20 ANS APRES LE 11 SEPTEMBRE, LES TALIBANS SONT DE RETOUR ! (Eric de Verdelhan)

« La guerre est une chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires ».
(Georges Clémenceau)

 

 

Aujourd’hui, pour une fois, je ne vous raconterai pas une bataille, gagnée ou perdue par nos armes. Sans m’ériger en stratège (de « Café du Commerce »), je veux vous parler d’une guerre que nous sommes incontestablement en train de perdre : celle du monde libre contre la barbarie ou, si vous préférez, celle de l’Occident chrétien contre l’Islam salafiste.

Nous vivons la troisième manche de la « Reconquista ». Nous avions gagné la seconde quand, en 1492, les armées d’Isabelle de Castille – Isabelle la Catholique –  et  Ferdinand d’Aragon chassaient les Maures de Grenade : c’est, en effet, le 2 janvier 1492 que les troupes d’Aragon et de Castille (1) reprenaient Grenade au sultan Boabdil qui, selon sa propre mère, « abandonnait comme une femme une ville qu’il n’avait pas su défendre comme un homme ».

La débâcle totale, la reddition honteuse, presque sans combattre, des troupes afghanes et le repli des Américains, ravivent quelques souvenirs ô combien douloureux : l’abandon de nos supplétifs et des Catholiques vietnamiens après les accords de Genève ; les « pieds-noirs » massacrés à Oran le 5 juillet 1962 ; nos Harkis livrés, désarmés, aux égorgeurs du FLN ; la chute de Saïgon, le 30 avril 1975 et la panique des évacuations en hélicoptère de l’ambassade des USA ; la « libération » du Cambodge par les Khmers rouges ; les « boat people » fuyant l’enfer communiste, etc…

Le monde libre a pris la fâcheuse habitude de lâcher ses alliés, et les suppôts de Mahomet le savent. En revanche, les Occidentaux n’ont pas compris que l’Islam radical sera pire – et bien plus pugnace – que le communisme. Ils ont oublié le message clair d’Abou Bakr al-Baghdadi, « Calife et successeur de Mahomet », fondateur de l’État islamique (الدولة الإسلامية) aussi appelé Daech, le 29 juin 2014, qui annonçait l’instauration d’un Califat et déclarait « nous reprendrons Grenade ».

Ils n’ont pas voulu entendre Recep Tayyip Erdoğan quand il annonçait vouloir récréer, en 2024, le Califat ottoman aboli en 1924 par  Mustafa Kemal Pacha, dit Ataturk. On peut, à juste titre, me rétorquer, que Daech, Erdogan et les Talibans n’ont aucun rapport : non, ils sont tout simplement sunnites, c’est tout !
Mais revenons à l’Afghanistan. Comment expliquer une telle débâcle ?

Les USA (cette grosse machine de guerre qui perd toutes ses guerres), qui avaient réussi sans trop de mal à chasser les Talibans, ont fait 20 ans d’occupation pour les laisser revenir au pouvoir.

Des barbus shootés au Coran, en burnous et djellaba, chaussés de baskets, sans gilets pare-balles, sans aviation, avec quelques blindés légers et quelques pièces d’artillerie, ont battu jadis la puissante Armée Rouge. Et ils viennent d’humilier et de chasser la première armée du monde (2).

Ceci laisse perplexe et appelle quelques remarques de bon sens :

Première remarque: Finis les interminables sièges d’antan. Les conflits modernes doivent impérativement être brefs pour éviter le risque l’enlisement. En Algérie, le général Challe avait compris que la surpuissance technique ne servait à rien dans les opérations de guérilla. Pour lutter contre les katibas fellaghas, il avait créé des « commandos de chasse ».

Le succès d’une opération dépend d’abord de sa brièveté. On l’a vu à Kolwezi en 1978. Si on reste, on s’enlise.
Ne sommes-nous pas en train d’en faire la triste expérience au Sahel ?

Et puis, cessons de rêver à une guerre en dentelle, une guerre propre et sans morts. Nous ne sommes pas dans « la Grande-Duchesse de Gérolstein » d’Offenbach (3), alors oublions nos principes démocratiques et nos mœurs aseptisées et policées d’Occidentaux nourris aux droits-de-l’homme, pour adopter les raisonnements ou la tactique du camp d’en face.  

Dans l’Antiquité, les guerres puniques étaient prévisibles parce que Rome et Carthage étaient dans une rivalité économique vitale pour le contrôle de la Méditerranée occidentale. Depuis cette époque, le déclenchement des guerres est toujours prévisible. Il repose sur les mêmes mécanismes que les lois de la physique : une tension finit toujours par éclater en déflagration ; la poussée de plaques tectoniques se termine en séisme ; l’accumulation de cumulo-nimbus finit toujours par provoquer un orage. On peut donc prévoir le déclenchement des guerres.

En revanche, on ne peut pas pronostiquer la forme qu’elles prendront. Comme l’éthologie humaine le démontre, l’état de paix ne correspond pas à la nature humaine.

L’agressivité est la règle de l’espèce humaine. L’idéal kantien (ou chrétien moderne) de la paix perpétuelle, n’a jamais fonctionné. L’histoire est – hélas – structurée par la guerre. L’état de paix n’est généralement qu’une transition passagère entre deux conflits. La guerre est ambivalente, car elle est à la fois un facteur de destruction et d’évolution. D’ailleurs, depuis la fin du néolithique, les guerres n’ont représenté qu’une cause très marginale de la mortalité.

Personne, bien sûr, ne peut souhaiter la guerre, mais vouloir l’éliminer (idéologie pacifiste), est aussi stupide que de vouloir éliminer la sexuation (théorie du genre), la religion et l’économie privée (idéologie marxiste) ou le sentiment d’appartenance et d‘identité ethniques (cosmopolitisme).

Le problème n’est pas d’éliminer les guerres – ce serait une utopie – c’est de les gagner le plus rapidement possible, pour que les effets positifs de la victoire l’emportent sur les effets négatifs de sacrifices prolongés. L’auteur de cette vision n’est pas Carl Von Clausewitz, dans son traité « Des principes de la guerre » (1812), c’est Jules César (« Commentaires sur la Guerre des Gaules » 51 av. J.C.) ! Comme quoi, ce simple constat n’est pas une nouveauté !

Deuxième remarque : il ne faut pas oublier les leçons du passé. Qui a dit que l’histoire ne repasse pas les plats ? C’est une ineptie : Adolf Hitler aurait dû s’inspirer des déboires des armées de Napoléon avant de lancer l’Opération « Barbarossa » (4). La Bérézina est une victoire française, certes, mais au prix de 45 000 morts !!!

Ce n’est pas la première fois que l’Occident se fait tailler des croupières en Afghanistan : trois guerres ont opposé ce pays à la Grande-Bretagne. Durant la première, les Britanniques évacuent Kaboul en janvier 1842. Une colonne de 16 500 personnes (dont 4 500 soldats) est massacrée. La seconde fut plus favorable aux troupes britanniques mais c’est à l’issue de la troisième, en 1919, que l’Afghanistan regagna une indépendance complète.

Les Afghans se battent – et se battent bien – depuis la nuit des temps. Fanatisés par l’Islam qui promet à ses martyrs, 77 houris ( حورية, ) (5) au paradis d’Allah, ils font la guerre pour la gagner et n’ont pas peur d’y laisser leur peau. Ils mènent une guerre sainte, le Djihad  ( جهاد ) pour que le  Dar al-Harb, le « domaine de la guerre » ( دار الحرب) devienne le Dar al-Islam ou « domaine de la soumission à Dieu » (دار الإسلام). C’est plus « motivant » que le matérialisme athée des communistes.

Les Américains n’ont, semble-t-il, tiré aucun enseignement de leur déconfiture au Vietnam.

Troisième remarque (qui découle de la précédente) : une occupation par la force est toujours mal vue. Comment réagit une population en voyant débarquer un corps expéditionnaire ? Au début, il y a bien quelques adeptes d’une collaboration avec l’occupant, nous avons connu ça ! Mais quand l’occupation s’éternise, l’occupant focalise contre lui le sentiment national ET le sentiment religieux.

C’est encore plus vrai dans les pays musulmans où le Coran et la Charia régissent la vie, les mœurs, les lois, les droits et les devoirs des citoyens.

Les interventions en terre d’Islam – s’il doit y en avoir – doivent être confiées à des contingents venus de pays musulmans, pour que les belligérants se comprennent.
On peut en dire autant des interventions dans les pays africains, qu’ils soient ou non musulmans.    

Même si nous sommes marqués par notre passé colonial, liés par des accords plus ou moins caduques ou unilatéraux, imprégnés par un demi-siècle de « Françafrique », ce n’est pas à nous de faire la police dans le Sahel ; c’est au Maroc, à l’Algérie, au Tchad ou à un contingent composé par l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA), organisme subsidiaire de l’ONU.

« Ils n’en sont pas capables » diront, d’expérience, les vieux coloniaux. L’Armée Nationale Tchadienne démontre le contraire. Alors, aidons-les, formons-les, fournissons-leur de la logistique et du matériel, mais n’allons pas au-delà ; nous risquons de perdre sur tous les tableaux !

Quatrième remarque : choisissons nos alliés, ne nous trompons pas d’adversaires. 

Cette calamiteuse guerre en Afghanistan était menée sous l’égide de l’OTAN qui, rappelons-le, veut dire « Organisation du Traité de l’Atlantique Nord ». L’Afghanistan, pays asiatique enclavé, n’est pas dans cette zone, mais on peut m’objecter que l’implication de l’OTAN dans cette guerre était moins illégitime que contre la Serbie dans l’affaire du Kosovo en 1999.

J’écris cet article pour un triste anniversaire, celui du 11 septembre 2001.  A la suite des attentats du 11 septembre, l’Amérique a invoqué  l’article 5 de la charte de l’OTAN, qui oblige les alliés à se solidariser : le cerveau des attentats, Oussama Ben Laden, était réfugié en Afghanistan.

C’est ainsi que la France s’est trouvée impliquée dans un bourbier dont elle n’a pu s’extraire qu’en 2014, au prix de 90 morts  et quelques centaines de blessés.

L’OTAN, qui avait sa raison d’être pour faire contrepoids au « Pacte de Varsovie », à une époque où 6 000 chars soviétiques campaient près de nos frontières, doit être complètement revue.

Je suis – une fois n’est pas coutume – d’accord avec Emmanuel Macron quand il  déclare que l’OTAN est « en état de mort cérébrale ». Car une chose est certaine, l’OTAN est totalement inadaptée à des situations comme celle de l’Afghanistan.

Cinquième remarque : Cessons de nous comporter en « Bisounours », en gogos, en naïfs.

Presque toute notre classe politique, nos journalistes, nos intellectuels, bref, tous ces gens, qui font l’opinion, veulent se persuader que les Talibans ont changé, qu’ils sont assagis, plus ouverts, plus tolérants, moins attachés à l’application stricte de la Charia. Une telle naïveté est confondante !

Après quelques jours, pourtant, certains commencent déjà à déchanter.

Il ne faut accorder aucun crédit à la parole des Talibans. Leurs assurances n’avaient d’autre utilité que de servir d’alibi à Joe Biden. La Taqîya ( تقيّة ), la dissimulation, est dans leur mentalité, et, pour eux, elle est politiquement utile et moralement louable.

Les Talibans sont des guerriers, des pillards, des trafiquants d’opium, des barbares. Ils l’ont montré en massacrant leurs opposants, mais aussi en dynamitant les grands bouddhas de Bâmiyân, vestiges des anciennes civilisations indo-grecques du Gandhara et du Kouchan.

Ils arrivent au pouvoir pour imposer la Charia, dans un pays dans lequel plus de 90% de la population est favorable à son application la plus rigoureuse : l’amputation de la main des voleurs, la lapidation des femmes adultères, l’interdiction de l’alcool, des musiques « décadentes », etc…

De notre côté, nous sommes prêts à accueillir toujours plus d’Afghans, comme si la « 5ème colonne » musulmane présente en France n’était assez importante ?

Il est juste, il est logique, il est normal, de rapatrier les Afghans qui ont aidé notre pays, qu’ils soient interprètes, traducteurs, magasiniers ou autres, car les Talibans – même assagis, ce dont je doute – ne leur feront pas de cadeaux. Mais pourquoi n’a-t-on pas évacué ces gens-là en 2014, quand nous avons retiré nos troupes d’Afghanistan ?

En conclusion, je me pose une autre question : la chute de Kaboul est une catastrophe pour l’Occident ; c’est en tous cas mon (humble) avis. Où sont les brillants stratèges qui nous expliquaient, il y a quelques années, qu’il fallait supprimer le Service National et réduire le budget de la Défense car la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS nous assuraient la paix au sein d’une Union Européenne créée précisément pour garantir la paix ?

Ces gens-là n’ont pas compris que c’est la paix qui a fait l’Europe et non l’inverse. Et ils ont oublié que la défunte « Société des Nations » (SDN) ancêtre de l’ONU, visait elle aussi la paix entre les peuples : une utopie qui a coûté 50 millions de morts entre 1939 et 1945.

Personnellement, j’ai été, durant des années, un honnête cancre en Latin, mais je sais ce que veut dire l’adage : « Si vis pacem, para bellum » (6).

Éric de Verdelhan

11 septembre 2021 

 

 

 

 

 

1)- Troupes qui comptaient dans leurs rangs de nombreux chevaliers français.

2)- Les dépenses militaires des USA sont 15 fois supérieures aux nôtres (778 milliards de dollars contre 52,7)

3)- « La Grande-duchesse de Gerolstein » est un opéra bouffe de Jacques Offenbach, créé en 1867.

4)- L’opération « Barbarossa » est le nom de code de l’invasion de l’URSS par l’Allemagne du III° Reich. Elle a débuté le 22 juin 1941 pour s’achever en février 1942 par la victoire de l’Armée rouge.

5)- Les « houris » sont, selon la foi musulmane, des vierges dans le paradis d’Allah. 

6)- « Si tu veux la paix, prépare la guerre ».

11 Commentaires

  1. Survol historique très intéressant .. Merci.
    Mais pourquoi continuer à présenter le 11 Sept. comme un attentat islamiste , alors que l’on sait parfaitement aujourd’hui que c’est un attentat sous faux drapeau , perpétré par le gouvernement Américain , afin de déclarer l’Etat d’urgence , et de faire accepter au peuple un politique étrangère guerrière et agressive …?

  2. La caractéristique des islamistes (talibans, daesh, etc.) est qu’ils ont leur idée de la mort qui ne les effraie plus grâce à leurs convictions religieuses. Les chrétiens n’ont plus de conviction, plus de religion, plus de spiritualité, plus de sagesse personnelle. Ils se comportent en animaux pour la plupart. Donc pour la plupart des chrétiens, la mort est la fin absolue de tout et n’ayant jamais médité sur la question et encore moins lu pour cogiter, ils ont une peur bleue de mourir. Ce qui est aussi une source de lâcheté. Ils sont prêt à accepter l’enfer plutôt que la mort.

  3. Dans votre texte, au demeurant excellent comme d’habitude, vous proposez de les laisser régler leurs comptes entre eux en leur fournissant le matériel nécessaire.
    Si mon frère était là, il vous raconterait dans quel état on retrouve le matériel qu’on leur vent (avec notre argent). Je pense en particulier à certaines vedettes rapides qu’on va prendre en entretien et que les mécanos retrouvent en état “africain”.
    Argent perdu, peine perdue et confiance perdue car nos marins aimeraient bien les avoir lesdites vedettes.
    Quand vous parlez des guerres de bisounours qui ne mènent à rien d’autre que notre perte, je pense à l’usage de moyens de guerre radicaux à faire hurler la gauchaille frétillante.
    Néanmoins, quand le Président Trump à faire user de bombes massives (MOAB ou Daisy cutter) contre les chefs de guerre musulmans, on n’en a pas trop entendu parler et ça a nettoyé de façon rapide et convaincante.
    Vous avez oublié de citer les deux bombes nucléaire lancées sur le Japon qui ont eu un effet rapide et convaincant.
    L’occident dispose de bombes à neutrons qui pourraient être un moyen de conviction diplomatique efficace avec les musulmans énervés de ces pays.
    Au final, pour bien se faire entendre, il faut cesser de murmurer des douceurs et se montrer intransigeant.
    Ceux qui ne sont pas sur notre sol ne doivent avoir aucune possibilité d’y entrer et ceux qui sont sur notre sol doivent avoir un délai minimum pour partir. Il y a suffisamment de pays musulmans sur cette pauvre planète pour qu’ils y restent et nous démontrent la supériorité de leur pseudo religion mortifère.
    Et nous, pour protéger notre pays, on fait comme Trump, on bâti un mur. Ca donnera au moins du boulot à plein de gens.

  4. la photo de milliers d’afghans bloquant des avions pour quitter leur pays surprend. N’ont ils pas été initiés pendant 10 ans par les Américains a l’utilisation des armes ? le matériel militaire est sur place. pourquoi ne s’en servent ils pas ? Ce mouvement d’étrangers voulant entrer en pays catholique est encore une façon d’occupation passive et dangereuse des islamistes .la France est si généreuse aux frais de ses contribuables.

  5. Combien d’assoces bidons pro-immigrationnistes aident ils à l’invasion de la France par des hordes de faux réfugiés ,lesquels ne vont ils pas dans un des 57 pays muzz dixit soi-disant leurs frères dans leur religion de tarés ?
    Coupables aussi nos politichiens de tous bords, et ce gouvernement de baltringue qui œuvre aussi à la destruction de la Patrie France ! Combien de temps encore le peuple souverain va t’il laisser faire tous ces traites à la Nation et au peuple ? Jusqu’à quand ?

    • Dans le futur, les historiens pourront chanter la patience du peuple Français ou… la lâcheté de sa majorité.

  6. Toutes les enflures qui sont aux “manettes” (politicards, merdias, écolos, droits de l’hommiste, LGBT et j’en passe)ne comprennent pas, qu’eux aussi devront payer leur dû au moment de passer à la caisse.

    • C’est à en douter. Passer à la caisse de qui ?! Pas de soucis, ces gens ont des refuges sûrs et une armada de soldats privés. Et puis face à une peuple qui laisse faire…

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