Le capitaine Hervé Moreau est officier de gendarmerie retraité depuis 2021 et ancien commandant en second de la compagnie de gendarmerie de Beaune. Diplômé de l’Ecole spéciale militaire de St-Cyr, il a passé presque 30 ans au sein des forces armées, apprécié et respecté. En 2020, refusant de fouler aux pieds ses convictions sur l’autel du carriérisme, il rompt son droit de réserve en publiant « Vérités d’un capitaine de gendarmerie ». Dans ce qui va devenir un best-seller, il met en cause la hiérarchie de « bureaucrates calculateurs et intrigants », dénonce le laxisme de la justice et l’explosion de l’insécurité en zone rurale notamment.
Il a eu la gentillesse d’accepter que nous republions son texte sur son engagement pour le monde agricole. Nous l’en remercions.
En ce 8 février, cela fait très exactement une année que je suis ouvrier viticole, que je suis devenu un fils de la Terre. Cela n’est pas une reconversion et cela ne relève pas d’une passion pour le vin et son univers (même si j’y suis très attentif comme tous les Bourguignons).
J’aurais pu tout aussi bien devenir valet de chambre dans un hôtel, manutentionnaire ou préparateur de commande dans un centre logistique, éboueur dans une déchèterie ou maçon…
Moi, ce que je recherchais alors, ce n’était pas un poste de directeur ou de cadre supérieur, le mieux rémunéré possible, en accord avec mes diplômes et mon expérience. Moi ce que je voulais, c’était vivre au quotidien et dans la durée un métier d’exécution, qui soit le plus fatiguant possible, qui soit difficile, qui soit éprouvant pour le corps, pour l’esprit et pour l’âme. Ce que je veux c’est continuer à comprendre, à apprendre et surtout montrer l’exemple !
Aujourd’hui et depuis une année, je vis ce métier d’ouvrier viticole qui me permet de prendre la mesure des mérites de tant de nos concitoyens, au jour le jour, en vivant leur vie, en vivant leurs joies, leurs doutes et surtout leurs souffrances. Au tout début, lorsque j’avais trop mal, lorsque je n’étais pas endurant, j’ai pensé quelquefois à renoncer. Je l’avoue. Et puis je pensais alors à ceux qui n’ont pas le choix, qui doivent se lever tous les matins pour faire vivre leurs familles, qui serrent les dents et qui font preuve du même courage et de la même volonté, en héros anonymes du quotidien, chaque jour que Dieu fait. Il m’importait d’être digne d’eux alors je serrais les dents moi aussi et j’y retournais. Et maintenant le corps s’est habitué et je n’y pense plus, même si les douleurs sont toujours là.
Le soir, quand je rentre à mon domicile de Merceuil, surtout en cette saison, très souvent je n’en peux plus. Je suis épuisé de fatigue, après avoir passé une journée entière à tailler la vigne, en demeurant concentré, attentif, le dos courbé, accroupi ou à genoux, transi de froid, sous la pluie ou dans le vent. Je demeure mutique, un long moment, et bien souvent je suis incapable d’écrire alors que cela me passionne.
Je demeure sur le terrain, dans la lignée de ce que j’ai toujours fait, parce que c’est là que se trouve la vérité et que c’est là que continuent de se forger mes convictions et mes certitudes. Il y a de cela quelques jours, j’étais sur les barrages avec mes amis agriculteurs, un parmi tant d’autres, en anonyme.
Je repensais à l’officier que j’avais été et je me disais que les hommes politiques devraient savoir pour pouvoir vraiment agir. Ils auraient dû voir, comme moi, ce vieil éleveur pleurer comme un enfant alors que son troupeau est saisi, alors qu’il voit partir ses bêtes, alors qu’il voit partir sa vie. Ils auraient dû voir cet agriculteur, pendu au bout de sa corde à force de désespoir et de n’en plus pouvoir. Ils auraient dû voir ce cercueil blanc à l’occasion des obsèques de cette jeune victime pour comprendre, pour apprendre et pour se décider enfin à agir.
Le ministre de l’agriculture et les parlementaires de sa majorité ont-ils vu tout cela, ont-ils vécu pour certains la vie des fils de la Terre, savent-il de quoi ils parlent ? J’en doute très fortement. S’ils avaient su, ils n’auraient pas attendu sept années pour agir, ils auraient anticipé, ils auraient compris l’étendue des attentes, des besoins, des désespoirs et ils auraient pris les décisions qui s’imposent.
Mes amis agriculteurs sont allés au bout de leur combat. Honneur à eux. Ils ont obtenu un peu et il reste encore beaucoup à faire et à obtenir pour espérer sauver la paysannerie française. Le combat reprendra dans quelques mois contre la technocratie folle, contre la concurrence déloyale, contre les contrôles insensés, contre les extrémistes écologistes, contre les interdictions, contre…
Je ne serai jamais ministre de l’agriculture, je deviendrai peut-être un jour un parlementaire, un représentant de notre peuple à l’assemblée nationale. Que mes amis les fils de la Terre le sachent, ce jour-là, à la différence de tant d’autres, je saurai de quoi je parle, je saurai les soutenir et les défendre.
Force et Honneur
Capitaine (ER) Hervé Moreau
10 février 2024
Je n’en pense que du bien cher ami. En quelques mois vous en saurez plus que ces ploutocrates qui nous gouvernent. Il faut encore 3 ans avant de vous présenter devant le peuple. A moins que!!!!
Espérons quand même que les agriculteurs vont lui rendre la vie dure pour le salon.
Bonne chance et le plaisir de vous revoir. Ah j’oubliais écoutez demain soir Jean Lassalle dans Bistro Libertés.
Amitiés Dominique Chasseguet
Bravo et respect au capitaine Moreau
Ce n’est que vérité! Mais prenez garde, si un jour vous êtes d’une quelconque manière aux manettes, d’oublier cet engagement noble de parler et d’agir au nom de ceux dont vous faites partie aujourd’hui, que vous connaissez et qui, je n’en doute pas, espèrent toujours avoir un représentant les représentant vraiment dans les instances supérieures. Le vertige du pouvoir, des honneurs, de l’argent gagné assez vite avec moins d’effort, fait souvent oublier les promesses et tout devient alors faux-semblants. Très vite, trop vite celui qui était animé, je ne veux pas en douter, des meilleures intentions est submergé par la foule de ceux qui ont progressivement oublié ce pourquoi leurs « amis » ou ceux qui croyaient être leur amis leur ont confié avec enthousiasme leur représentation. C’est pourquoi la classe politique a perdu une grande partie de sa crédibilité aux yeux des citoyens qui désertent de plus en plus les salles de vote! Bon courage, retez vous-même!
Bravo MONSIEUR Moreau. Bon courage.
C’est fantastique d’être capable d’avoir cette capacité d’adaptation :OUI c’est difficile le metier d’agriculteur et d’éleveur car il faut régler son rythme à celui de la nature ou des animaux
hiver comme été et de plus il n’y a que peu de vacances ou pas du tout.Bien sûr il faut ménager ses forces et adapter si l’on peut car la nature ne ment pas , ne sursoit pas :elle demande de l’attention
quotidienne .Certes il ya aussi de la robotique à travers de gros engins mais ça ne fait pas tout car les robots c’est vraiment CON;et parfois je me demande dans certaines parties de l’agriculture s’ils ne seraient pas nuisibles.Ne demandez aux cols blancs de vous aider car ces dernières années il m’ont semblé être des abrutis qui se donnent des airs d’élite se donnant le droit de vous diriger votre vie:
Dans certaines régions ,ça ne se passe pas comme ils voudraient que ça se passe et tant mieux.Il y a en france une école qui débite des cons en col blanc:On avait promis que cette école d’abrutis allait.disparaitre . RIEN que des promesses toujours des promesses .Elle ne sert à rien sinon qu’à etre une organisation qui a tout l’air d’une organisation mafieuse. qui exploite le peuple français.
Albert Camus a dit qu’il refusait le droit de parler de la misère à ceux qui ne l’ont pas connue. Si un jour le capitaine Moreau, ouvrier viticole, devient député, il aura le droit de parler du travail de la terre.
Engagement magnifique ! Je suis de tout coeur avec ce capitaine.J’ai effectué une démarche similaire, il y a plus de 40 ans.
Engagement magnifique ! Je suis de tout coeur avec ce capitaine.J’ai effectué une démarche similaire, il y a plus e 40 ans.