L’OCCIDENT PEUT-IL VIVRE SEUL ? (Jean Goychman)

L’Occident mondialiste peut-il vivre sans le reste du monde ?

La réunion annuelle des BRICS+ s’est tenue à Rio de Janeiro et a permis de constater qu’il y avait bien deux visions du monde qui ne pourraient plus cohabiter bien longtemps. Entre un monde monopolaire voulu par les occidentaux et la grande finance internationale qui compte toujours imposer sa domination grâce au dollar qu’elle peut émettre sans contrepartie et la perspective d’un monde multipolaire qui respecterait les souverainetés nationales, de plus en plus de pays ont choisi leur camp…

Les BRICS+ font de plus en plus d’adeptes.

Leur première caractéristique économique est de favoriser les échanges commerciaux « transfrontaliers ». Comme ce commerce se fera essentiellement  dans les monnaies des pays signataires et non plus en dollars, il y a là une grande source d’inquiétude pour ceux qui ont réussi à imposer ce dernier à la fois comme monnaie internationale mais surtout comme « monnaie de réserve ».

Afin de se garantir contre les risques de change qui peuvent provenir des fluctuations du dollar par rapport à leur propre monnaie, la plupart des pays ont acheté des bons du Trésor américain qui étaient eux-mêmes libellés en dollars. Ainsi, la dette américaine était rachetée par le monde entier, évitant au peuple américain les charges et les inconvénients d’un endettement excessif.

Les premiers à en avoir pris conscience sont probablement les Chinois il y a une vingtaine d’années.

La cupidité des banquiers internationaux ayant fait de la Chine l’atelier du monde, son essor économique rapide lui a, par le biais des ses exportations payées en dollars, procuré une quantité impressionnante de « billets verts », faisant d’elle le premier créancier des États-Unis. Conscients de ce qui pouvait devenir une faiblesse (le contrôle du dollar leur échappant), les Chinois ont recherché des alliances avec d’autres pays, eux-mêmes exportateurs qui voulaient -à terme- s’affranchir du dollar.

Au nombre de quatre à la création en 2009, ce groupe représente aujourd’hui plus de la moitié de la population mondiale et son PIB rapporté au pouvoir d’achat est largement supérieur à celui du G7.

D’autant plus que ses perspectives de développement sont énormes et qu’à terme on voit arriver une division du monde futur entre l’Occident et le reste du monde.

Une menace grandissante sur le dollar.

Aujourd’hui encore, le dollar veut faire bonne figure. Pourtant, de moins en moins de gens lui font confiance et cette monnaie « fiduciaire » au départ se maintient uniquement sur la peur qu’inspire le gros bâton qu’est la puissance militaire américaine.

Un récent article publié sur le « Réseau International » fait état de cette tension qui devient de plus en plus palpable :

« L’intransigeance de la diplomatie américaine, qui joue la surdité face aux revendications légitimes de la majorité mondiale, révèle que Washington se trouve aujourd’hui dans l’impasse. Il va de soi que la Chine aussi bien que le bloc des BRICS n’accepteront pas d’avaliser la primauté des intérêts de Washington sur leur droit à la souveraineté, au développement et à la sécurité. Dans ces conditions, la seule issue pour l’Empire américain est la destruction – du droit, de la diplomatie, des forces militaires adverses ».

Dans ce contexte, le rapport des forces entre l’Occident du dollar et le reste du monde qui n’en veut plus ne cesse d’évoluer au détriment du dollar qui risque de voir son rôle ramené à celui de la monnaie domestique américaine et de perdre ce que de Gaulle appelait « son privilège exorbitant » qu’il résumait en « ce dollar, qu’il ne tient qu’à eux d’émettre ! ». 

Dès le mardi 08 juillet, Donald Trump menaçait également les BRICS et tous les pays qui seraient tentés de commercer avec eux dans ces termes :

« Ils doivent payer 10% s’ils font partie des BRICS parce que les BRICS ont été mis en place pour nous nuire », a soutenu Trump lors d’une réunion du cabinet à la Maison-Blanche.

Affirmant que « quiconque fait partie des BRICS se verra imposer une taxe de 10% », Trump a déclaré qu’ils « devront payer des droits de d ouane de 10% rien que pour cela, et qu’ils ne seront pas seulement membres ».

Une réunion cruciale qui va acter l’existence d’un monde multipolaire.

La réponse du gouvernent russe ne s’est guère fait attendre. Dans une vidéo publiée également sur You Tube, la porte-parole a répondu du tac au tac à Donald Trump. Incontestablement, l’histoire est en marche. La réalité d’un monde multipolaire apparaît chaque jour un peu plus. Jusqu’à présent, les tenants du monde monopolaire, essentiellement occidentaux et vassalisés par l’État profond américain (devenu supra-national depuis Trump) ont traité les BRICS par le mépris et comme quantité négligeable. Cependant, certains avaient largement anticipé ce qui allait devenir une menace sur le dollar.

Ce fut le cas de Mark Carney (aujourd’hui Premier Ministre canadien) mais Gouverneur de la Banque d’Angleterre en 2019. Dans son discours d’août 2019 à Jackson Hole, il disait qu’il fallait « hâter la fin du dollar » pour le remplacer par une monnaie électronique contrôlée par les banques centrales. Visiblement, il avait pris conscience du danger qu’allait représenter pour le dollar l’essor économique des pays « émergents ». Ce discours n’a eu comme effet, (mais peut-être était ce le but recherché ?) que d’augmenter d’une manière quasi exponentielle les dettes publiques des pays qui ont joué le confinement et les vaccins liés au COVID 19.

Le recul du dollar dans les échanges internationaux a connu une brusque accélération en 2022 avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine et notamment les sanctions infligées à la Russie et sa mise à l’écart du système « SWIFT », poussant cette dernière à commercer avec d’autres monnaies.

La réunion de Rio des BRICS fera date. Elle définit le cadre du conflit monétaire qui oppose d’ores et déjà les BRICS qui s’étendent progressivement à tout ce qu’il est convenu d’appeler « le Grand Sud » à ceux qui, à aucun prix, ne veulent perdre le contrôle du dollar.
Il faut dire que, pour ceux qui l’impriment, c’est un inépuisable pactole. Pensez donc : ils impriment des billets à partir de rien, ce qui ne leur coûte que le prix du papier et de l’encre, alors qu’en contrepartie, ils encaissent des intérêts. Et ces intérêts n’ont pas du tout la même origine, Si nous pouvions les imprimer, nous aussi, comme l’a fait (entre autres) la Banque de France jusqu’en 1973, cela serait un moindre mal mais ce n’est pas le cas et nous devons travailler et nous serrer la ceinture pour les payer.

Cette année, les contribuables français vont payer 90 milliards de dollars au titre de ces intérêts produits par de l’argent venant de nulle part, au prix d’une simple règle comptable dont nous pourrions nous affranchir en reprenant le contrôle de notre monnaie.

Cela, les contribuables des BRICS et des pays qui vont les rejoindre l’ont compris.

Jean Goychman 

11/7/2025

 


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