François Hollande, le fuligineux et nocif président de la France, est comme ces tricheurs au poker qui préparent le jeu de cartes avant de les distribuer afin de se donner toutes les chances de gagner. C’est-à-dire qu’il utilise les moyens considérables que lui donne sa fonction pour organiser des coups qui, pense-t-il, lui donneront un avantage décisif au mois de mai 2017 quand chaque joueur devra prouver qu’il a la meilleure main.
Pendant trois ans, il a donné des instructions pour que la question du référendum qui doit, selon les Accords signés en 1988 et 1998, avoir lieu entre 2014 et 2018 pour donner aux habitants de la Nouvelle-Calédonie le choix de leur destin avec ou sans la France, soit reculée le plus tard possible, c’est-à-dire après sa réélection en 2017 qu’il croyait acquise par un tête-à-tête avec Marine Le Pen. Il ne voulait pas de troubles.
Le retour en force de Nicolas Sarkozy à l’occasion des élections départementales du mois d’avril dernier change la donne, il n’est plus acquis que Sarkozy sera éliminé au premier tour, il est possible que ce soit Hollande qui le soit.
Hollande pensait que le cabinet noir mis en place à l’Élysée pour flinguer Sarkozy arriverait à lui planter suffisamment de poignards dans le dos pour le discréditer définitivement aux yeux des Français, mais toutes les affaires montées contre lui à grand renfort d’écoutes téléphoniques illégales et de témoignages douteux s’écroulent les unes après les autres.
Cela a commencé avec un non-lieu au bénéfice de Sarkozy dans les accusations d’abus de faiblesse dans l’affaire Bettencourt. Maintenant c’est un personnage-clé du régime Kadhafi (Bechir Saleh, ex-directeur de cabinet de Kadahfi) qui vient de faire savoir que des émissaires du gouvernement socialiste avaient tenté d’acheter avec une grosse somme d’argent un faux témoignage dans l’affaire du financement présumé de la campagne de Sarkozy en 2007 par Kadhafi. Comme c’est Le Monde, journal de gauche révéré par les socialistes qui révèle le scandale, c’est une tâche de plus sur le pédigrée de Hollande.
Hollande voudrait pourtant abattre peu avant la présidentielle un joker susceptible de lui rallier une partie de l’extrême gauche : l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie à laquelle José Bové et Olivier Besancenot sont très attachés. Pour cela il fait préparer discrètement le transfert des compétence que l’Etat détient encore en Calédonie, comme la monnaie.
Tout est fait par des hommes de paille du gouvernement en charge du dossier pour que les électeurs favorables au maintien de ce lointain mais riche territoire français dans la République soient écartés du scrutin par des interprétations spécieuses de l’accord de 1998 que permet une rédaction délibérément floue sur le point crucial du corps électoral appelé à voter.
Il avait été admis en 1998 que les Français présents sur le territoire en 1988, ayant donc dix années de présence continue, seraient électeurs au référendum. Il fallut modifier les règles constitutionnelles en la matière pour valider la mesure, en précisant que cela ne concernait que la Nouvelle-Calédonie, car une mesure d’ordre général aurait empêché le vote des étrangers en France que souhaitent ardemment les socialistes. Puis il fut convenu que l’essentiel de la mesure portait sur les dix années de présence continue : ainsi, tout personne arrivée à partir de 1988 et ayant les dix années prévues pouvait voter. Donc celles arrivées en 2 000, par exemple pouvaient voter.
Dix ans, c’est déjà long. Ainsi, lors du référendum sur l’indépendance de Timor que l’Indonésie venait de coloniser quelques années auparavant, l’ONU imposa que seuls les Indonésiens fonctionnaires et militaires soient exclus du vote, toute personne domiciliée et ayant investi dans le pays pouvant y participer, quelle que soit sa date d’arrivée et sa durée de présence.
Des sondages répétés ayant montré que la majorité de la population calédonienne souhaitait rester française, les indépendantistes kanaks firent un lobbying intense auprès du gouvernement français pour obtenir que le préfet Chrisnacht, exégète-gloseur officiel des accords pour en voir été le principal rédacteur, réinterprète le texte dans leur sens. Il le fit en expliquant que les signataires avaient voulu que le point de départ de la présence soit l’année 1988, et elle seule. Si bien qu’un Français ayant investi des dizaines de millions, créé des emplois, acheté une maison ou une propriété, eu des enfants nés et scolarisés sur le territoire, payé beaucoup d’impôts mais arrivé par exemple en 1989 est exclu du vote alors qu’il a 26 années de présence continue.
La notion de continuité obligatoire de la présence est également appliquée strictement. Plus de deux ans d’absence et le citoyen est exclu lui aussi du droit de vote.
Par exemple : un Français arrivé sur ce territoire français en 1971, ayant exercé des fonctions de direction, sociales et politiques mais s’étant absenté plus de deux ans après sa prise de retraite s’est vu opposer un refus de réinscription sur la liste électorale à son retour ; de même une Calédonienne partie faire deux années d’études supérieures en Australie qu’elle a prolongées par un stage professionnel d’un an qui lui a permis de trouver un emploi de cadre dans la fonction publique en rentrant à Nouméa ne votera pas non plus. Par contre un militaire canaque envoyé en mission de trois ans hors de Calédonie a été réinscrit parce qu’il fait partie du peuple autochtone.
Il y a là un petit relent de racisme qui ne semble pas effleurer les narines élyséennes.
Les Néo-calédoniens d’origine européenne ou asiatique, voire américaine (antillais) ou africaine en ressentent un grand sentiment d’injustice auquel les autorités répondent par la règle inscrite dans la charte de l’ONU du droit inné et actif du seul peuple autochtone au choix de l’indépendance. Une ONU dont les principes sont par ailleurs oubliés ou bafoués allègrement par la France sur d’autres sujets. Par exemple, quand il s’agit du principe posé par le Comité des 24* à l’occasion du vote sur l’indépendance de Timor après la claque que l’ONU avait reçue de l’Indonésie à l’occasion du vote sur l’indépendance de la Papouasie occidentale qu’elle colonisait. Elle n’avait fait voter que les colons indonésiens et un millier de Papous choisis en fonction de leur illettrisme, sur trois millions d’électeurs papous potentiels environ, à qui un fonctionnaire indonésien tenait la main pour les faire signer d’une croix sur la liste électorale. Le rattachement définitif à l’Indonésie avait été acquis à 99 % des suffrages !
Car la règle onusienne est que pour choisir l’indépendance, on vote une fois et une seule.
Le principe est que toute la population domiciliée de façon permanente dans le pays doit voter, peuple autochtone ou pas, une seule fois, et que la question posée doit être ouverte et claire : soit la très simple demande “voulez-vous l’indépendance, oui ou non ?“, soit une question plus complexe comme “voulez-vous : 1 être départementalisés, 2 conserver le statut actuel, 3 être indépendants mais associés, 4 être totalement indépendants“.
Or la question qui sera posée au référendum calédonien doit l’être trois fois de suite : premier référendum prévu entre 2014 et 2018, si la réponse est oui à l’indépendance, elle est acquise immédiatement et définitivement. Si c’est non, les Calédoniens revoteront 4 ans après, et ainsi de suite trois fois. Si la réponse est trois fois non, le maintien dans la République ne sera pas acquis pour autant, le gouvernement tranchera après consultation des élus locaux. Mais comme il vient de prouver en faisant voter une loi à laquelle le Congrès calédonien était opposé qu’il se moque éperdument de l’avis des élus locaux à l’exception de celui des leaders socialistes, canaques et indépendantistes, les Calédoniens sont convaincus que le gouvernement socialiste veut l’indépendance du territoire à tout prix et l’imposera par tous les moyens en bafouant la démocratie, la définition de la valeur suprême de la République, “gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple” et le principe onusien du vote unique.
De plus, la question qui sera posée n’est toujours pas définie, et le bruit court qu’elle sera biaisée de manière à tromper les électeurs en ne leur donnant le choix qu’entre l’indépendance-association et l’indépendance tout court. Dans l’indépendance-association (déjà proposée en 1984 par Pisani et refusée très majoritairement au référendum suivant), l’association n’est qu’une option qui ne serait éventuellement prise qu’après le vote par le premier gouvernement consécutif au vote sur l’indépendance. Dans les deux cas ce serait donc l’indépendance, peut-être assortie d’une association ensuite, mais sans aucune garantie.
Les Néo-Calédoniens pro-France, la majorité du peuple calédonien, sentent que le gouvernement socialiste prépare sournoisement l’indépendance sous tout un charabia idéologique de “vivre ensemble”, “multiculturalité” et autres principes bien connus du tiers-mondisme dont les peuples n’ont jamais à décider parce que la gauche veut les leur imposer de force. Il n’y a qu’à voir ce qui vient de se passer en Afrique du Sud où les autochtones noirs veulent chasser les “étrangers” noirs originaires de pays voisins plus pauvres ou réfugiés de régimes dictatoriaux. Du racisme noirs contre noirs, très courant, même en France et en Nouvelle-Calédonie où les gens de la Grande Terre disent “Dès l’indépendance acquise, les gens des îles (Iles Loyauté, Ouvéa, Lifou et Maré) ont intérêt à acheter des planches à voiles parce qu’on va les foutre dehors” (François Burck, leader indépendantiste), c’est totalement incompréhensible pour les socialistes seulement capables de raisonnements binaires.
Tous les référendums sur l’indépendance depuis 70 ans ont donné 2/3 pour le maintien dans la République, 1/3 pour l’indépendance
Les pro-France vont manifester le 24 avril à l’occasion de la visite du parrain archi-millionnaire et socialiste Claude Bartolone à Nouméa, à la tête d’une délégation de parlementaires qui viennent faire un peu de tourisme aux frais des contribuables métropolitains.
Le motif en est que le Congrès du territoire, où les élus mélanésiens sont majoritaires, a donné ce fameux avis défavorable sur un projet de loi que le gouvernement a quand même fait voter. En effet, en France on pense que tous les élus canaques sont pour l’indépendance et tous les non-canaques contre, alors que ce n’est pas le cas. Il y a un bon nombre de Canaques qui sont pour le maintien dans la République, et inversement, il y a des élus blancs ou polynésiens qui sont pour l’indépendance. Ça encore, c’est impossible à comprendre pour des socialistes.
En fait, la majorité des membres du Congrès reflète l’aspiration du peuple calédonien : rester français, ce que le gouvernement socialiste ne peut admettre, par pure idéologie.
Les pro-France accusent donc le gouvernement de déni de démocratie et de mentir en disant au travers de sa presse aux ordres que tous les Canaques sont pour l’indépendance progressiste et que tous les blancs et asiatiques sont contre parce qu’ils sont des colons réactionnaires, ce qui est inexact ; que tous les Canaques sont pauvres et tous les autres de riches exploiteurs, en refusant de voir qu’il y a beaucoup de non-canaques pauvres et des Canaques milliardaires en francs CFP, ainsi qu’une bourgeoisie canaque de plus en plus nombreuse ; qu’il y a “consensus” quand les indépendantistes minoritaires dans le pays exigent quelque chose et que la chose est inacceptable faute de consensus quand ce sont les pro-France majoritaires qui la demandent.
Ce déni porte aussi sur le trucage du corps électoral référendaire en n’autorisant pas l’inscription automatique des natifs (seuls les Canaques sont inscrits automatiquement, mais pas les “Caldoches” et les autres ethnies). Le trucage porte même sur les listes aux élections provinciales (3 provinces) par l’acceptation systématique des radiations demandées par le FLNKS (Front de Libération Nationale Kanak Socialiste) qui fait radier les électeurs noirs, asiatiques ou blancs connus pour être pro-France. “Hier l’indépendance était un projet pour une partie de la population. Aujourd’hui c’est un objectif de l’État“, constate Simon Loueckhote, ancien sénateur canaque natif d’Ouvéa et chef de file des Canaques pro-Français qui ajoute “On ne peut plus faire confiance aux dirigeants de la France, c’est pourquoi les Calédoniens doivent se mobiliser le 24 avril”.
Cette marche n’aura aucune influence sur la volonté du gouvernement d’imposer l’indépendance, disent certains. Si, disent les autres, car elle montrera à ce régime socialiste totalitaire que s’il persévère dans son déni de démocratie, il doit s’attendre à des troubles sociaux graves (comme en 1984) lors du prochain référendum. Parmi les pro-France, se trouvent de nombreux Vietnamiens et Français d’Algérie qui refusent de fuir à nouveau une indépendance qui cette fois n’est pas demandée par un peuple très majoritaire démographiquement comme c’était le cas en Algérie, mais par une minorité d’activistes socialistes. Ce sont des troubles violents qui sont annoncés, lesquels attireront l’attention de l’ONU qui pourrait alors, comme elle l’a fait à Timor avec la puissante Indonésie, dessaisir le gouvernement national de la question de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie.
* Le Comité des 24 de l’ONU est chargé de la surveillance et, éventuellement de la gestion, des pays à décoloniser ou en cours de décolonisation.
Maurice D.