.

L’attitude est une chose. Les idées politiques en sont une autre. Si certains veulent voir dans Emmanuel Macron une sorte de réincarnation de de Gaulle, image qu’il entretient volontiers en commémorant la naissance de la Vème République en allant se recueillir sur la tombe de son fondateur, il ne partage cependant aucune de ses idées. Il est libéral, partisan d’une Europe fédérale et prône le mondialisme qu’il désigne par le néologisme de « multilatéralisme ».

De Gaulle ne croyait pas du tout à toutes ces idéologies fumeuses et rappelait qu’il n’y avait « pas de politique qui vaille si elle n’était pas basée sur des réalités » et pour lui, « les seules réalités internationales, ce sont les nations ».

C’est tout le problème d’Emmanuel Macron qui entend promouvoir une ligne d’actions destinées à favoriser l’émergence d’un « monde nouveau » sans prendre en compte les réalités actuelles. Le monde d’aujourd’hui est tel qu’il est parce que les peuples l’ont, dans leur grande majorité, voulu ainsi. Si la démocratie a pu s’installer partout en Europe après la deuxième guerre mondiale, c’est parce que les peuples l’ont imposée. Et les peuples croient en leurs nations. Ce sentiment national que nous éprouvons d’appartenir à la même nation constitue le lien le plus fort entre nous. Nous avons le sentiment d’être Allemand, Italien ou Français et, la plupart du temps, nous en sommes fiers et prêts à défendre cette appartenance. De Gaulle l’avait parfaitement compris et toute sa politique depuis l’appel du 18 juin avait pris ce fait en compte. En 1962, il déclara que « L’Europe ne se fera pas sans les peuples » et que « faire l’Europe sans les peuples était une absurdité ».

Emmanuel Macron n’a pas cette vision. Il agit comme si les peuples étaient miscibles dans des ensembles supranationaux et que, de proche en proche, on allait mettre tout le monde dans le même « ensemble mondial ». Pourtant, aujourd’hui, une fois encore, tout semble donner raison au visionnaire qu’était de Gaulle. Partout dans le monde, on sent ce désir qu’ont les peuples de reprendre leur destin en main.

 

L’éclatement de l’URSS, précurseur de la « démondialisation »

Hélène Carrère d’Encausse, lorsqu’elle écrivit « L’Empire Éclaté [2] » avait également pressenti ce phénomène qui allait aboutir à la fin de l’URSS, non pas parce que le peuple « soviétique » allait se révolter, mais parce que les nations, un moment « mises sous cloche », allaient réapparaître.

Avant cela, il y eut les grands mouvements de décolonisation où les peuples surent retrouver des frontières avec l’idée et le désir de pouvoir faire, le moment venu, des nations. La Yougoslavie de Tito a disparu avec lui et les nations la composant ont retrouvées leurs frontières antérieures. De Gaulle avait pressenti depuis longtemps la disparition de l’URSS, et parlait de la « Russie éternelle ».

Plus récemment, le BREXIT voté par les anglais en 2016, l’élection de Donald Trump la montée de ce que les « euro-mondialistes » appellent les « populistes » ont confirmé, voire amplifié cette tendance lourde.

Emmanuel Macron avait cru pouvoir pousser à marches forcées l’Union Européenne vers le fédéralisme en comptant sur l’aide d’Angela Merkel. Toute sa politique intérieure comme étrangère, était basée là-dessus. Il lui fallait en priorité remettre la France « dans les clous de Maastricht », c’est à dire ramener le déficit budgétaire à moins de 3% du PIB, pensant que cela permettrait à Angela Merkel de convaincre son gouvernement d’aller vers ce fédéralisme en instituant un ministre des finances de la zone euro. Malheureusement pour Emmanuel Macron, l’Allemagne n’a pas échappée à ces mouvements populaires, dus probablement à la prise de conscience des dangers liés à une immigration massive et non contrôlée. Bref, le plan Macron a capoté et le président va devoir trouver autre chose.

 

Enjamber l’Europe pour passer directement au monde « mondialise » ?

C’est là où la différence avec de Gaulle devient évidente ; de Gaulle était partisan d’une Europe des Nations et des Patries qui allaient unir leurs efforts pour réaliser des coopérations internationales. Cependant, il n’excluait pas qu’à long terme, cet ensemble de nations restées souveraines, après que leurs peuples respectifs aient appris à se côtoyer, ne ressentent le besoin de se rapprocher pour fonder une nouvelle nation. Pour lui, c’était une vision à plusieurs siècles, et c’était une voie à très long terme pour que l’Europe puisse récupérer le rang qu’elle avait perdu au fil du temps.

Emmanuel Macron est avant tout mondialiste. Il est l’héritier d’une vision globale du monde telle que les Anglais l’avaient conçue à la fin du XIXème siècle. Caroll Quigley, historien américain, a développé les différentes étapes de ce plan à très long terme dans un ouvrage publié par les éditions « Le Retour aux Sources » Dans cette vision du monde globalisé, les nations doivent disparaître, tout comme ont disparu les empires après les deux guerres mondiales du XXème siècle. La raison en est simple. La plupart des nations se sont bâties sur la démocratie, et celle-ci implique la souveraineté populaire. Comment un gouvernement mondial pourrait-il naître de nations et de peuples souverains qui n’accepteraient pas de perdre leur souveraineté, dont les limites géographiques sont déterminées par les frontières ? Emmanuel Macron, dénonçant la « lèpre nationaliste » essaye de jeter l’opprobre, tout comme l’ont fait les euromondialistes qui l’ont précédé, sur l’idée même de la souveraineté nationale, source, selon eux, de toutes les guerres.

De ce point de vue, les idées de Donald Trump sont beaucoup plus proches de celles de de Gaulle, et son dernier discours devant l’Assemblée Générale de l’ONU en est un témoignage manifeste.

Le discours d’Emmanuel Macron prônant un « multilatéralisme » débridé, après avoir constaté en introduction « la fin du nouvel ordre mondial westphalien » enseigné à Sciences-Po. Il se met ainsi de plain-pied dans la logique mondialiste, ce qui n’a rien d’étonnant, étant donné ses origines et son cursus. Il se pose donc délibérément en adversaire résolu du monde de Trump, anti-westphalien par nature.

N’en doutons pas, les choses ne font que commencer et Emmanuel Macron semble déjà avoir intégré dans sa démarche que les futures élections européennes de mai 2019 risquent fort d’envoyer au Parlement européen une majorité de députés opposés à toute tentative de fédéralisme européen.

Alors, l’Europe ne pourrait plus apparaître comme « l’appartement témoin » du monde globalisé et il lui faudrait trouver une autre sorte de « base arrière ».

 

Jean Goychman
07/10/2018

 

[1] Émission “Zemmour & Naulleau” (Paris-Première − 03/10/2018 − minute 67).

[2] L’Empire Éclaté – 1978 (éd. Flammarion).



 

4 Commentaires

  1. OUI IL Y A UN PEU DU 2GAULES DANS LE MICRON CELUI-LÀ A BRADÉ L’ALGÉRIE FRANÇAISE EN LAISSANT TOUT SUR PLACE Y COMPRIS LE PÉTROLE.
    ET CE DERNIER BRADE LA FRANCE ENTIÈRE POUR UNE POIGNÉE DE FIGUES ……IL NE NOUS RESTE PLUS RIEN QUE LES ÉTRANGERS VENUS NOUS COLONISER.

  2. Malgré certains épisodes troubles , De Gaulle fut un grand homme, à tous les sens du terme. L’Autre n’est qu’un nabot arrogant qui n’arrivera à rien…! Ses maîtres, qui l’ont placé là où il est, ont fait un très mauvais choix !

    • @ hathoriti —

      Je ne suis pas complètement de votre avis, Chère Madame.

      Les constructions intellectuelles et psychiques exceptionnelles, soigneusement identifiées, de M. Macron ont été déterminantes dans le choix du Groupe Rothschild de le faire « associé-gérant » de leur banque en France. Sans doute la « Banque Rothschild – France » n’est-elle que le quartier-général de campagne du groupe, positionné (au sens stratégique du terme) sur notre territoire, à des fins qui dépassent de loin le cadre national.

      La mission impartie à Emmanuel Macron par le Grand Quartier Général du Groupe Rothschild était de peser de façon déterminante sur ses partenaires de l’Union Européenne aux fins que les deux pays-clés de l’UE (la France et l’Allemagne) imposent aux autres membres la nomination d’un ministre des Finances européen. Parlant d’une seule voix, ils y seraient parvenus sans difficulté. On n’aurait parlé à ce moment que de la « Zone Euro » mais personne n’aurait été dupe. Sous la férule de la Grande Finance Internationale, c’eût en effet été déterminant pour la conception de l’UFE (Union Fédérale Européenne), tant souhaitée par le camp mondialiste, comme premier pas des pays industrialisés visant à établir le futur gouvernement mondial.

      Emmanuel Macron n’a commis aucune faute.

      Seulement voilà… En géostratégie comme au ping-pong, pour jouer, il faut être deux ! Or Groβ Merkel n’a pu s’approcher de la table verte, empêtrée qu’elle était – et qu’elle est toujours – par une majorité qui n’en n’est pas une, des conflits internes grandissants, l’influence chaque jour plus marquée de l’AfD et la montée du FRONT POPULISTE partout en Europe (et dans le Monde : voir BRÉSIL). Elle n’avait plus les mains aussi libres qu’aux jours maudits où elle a délibérément ouvert les vannes de l’immigration, premier pas vers la déstabilisation volontaire des nations. Groβ Merkel a dû déclarer forfait. Fini le « tandem franco-allemand » puissant qu’attendaient les dirigeants du Mondialisme !

      Conscient de cet échec cuisant – et peut-on espérer irréversible –, désappointé et par dépit, Macron, homme jeune en politique, inapte à maîtriser ses émotions et de surcroît, à l’émotivité à fleur de peau comme toutes les personnes… comment dire… comme toutes les personnes « qui lui ressemblent »… a commencé à « se laisser aller » ainsi que l’illustra la très originale Fête de la Musique élyséenne avec comme point d’orgue ses facéties antillaises.

      Conclusion : MACRON NON-COUPABLE MAIS RESPONSABLE Responsable vis-à-vis de ses commettants.

      De par les lois de la Nature (qui a horreur du vide) c’est à nous d’enfoncer le clou sans nous départir un instant de la plus grande vigilance. Terrassé par Saint-Michel, le dragon mondialiste peut encore donner des coups de queue (sans faire allusion aux déviances macroniennes, ce serait vulgaire) redoutables.

  3. Une mauvaise vanne , que de comparer Macron à De Gaulle !!! Quelle honte ! Ce roquet qui ne joue Que par l’esbrouffe ! Ce Macron qui revient toujours avec les mêmes rétorques et même qui veut donner des leçons de “bon vote ” , dans d’autres pays , comme le Brésil : sachez , cher Macron , que au temps de la dictature militaire , du temps du Gal Figueiredo , dans les années 70 , les gens au Brésil vivaient mieux que de
    nos jours ! Allez parler avec les gens de cette époque , dont mon beau père ; 80 ans . Tous les vieux confirment : on vivait mieux du temps de la dictature . Aprenez le portugais, Macron , et vous aurez des infos Fiables et non , des infox , comme vous adorez déballer !
    Non , vous n’avez rien à voir avec un De Gaulle ! Vous êtes minuscule dans tous les domaines , à part celui de vous faire mousser .

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